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A quoi sert vraiment Vigie Pirate?

Décembre 2001

Le voilà de retour ; c'est à peine s'il était parti. On avait à peine redécouvert le droit de reprendre les transports en commun avec nos élèves qu'il nous retombe dessus !
Et ça recommence : parents refoulés aux portes, circulation et dépose des enfants difficiles, sans parler du dilemme des portes ouvertes ou fermées. Bref, beaucoup sont tenus dehors quand ils doivent rentrer ; certains qui arrivent en retard n'ont plus qu'à rebrousser chemin.
Quelle est donc cette sécurité qui protège les enfants et les équipes des livraisons, des parents qui reviennent chercher les enfants malades, les enfants qui arrivent en retard, et les participants aux fêtes d'école ?
Et surtout pourquoi avoir gardé depuis tant d'années ce nom ridicule ? On n'aurait pas pu au moins en inventer un autre…
A qui fera-t-on croire que des barrières métalliques peu équilibrées et tenues entre elles le plus souvent par du vide, parfois par un bout de fil de fer constituent une réelle protection contre une attaque à la bombe? Quels meurtriers abominables et déterminés seraient réellement stoppés par les féroces barrières de nos écoles, le plus souvent enjambables aisément y compris par les enfants (qui trouvent ainsi le moyen de rentrer quand ils sont en retard) ? Si on prend le temps d'y réfléchir un peu concrètement on se rend vite compte combien est absurde la prétention de sécurité que prétendent apporter ces mesures dérisoires.
Bref à quoi, à qui sert réellement le plan Vigie Pirates ?
Est-il destiné à nous occuper au moment où nous nous sentons tellement peu de choses dans une situation mondiale qui s'envenime ? Sert-il à nous concerner, à susciter une solidarité instinctive pour les actions militaires des pays occidentaux ?
En quoi vient-il du même coup au secours d'une institution qui renonce du coup un petit peu plus à s'ouvrir et à s'insérer dans la vie réelle des gens du dehors ? Dans ce dernier cas, on comprendrait pourquoi ce plan nous "colle ainsi tellement à la peau", au point qu'il devient désormais difficile d'imaginer un avenir qui s'en dispenserait.
On voit combien ce plan s'harmonise finalement avec un contexte de raidissement constant des consignes de sécurité, des réglementations en tout genre, avec la juridification croissante des rapports sociaux, de mise en place de "couvre-feux", etc. Bref on n'est pas près d'en voir la fin et c'est au tour de ceux qui gardent intacte leur ambition d'éduquer… de ne pas se sentir en sécurité !

Laurent OTT
enseignant et éducateur à Longjumeau (91)
 

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