Raccourci vers le contenu principal de la page

France-Roumanie, Aller-retour

Avril 2002

 

Des enseignantes roumaines en stage dans des classes Freinet, un stage de formation organisé en Roumanie et une colonie « Freinet » de 120 jeunes à laquelle participe des enseignants français de l’ICEM. Regards croisés sur cette action de coopération internationale.

 

 

Stagiaires en France 

 

Pour la deuxième année consécutive, dans le cadre d'un accord ICEM-ARSM (Mouvement de l’Ecole Moderne roumain) et ministère des affaires étrangères, des

stagiaires roumains ont été reçus dans des classes de Vendée, d’Ille et Vilaine et de Seine-Maritime pendant deux semaines, l’occasion pour elles de découvrir la pédagogie Freinet auprès d’enfants qui la vivent au quotidien. 

Sinziana et Codruta ont ainsi été accueillies à l’école Célestin Freinet d’Hattenville (76), elles ont passé la plus grande partie du stage sur la classe du CM1, CM2, mais elles sont aussi allées dans la classe de CE2 et la grande section maternelle. Elles sont allées visiter la classe de Christine Saindon à Cliponville. Elles ont eu des discussions pédagogiques avec l’équipe d’Hattenville et l’enseignante de Cliponville ainsi qu’avec Jean-Pierre et Josiane Têtu qui les ont accueillies, autour des principaux axes de travail et des moments de classes observés : organisation de l’école  (décloisonnements, réunions de coopérative, réunions d’équipe des enseignants, conseil des maîtres, rôle des parents dans l’école), et observation dans les classes (travail individualisé, autonomie de l’enfant, gestion de son travail, outils de gestion de l’enfant et de l’enseignant, pratiques d’évaluation, lieux de parole : entretien, exposé, réunion de coopérative).

neduc-138-0015.JPG (18091 bytes)

Sinziana et Codruta ont proposé en retour des ateliers de roumain quotidien (apprentissages des formules de politesse, des mots utiles à la correspondance, numération, dates, chants…) d’aide à la lecture des lettres en Roumain que Sinziana avait apportées, aide à l’élaboration d’un exposé sur la Roumanie qui sera mis en ligne sur le site Internet de l’école.  Elles ont bien sûr participé à toutes les activités de la classe. 

Leur séjour a été aussi l’occasion de découvrir la région, le patrimoine cauchois (habitat, paysage, cuisine) ; de rencontrer des élus locaux, l’I.E.N. des agriculteurs et des enseignants.      

Ce stage a été très enrichissant pour les adultes et pour les enfants. La correspondance entre la classe de Sinziana et celle de Denise Fouquer en sort renforcée. Codruta va mettre en place  une  correspondance avec la classe de Chrisitine Saindon, (elles auront toutes deux un C.P. ).  Le choix de rester 15 jours sur la même école permet d’avoir le temps de voir le fonctionnement pédagogique et institutionnel de l’école

.

Il serait intéressant de poursuivre les échanges, (avec les mêmes stagiaires) de les développer (avec d’autres stagiaires), de choisir ensemble des axes de travail prioritaires, de définir un réseau de classes d’observation où les collègues roumaines se rendraient pour observer plus précisément, l’axe défini (lieux de parole, travail individualisé, fonctionnement coopératif…). 

L’école de vacances internationale

de Poieni Strambu 

Du 10 au 20 juillet 2001, dans le département de Timisoara, 120 enfants et 33 adultes dont 2 formateurs français représentants de l’I.C.E.M. ont participé à une « école de vacances » organisée par le Palais des enfants de Timisoara et A.R.S.M. de Timisoara, financée par le Ministère de l’éducation et de la recherche de Roumanie.

neduc-138-0016.JPG (21748 bytes)

Objectifs de l’école de vacances 

-Familiarisation des enfants avec les principes fondamentaux de la Pédagogie Freinet.

-Utilisation des techniques Freinet dans le cadre d’ateliers (textes libres, expression, création..).

-Education civique, mise en place d’instances de régulation (Réunions de coopérative, bilan quotidien..).

-Promotion de la langue française.            

Modalités de fonctionnement 

Les organisateurs avaient préparé une grille de programmation d’ateliers pour le matin et l’après-midi. Les colons étaient divisés par niveaux d’âges et affinités sous la responsabilité d’un animateur. Chaque groupe devait participer à tous les ateliers sur le temps du séjour (ateliers du matin : texte libre , jeux logiques, expression plastique, éducation à la santé, enquête documentaire, découverte du milieu, expression corporelle ; ateliers de l’après-midi : parlons français, expression dramatique, modelage, création manuelle et technique, expression musicale, nous et les autres, découverte du milieu).

neduc-138-0017.JPG (16810 bytes)

Parallèlement au déroulement des ateliers quotidiens, deux ateliers permanents fonctionnaient : radio/TV  et journal. Des temps spécifiques prévus dans la grille étaient consacrés aux activités sportives. 

