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1- Aménager le milieu de la pratique artistique Aménagement de l'emploi du temps L’organisation spatiale, temporelle et matérielle nous semble fondamentale pour une pratique artistique qui favorise à la fois la libre expression, la construction des apprentissages et le développement de l’autonomie. Elle conditionne le déroulement même de l’activité. Problèmes relatifs à l’espace : Où placer les différents espaces de travail ? Comment prévoir l’espace de circulation ?
Pour l’aménagement de l’espace classe
Ce qui compte avant tout, dès le début, c’est la liberté de mouvement pour élargir son champ d’action, quelque soit le niveau, jusqu’au secondaire. Dans les années 50, on insiste déjà sur la nécessité de permettre aux enfants une liberté de la circulation, pour évoluer corporellement, travailler dans différentes positions, dessiner sur différents formats et supports, car on remet en cause la leçon de dessin qui se déroule traditionnellement sur la table où l’on apprend à lire et à écrire. Repenser l’espace et l’humaniser, le rendre coloré et plus fonctionnel est encore réclamé dans les années 1970. Pour Jacqueline Bertrand, il s’agit de :
Nécessité d’élargir, de rendre perméables et de s’approprier les espaces A cette époque-là, beaucoup ont un faible pour le milieu rural. Pour créer un milieu riche, Il faut la nature d'abord. Une école à la campagne offrira toujours plus de possibilités qu'une école de ville. Une question de point de vue…. Dès le début, on crée des mobiliers adaptés, on franchit les murs de la salle de classe : la cour, les couloirs, le jardin. Avec le temps, les limites de l’espace de travail ont encore bougé : on investit également le quartier, les vitrines des magasins, la ville, les sentiers de découverte à l’intérieur et autour du village, etc. Dans la cour, on continue de peindre des fresques, on y construit des murs, on fait des installations en lien avec les projets de la classe, sous l’impulsion d’un artiste présent, etc. (installations de potirons sur des échelles, des balles de foin qui permettent chaque jour de sculpter un nouveau paysage, etc.). Les espaces se diversifient : espace pour expérimenter, espace pour échanger, espace pour découvrir, voir des œuvres et se documenter, comme au point Art de Limoges. Les œuvres des artistes pénètrent dans l’enceinte de l’école. Moins de clivage, désacralisation de l’art ?
Hier comme aujourd’hui, on dénonce les classes surchargées PAULETTE CAMPISTRON, en 1965 : «Avec une classe surchargée, la discipline du groupe joue sur une trop grande échelle pour qu’elle ne soit pas contrainte et même entrave totale : dans une classe où l'on peut à peine bouger, parler, rêver, l'expression libre expression se vide de son sens, elle n'existe plus si la liberté d'action n'existe pas. Il n'y a même plus de liberté du tout. Mais Freinet a raison (corrige-t-elle) quand il dit, bien sûr, que ce n'est pas sous prétexte que nos conditions de travail sont exécrables, qu'il faut saboter son métier d'éducateur. Je pense qu'à l'école moderne nous sommes de ceux à qui il appartient de faire pousser, ne seraient-elles que minuscules et sans parfum, les petites fleurs des prisons.» Aujourd’hui,
Au niveau de l’aménagement de l’emploi du temps
Les temps diversifiés Comme pour l’espace, depuis le début, les temps sont diversifiés et correspondent à autant de moments du processus de création: Des temps pour explorer, des temps pour regarder, des temps pour échanger et communiquer. En PF, la remise en cause des contraintes temporelles scolaires s’explique principalement par l’instauration nécessaire du travail individualisé et en éducation artistique, par l’introduction du dessin libre, qui, dès le début accède au statut d’ « exercice légitime » pratiqué à tout moment. Dessiner, c’est-à-dire gribouiller, chercher librement à parfaire son expression graphique, doit être un exercice aussi général que parler, raconter, penser, chanter ou danser et pour cela, ne pas