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La classe théâtre

 

 Bilan

Difficultés

 

Les difficultés administratives


L’administration déteste les situations atypiques : un professeur de maths qui fait du théâtre, une classe théâtre au collège. Cela a donné lieu à des situations cocasses : l’expérience était reconnue au niveau ministériel, mais le même enseignant qui était invité dans un stage du plan national de formation n’obtenait chaque année un poste au collège qu’avec difficulté.

 

L’incompréhension des collègues


D’abord accueillie avec bienveillance – nous apportions la Culture aux petits banlieusards déshérités ! - , l’expérience a agacé, puis indisposé une grande partie des collègues. Ils ont préféré supprimer toutes les classes à projet, que certains d’entre eux animaient, plutôt que de tolérer plus longtemps le théâtre.
Les raisons de cette incompréhension sont multiples. Plus le projet a grandi, et changé de forme, plus il a nécessité des moyens logistiques importants : gros budget, aménagement de l’emploi du temps… Cela a provoqué jalousie et suspicion : « Ce que vous avez, moi, je ne l’ai pas. »
Les adolescents qui choisissent de faire du théâtre sont plutôt extravertis, et le théâtre qui favorise l’expression de soi n’en fait pas forcément des enfants dociles. De plus, leur formation théâtrale était centrée sur la parole : critique argumentée du groupe, autoévaluation, etc. Ils ont cru qu’ils pouvaient transposer cette compétence à tous les cours. Mais une telle attitude est un peu déstabilisante pour un adulte qui n’y est pas préparé.

Enfin, les classes à projet étaient constituées d’élèves qui les avaient choisies. Cela aussi crée des déséquilibres car les enfants les moins motivés se retrouvent dans des classes sans projet.

Mise en scène coopérative


Au Festival de Poitiers, la classe apprend qu’elle a une demi-heure pour répéter avant sa représentation.
La durée du spectacle doit être réduite de moitié ; et un acteur, blessé, a été remplacé. Ce sont des conditions qui en auraient découragé plus d’un !
Mais les troisièmes ont passé leur année à construire la mise en scène collectivement.
La discussion qui permet la mise au point de la représentation est extraordinaire de calme, d’efficacité, d’écoute. Et le pari est gagné : le découpage proposé est cohérent.

Être debout

Les élèves viennent d’apprendre que les classes à projet viennent d’être supprimées.
Stupeur, indignation. Spontanément, ils se regroupent, discutent. Le jour suivant, à huit heures, ils refusent d’entrer en classe. Les quatrièmes « école du Spectateur » demandent à être reçus par le chef d’établissement.
Les troisièmes les accompagnent « pour les aider à s’expliquer » disent-ils.
Ce sont eux qui persuadent tous les élèves qu’il faut rentrer en classe, après avoir rencontré le chef d’établissement.
Ils ont expliqué ainsi leur démarche : « Nous avions compris au bout d’un moment que cela ne servait à rien, mais nous ne voulions pas laisser les quatrièmes et les cinquièmes seuls parce qu’ils risquaient d’aller trop loin. »

 

 Tirer des leçons...

Voilà quelques ingrédients pour entreprendre un projet d’équipe :

 

-Se choisir entre collègues qui s’entendent bien.
-Profiter des compétences et des enthousiasmes.
-Aller lentement : prendre le temps d’installer le projet dans l’établissement, pour qu’il devienne une habitude.
-Ne pas oublier de se donner des temps de respiration, d’analyse et de régulation.
-S’appuyer sur l’équipe de direction quand elle est favorable au projet (dossiers, souplesse de l’emploi du temps, reconnaissance extérieure, etc.).


 

                   

 

SOMMAIRE CREATIONS N92

 Témoignages en liberté

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