La vie collective et les règles de vie 

Pour que le groupe fonctionne, différents conseils et institutions ont été mis en place :

-conseils exceptionnels pour les journées à thèmes ( 14 juillet, carnaval, feu de camp) ;

-panneaux : (Je critique, Je propose , Je félicite), lus, discutés et pris en compte au conseil des adultes auquel participaient tous les adultes de la colonie et les représentants des enfants ;

-conseil de cantine quotidien : avec un enfant de chaque groupe, la directrice de la colonie, les cuisinières et l’administrateur ;

-conseil de groupe où les enfants choisissent la délégation pour le conseil de la colonie ;

-conseil de la colonie avec tous les adultes et la délégation d’enfants.

neduc-138-0018.JPG (16037 bytes)

Les règles de vie de la colonie ont été élaborées dans les groupes, présentées par le responsable enfant du groupe au conseil de la colonie. Un groupe d’adultes et d’enfants a rédigé les règles et les a affichées dès le premier jour de la colonie. 

Les moments collectifs quotidiens 

-le matin aérobic

-repas en deux services avec un groupe responsable du service(mise de la table, service, nettoyage)

-19 heures : présentation des travaux des ateliers et rapport de la patrouille écologique

-20 h 30 : émission de radio présentée par l’atelier permanent, suivi de l’activité discothèque encadrée par un groupe d’adultes

Evaluation 

 Les objectifs fixés semblent atteints. Le bon fonctionnement et l’excellente ambiance de travail et de vacances ont fait oublier les problèmes dus à l’état déplorable des locaux, aux problèmes de l’eau (débit insuffisant, pas d’eau chaude) et de l’électricité. La présence de deux formateurs français de l’ICEM a permis des mises au point théoriques : texte libre, méthode naturelle de lecture-écriture, créations mathématiques.

Les bilans adultes et enfants montrent la satisfaction générale. La colonie  a été un lieu de travail et de formation pour tous adultes et enfants. Les institutions mises en place ont permis un fonctionnement démocratique de cette école de vacances. Ces pratiques démocratiques vécues par les enfants lors de cette école de vacances pourraient s’appliquer dans les classes. 

Denise Lelouard Fouquer (ICEM-Hattenville)

Mariana Bandea (ARSM)

Jean-Pierre Geslin (ICEM-Aizenay)

Eunika Laszlo (ARSM)

Eunika, en stage à Aizenay

Groupe Scolaire Louis Buton-85 

J'ai vécu une des expériences les plus extraordinaires de ma vie d'enseignante au côté de collègues dont l'expérience dans la pédagogie Freinet est plus que bénéfique. Ils ont eu l'amabilité de partager avec moi leur expérience de vie et leur expérience professionnelle, ainsi j'ai réussi à comprendre ce que c'est la pédagogie Freinet pour l'enseigné et pour l'enseignant en même temps. J'ai compris que la mentalité de l'enseignant et son attitude envers l'enseigné, constituent le premier pas vers la pédagogie Freinet. 

Après avoir organisé l'espace scolaire en vrai lieu de vie, le rôle de l'enseignant reste celui de fin observateur des choses et d'arbitre correct et impartial. Tout cela devient possible si toute activité est bien conçue, en temps et conditions et si chaque élève connaît bien ce qu'il doit et peut faire. Ici, le Plan de travail est la colonne vertébrale de toute activité qui se veut une réussite (tant dans le travail individuel que dans le travail collectif).  

J'ai apprécié l'évaluation permanente et l’auto-correction qui prouve la confiance des élèves dans leurs propres forces, ce qui les encourage dans leurs efforts de continuer l'étude et d'aider les autres à avoir confiance en l'enseignant et dans la responsabilité de leur propre travail, mais aussi l'implication des parents, de chaque enfant, de l'enseignant et de ses collègues, la responsabilité de chacun pour chacun, et pour soi-même par les moyens d'expression les plus naturels, tels que : sourires, pleurs, remarques favorables, défavorables, décisions, etc.

 

Ce que j'ai bien retenu, c'était le droit de l'enfant de  communiquer et de s'exprimer par ses propres moyens. c'était un emploi du temps conçu pour 2 semaines ce qui donne la possibilité à l'enseignant de le renouveler en fonction des besoins des enfants. Quoi de mieux qu'un programme réglé sur les besoins des bénéficiaires ? Et cela est valable pour  toute activité, débat, article dans le journal de l'école ou toute autre tâche scolaire. 

Ce qui m'a vraiment frappé pendant tout le stage c'était le rôle qu'on donne à l'enfant dans la bonne marche de l'enseignement dans les classes Freinet. Tout d'abord le conseil de classe dirigé par les élèves et pour les élèves qu'ils représentent. C'est dans ce conseil que les élèves se sont totalement impliqués par leurs : "je critique, j'apprécie et je propose". La responsabilité est partagée et cela fait que chacun du groupe se sent responsable pour lui et pour les autres.  

J'ai bien remarqué ce que la correspondance scolaire avait pu apporter à l'amélioration de la communication avec d'autres cultures du monde.  