limiter l'enfant ni dans le temps qu'il lui plaît d'y travailler, ni dans le choix de l'heure. «La leçon à heure fixe expose au danger de pauvreté d’invention, alors que le cahier de dessin recueille à tout instant l’improvisation. Le feuilletant, l’enfant y retrouve la trace de ses émotions, de ses réussites et sur un thème favori, il aura tôt fait de repartir vers une expression plus mûrie et plus riche. Une mine de richesses intérieures dont on pourra tirer profit en littérature, en poésie, en théâtre et aussi en peinture» EF Le dessin libre est l'une des réponses à la question complexe de l’articulation entre temps individuel et temps collectif
Déjà en 1950, des ateliers en autonomie sont proposés aux élèves : Le travail par ateliers aujourd’hui s’est généralisé tout comme la pratique du dessin libre. Le travail en atelier, ne doit pas se fonder « sur le geste seul », mais plutôt sur une technique (peinture, découpage/collage, modelage, monotypes, dessin, tissus) et ce « chaque jour à l’arrivée des enfants ». (cf. Elise Freinet, L’enfant artiste) Mais l’articulation entre temps individuel et temps collectif reste complexe à mettre en place. Déjà en 1950, souvent, les élèves travaillent sur des projets communs. Les «expériences personnelles peuvent très tôt s'épauler les unes les autres dans une œuvre collective». (cf. Elise Freinet, L’enfant artiste). On trouve sur notre site des présentations de l’organisation de ces ateliers aux différentes époques de l’histoire du mouvement. Aujourd’hui, libérer l’emploi du temps au profit de la création personnelle, même chez les pédagogues Freinet, reste très difficile pour accorder à chaque enfant le droit de s’organiser tout seul et de mener, à son rythme, sa quête artistique personnelle : Nouvelles matières en primaire, surcharge des programmes, disciplines soumises à des contraintes de durée horaire par semaine, pression institutionnelle et logique du résultat, multiplication des projets, fonctionnement marqué par la taille de l’école et des contraintes communes (salles disponibles , sorties piscine, etc. ). Il est peut-être plus difficile aujourd’hui d’offrir à l’élève une liberté totale sur le plan temporel, chose que permet plus souvent l’organisation en classe unique à effectif réduit.
Troisième condition importante : la proposition d’un matériel adapté Un matériel adapté, c’est un matériel à la mesure de l’élève Qu’il s’agisse des arts visuels, de la musique, de la danse, etc., des éléments de travail qui répondent à ses besoins et à ses possibilités, un matériel qui permette à l’élève de s'exprimer spontanément sans qu'il ait à subir l'ingérence de l'adulte de quelque façon que ce soit, qui n’entrave pas le geste d’expression personnelle en imposant des modèles, et qui va conduire l’enfant à progresser dans son expression et l’élaboration de ses connaissances. - un matériel constamment en état, rangé et à sa portée, libre d’accès, Un matériel adapté, c’est aussi un matériel porteur En 1963 on bannit les tampons et les albums à colorier, en général tout ce qui entrave le geste d’expression personnelle. A cette époque, le déconditionnement est à ce prix. Aujourd'hui, sans faire l'apologie des albums, nous pensons surtout que la pratique du coloriage peut-être intéressante si l’enfant le choisit, qu’il entre dans son projet particulier ou répond à un besoin ponctuel, si les formes offertes sont variées (par exemple: sols de la Basilique Saint Marc de Venise, gravures photocopiées de dentelles, de végétaux que l’enfant peut se réapproprier en les transformant, etc.). Ces formes que l’enfant met en couleur ou s’approprie librement peuvent enrichir à leur façon son vocabulaire visuel et nous sommes moins catégoriques aujourd’hui, si cette activité reste très occasionnelle et n’entrave pas ses explorations graphiques parallèles.. En 1950 sont développés deux dispositifs : Le tableau noir Aujourd’hui, le regard est aussi réflexif sur sa propre démarche :
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