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Un atelier maquillage en maternelle

Dans :  un niveau scolaire › Techniques pédagogiques › 
Octobre 2001

 

Patricia Tcherniatinsky a mis en place, dans sa classe de grande section à Paris, un atelier maquillage. Une autre manière de permettre l’expression personnelle de chaque enfant et de favoriser la coopération.
 
 
Dans la classe, deux fois par semaine, à lieu l'atelier maquillage.
 
Nous disposons d'un très long miroir devant lequel 4 enfants peuvent se regarder en buste sans se gêner. De même, nous avons une collection de gros feutre PECCA aux merveilleuses couleurs, y compris fluo. Ils ne sont pas spécialement étudiés pour le maquillage, mais en début d'année je les teste sur TOUS les enfants de la classe - un trait derrière l'oreille et un autre au creux du bras - et je n'ai jamais eu à déplorer d'allergies.
 
Les premières fois, quatre par quatre, au cours des deux premiers mois, les enfants vont se maquiller sans consignes précises, prenant plaisir à transformer leur visage, le recouvrir complètement ou au contraire utiliser parcimonieusement la couleur.
 
Ensuite deux par deux ils vont maquiller leur camarade pour être dans un second temps maquillé par lui. D'abord livré aux mains du copain pour ensuite être acteur.
 
Plus tard dans l'année, quand le plaisir s'essouffle, j'esquisse un visage sommaire (l'ovale, les yeux, la bouche) que je photocopie en une centaine d'exemplaires.
 
Dans un premier temps, je donne à quatre enfants qui le demandent une de ces feuilles avec pour consigne "maquille ou déguise ce visage à ta convenance".
 
Je récupère ensuite leurs travaux, en leur demandant à quoi ils pensaient en maquillant ce visage (un tigre, une princesse, un dragon... triste, gai...) et les insère dans un classeur qui reste à la consultation de tous au coin bibliothèque.
 
Plus tard dans la semaine, je leur donne la boîte à maquillage et leur dit : "Maquillez votre visage comme sur votre modèle" et je constate que les maquillages deviennent très soignés, très aboutis, comme un travail sur toile auquel on apporterait tout le soin nécessaire.
 
Désormais, notre classeur à maquillage est rempli, tous les thèmes ont été abordés, la joie, la tristesse, les princesses, les héros, les animaux, les inclassables qui sont comme des feux d'artifices...
 
Je n'ai jamais suggéré personnellement de thèmes, ils se sont influencés les uns, les autres. Ils ont copié, inventé, tantôt voulant tous faire la même chose, tantôt préférant refléter un état d'âme du moment : " Je suis en colère contre Damien alors j'ai fait un maquillage de tigre" (Ludwig) ou encore Inès, fragile petite fille violente, irritable, instable qui n'a jamais fait autre chose que des princesses et encore des princesses.
 
Nous sommes en mai, l'atelier maquillage a fonctionné sans interruption, deux fois par semaine toute l'année, le classeur maquillage est le document le plus compulsé de la classe. Nous utilisons maintenant notre savoir-faire pour l'atelier théâtre où se déguiser et se maquiller ne représentent aucune difficulté pour l'ensemble de la classe.
 
Cet atelier est facultatif évidemment, certains enfants n'acceptent de transformer leur visage que tard dans l'année, mais tous finissent par se laisser tenter.
 
 
Patricia Tcherniatinsky
Classe de Grande Section
École maternelle
20 rue des Cendriers
Paris
Institut Parisien de l’Ecole Moderne