La Fête du livre m'a paru tout à fait extraordinaire. Donner aux enfants la possibilité de se présenter par leurs propres créations (individuelles ou/et en équipe), c'est merveilleux et encourageant. Puis, la collaboration des parents qui soutiennent le travail des enseignants n'est pas du tout négligeable, au contraire.  

Quant à l'implication des enfants dans la vie sociale cela m'a bien marqué, puisqu'on sait que ce n'est pas du tout facile d'aborder les maires et les municipalités n'importe quand. Ce que j'ai vu à Aizenay (la rencontre à la Mairie avec le Maire) c'était bien une leçon d'éducation civique. 

Tout  a été incitant, agréable et efficace ! C'est pourquoi j'ai décidé de tout mettre en oeuvre à l'école N° 2 de Reghin, dans ma classe et surtout de parler à tous mes collègues de la pédagogie Freinet et leur faire connaître mon expérience. J'ai ainsi animé un atelier d'organisation de la classe Freinet au stage de Reghin, j'ai mis en place le projet d'un journal scolaire pour la Fête de l'école et j'essaie de mettre en place un Plan de travail où l'enfant ait le rôle central dans toute activité scolaire et  la correspondance scolaire

Eunika Laszlo

 

Voyage en Roumanie 

Pour Jean-Pierre, l’aventure commence lors de l’accueil de collègues roumains à Aizenay, quand un parent d’élève offre un photocopieur qu’il s’agit de convoyer en Roumanie. En juillet, il prend la route avec la ferme intention de participer à l’école de vacances de Poienei. 

« Deux certitudes en partant : la Roumanie c'est au bout de l'autoroute et des gens m'attendent, Marlanna, Bibi, Denise... Après un périple de 48 heures, me voilà à la frontière roumaine avec le fameux Xerox à faire « avaler » aux douaniers, fort du certificat de don et celui d'acceptation de don (en français d'où les problème). Tout est bien qui finit bien, grâce au copain de Bibi et à quelques papiers fournis par Marlanna. Nous partons pour les Carpates.  

L’école d’été  

Une impression de Front Populaire, les premiers congés payés, les premiers instits ou les premiers curés qui ont emmené les mômes en vacances en France dans les années 50. Une impression de savant bricolage (centrale électrique sur le torrent, aménagement simple des chambres) et tout ça à la bonne franquette car tout le monde a fait le maximum pour que matériellement tout soit parfait. 

La vie en collectivité : 

-Un conseil avait lieu chaque jour dans chacun des 7 groupes d'enfants avec l'animateur (trice)

- Les travaux des ateliers étaient présentés chaque soir à tout le monde avec explications et commentaires des enfants et des ados (8 à 18 ans)

-Un panneau « je critique, je propose, j'ai bien aimé » était affiché dans un lieu accessible à tous les enfants

- Un conseil d'adultes avait lieu chaque soir dans le réfectoire. Au cours de ce conseil du soir, nous avons contribué avec Denise à ce que le panneau soit pris en compte en conseil, que des délégués des groupes d'enfants participent au début du conseil et puissent prendre la parole et qu'un ordre du jour soit établi pour cerner les questions du jour à aborder afin que les débats finissent à un moment ou à un autre.

Le contenu des activités ou ateliers : 

Le principe était de proposer chaque matin et chaque après-midi des ateliers aux 7 groupes de jeunes, selon un roulement qui proposait (imposait ?) à tous de participer à chaque atelier, souvent à dominante d'expression, originaux, insolites, inventifs, parfois conventionnels. Un grand souvenir des ateliers d'arts plastiques, ainsi que de l'atelier d'éducation sexuelle, seule tribune ouverte pour que des ados s'informent et, parlent un peu de tout ça.. 

Quelques réflexions partagées avec des collègues sur les ateliers nous ont conduits à penser que la notion de projet permettrait de mener des activités à plus long terme, et que la notion de choix des ateliers pourrait apporter une plus grande motivation surtout chez les ados. 

Nos interventions, en tant qu'apport théorique 

Denise est intervenue auprès des enfants et des adultes sur le texte libre, auprès des adultes sur une approche « naturelle » de la lecture, j'ai parlé un peu de textes libres mathématiques que l'on pratique avec d'autres collègues à l'école.  On s'est bien gardé d'utiliser le mot méthode, et nous avons juste contribué à ouvrir le débat, sans perdre de vue que c'est la solution roumaine qui émergera. J'ai également mené un atelier de théâtre-burlesque, donc non verbal. 

Pour finir 

Une pensée particulière pour le 14 juillet très... « Vive la France » et pour l'Aérobic : coutume barbare qui consiste à réveiller sauvagement et à 7 h 30 du matin le français de base qui n'a pas fini de distiller la «suica» de la veille, pour s'adonner à de pénibles travaux de remise en forme para-abdominale.. Mais pour l'essentiel, les souvenirs sont magnifiques, en ciel étoilé, en chants qui réchauffent le cœur dans une tendre amitié. 

Merci pour tout et un conseil aux amis français : Allez-y » 

Jean-Pierre Geslin, Aizenay quelque part à l'autre bout sur la carte de l'Europe