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Trois ans de « classe théâtre »
La première année
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Une classe de troisième est constituée, avec de adolescents un peu en rupture de ban, qui voient dans cette classe le moyen d’échapper à un environnement scolaire où ils sont mal.
Au départ, presque tous les enseignants de la classe sont partie prenante du projet. Nous obtenons un stage d’équipe animé par un comédien.
Aidés par une administration favorable au projet, nous mettons en place un certain nombre de choses :
- Trois heures de théâtre sont intégrées dans l’emploi du temps des élèves, et assurées par le professeur de maths de l’équipe, aidé par un comédien professionnel.
- Différents « stages* » pour les élèves sont encadrés par des professionnels : connaissance de la ville, écriture d’un texte dramatique, travail de l’acteur et mise en scène.
- La classe participe au festival de jeune théâtre de Saint-Jean-de-Luz, et va régulièrement au théâtre pendant l’année : elle voit une quarantaine de spectacles en tout, gratuits pour les élèves parce que financés par la DRAC**, le conseil général et les mairies.
- Le travail théâtral, sanctionné par une note en fin de trimestre, est considéré comme une « matière » aussi « sérieuse » que les autres.
- Une autoévaluation pour le travail et le comportement est mise en place dans toutes les disciplines.
- Tous les adolescents sont impliqués dans la vie du groupe : week-end de théâtre, sorties le soir au théâtre avec organisation des transports, recherches de financement (gâteaux, brocante, etc.).
- Les dix enseignants de l’équipe prennent chacun leur part des tâches (financement, sorties, communication, etc.).
*Le stage : pendant un ou deux jours, la classe a un emploi du temps différent. Les stages se font en général en partie sur temps scolaire, en partie sur le week-end.
**DRAC : Direction régionale de l’action culturelle.
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La deuxième année
L’année suivante, il nous faut cependant modifier un peu le projet pour en améliorer certains aspects. En effet, certains enseignants, effrayés par l’ampleur de l’investissement demandé, jaloux de leur autonomie et de leur autorité dans leur discipline, ont abandonné le projet. Le projet se recentre donc autour de quatre enseignants (anglais, français, maths, histoire-géo). Une nouvelle enseignante qui s’occupe de l’orientation et des mathématiques s’ajoute à l’équipe.
Nous choisissons de commencer avec une classe de quatrième, pour approfondir le travail pendant deux ans.
Pour que la classe théâtre s’intègre mieux au collège, nous décidons qu’elle « parrainera » d’autres élèves au théâtre : l’idée de l’école du Spectateur est née.
Différents stages permettent aux enfants, en travaillant avec des professionnels, d’écrire et de mettre en scène leur spectacle Merci, à demain, une histoire qui condamne tous les extrémismes.
La pièce est créée au festival de Saint-Jean-de-Luz.
Un jumelage avec une troupe théâtrale bordelaise, le Théâtre des Tafurs, permet de sensibiliser la classe au monde du spectacle.
La troisième année
Une classe de cinquième « Théâtre » et une classe de quatrième « Ecole du Spectateur » sont créées.
Les élèves de troisième devant « faire face » au brevet, nous libérons une matinée toutes les cinq semaines pour faire du travail individualisé, animé par trois ou quatre professeurs. Nous continuons le travail de suivi individuel, d’aide à l’orientation et d’autoévaluation.
La collaboration se poursuit de manière plus étroite entre les différentes disciplines :
- en anglais, lecture et mise en scène de passages de Shakespeare à partir du film Looking for Richard d’Al Pacino ;
- intervention à quatre dans la classe pour analyser des spectacles.
Cette année-là encore, les projets menés à bien sont nombreux et spectaculaires :
- trois jours à Paris (théâtre opéra) ;
- festival Argoss de Poitiers ;
- adaptation de Fahrenheit 451 de Ray Bradbury ;
- « lever de rideau » d’un spectacle professionnel;
- parrainage d’élèves au théâtre, etc.
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sommaire N° 92
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