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Doucement mais sûrement le marché tente de nous séduire !

Mai 2002

 

Doucement mais sûrement le marché tente de nous séduire ! 

Ces derniers mois, deux exemples d’offensive nous le rappellent concrètement. 

TF1 propose un jeu « le grand concours » destiné aux collégiens de 5ème. Les collèges volontaires devant sélectionner cinq élèves avec un quiz  « portant sur le programme de 5ème et la culture générale » organisé par ces mêmes établissements. La société de production (celle de « Qui veut gagner des millions ») récupère ainsi cent jeunes pour un test télévisé prévu le 16 février. Cette demande de TF1 a été appuyée par un courrier de Jean-Paul de Gaudemar (directeur de l’enseignement scolaire). 

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Les syndicats d’enseignants ont protesté et se sont indignés (l’image et le nom des enfants sélectionnés pouvant être utilisés pour tous produits dérivés et tous supports sans salaire, ni dédommagement) et n’ont eu aucune difficulté à se faire entendre de Jack Lang (Porto Alegre oblige).  

TF1 maintient son jeu mais en changeant son mode de sélection. 

La prévention routière en région parisienne propose, aux enfants de CM2, un film sur la sécurité. Il est composé de plusieurs séquences avec, pour chacune d’elles, un dessin animé et  un film « en réalité ». Les enfants devant être « très attentifs », car le film est suivi d'un questionnaire donné par les deux policiers qui le présentent. Or, dans chaque dessin animé, la situation de départ se déroule devant la vitrine d'un Quick, on ne voit jamais d'autre magasin, de même dans les passages « en réalité », le seul commerce apparaissant est encore un Quick. Donc sur 20 minutes de projection, la moitié fait de la publicité pour le restaurant. Le film touche ainsi beaucoup d'enfants (à cette époque de l'année, ces deux policiers en ont déjà vu 2100 dans notre seul département). 

Dans le premier exemple, TF1, en utilisant l’Éducation nationale pour sélectionner, joue sur plusieurs tableaux : elle économise les coûts, assure à son émission une aura éducative favorable à l’audimat et donc aux retombées publicitaires et, subrepticement, tente d’apprivoiser les enseignants. On ne peut que penser aux privatisations où la concurrence utilise et utilisera les infrastructures existantes (Télécoms, EDF et  SNCF…).  

Dans le deuxième exemple,  les visées sont identiques mais plus discrètes, plus pernicieuses : 

-L'enfant  objet de consommation : on utilise le fait que les enfants soient obligés de regarder le film sans zapper, dans un projet éducatif, guidé par leur enseignant. Effet puissant pour un coût de production minimum et un circuit de distribution gratuit !


-L'école  productrice de citoyens à sa convenance :  sans difficultés, l'entreprise entre à l'école, sous prétexte de compenser le manque de moyens, elle offre kits, matériels, vidéos... aux enseignants. Dans un premier temps, cela ressemble à de la publicité que l’on peut souvent cacher (pour nous apprivoiser peut-être !) et dans un deuxième temps, lorsque nous serons bien habitués, quand nous serons bien dépendants, l’entreprise ne participera plus qu'aux projets éducatifs lui convenant, c’est à dire les plus rentables financièrement et idéologiquement. 

L’Éducation nationale ferme-t-elle les yeux ou est-elle éblouie par le libéralisme ambiant ? 

Soyons vigilants, résistants et intransigeants !

 

Catherine Chabrun
Groupe départemental 91