Dans tous les domaines, dans tous les secteurs, toutes les institutions, on remarque depuis des années, des faits similaires : rétrécissement perpétuel du champ des possibles en matière d'action éducative, renoncement des professionnels face à la difficulté croissante des habilitations, des demandes de subventions, ou vis à vis de tout projet éducatif un peu ambitieux.
Depuis le 11 septembre et la campagne politique indigente que nous connaissons, le bouchon est encore poussé un peu plus loin ; à coup de matraquage médiatique, on agite des spectres de la délinquance, de l'agression et même du terrorisme pour faire encore un peu plus reculer les quelques libertés éducatives qui pouvaient rester ici ou là : dans telles et telles écoles, on "s'interdit" les pâtisseries, ailleurs les fêtes et les rencontres. Dans les écoles, dans les collèges, dans les cités, on dénonce, on montre du doigt les enfants, les adolescents les plus mal dans leur peau et on "rêve" de pénalisation ; en attendant, on distille de la haine et on couvre d'un voile pudique les injustices institutionnelles dont ils sont souvent victimes.
Ce n'est pas qu'autour de l'école et dans les cités, que ce sécuritarisme progresse ; c'est aussi dans tous les lieux de loisirs, de culture et d'éducation que l'on constate cette limitation des ambitions éducatives, et à la baisse des possibilités pour les jeunes de connaître des véritables expériences socialisantes :
-dans les établissements sociaux, tout concourt à limiter la liberté d'action et de penser des équipes et des professionnels ;
-au sein des mouvements d'éducation populaire, la place des volontaires, l'utilisation éducative qui peut être faite de la découverte de nouveaux environnements, de la gestion du risque n'ont jamais été autant menacées ;
-dans les quartiers, au moment même où on met en demeure les familles de s'occuper de leurs enfants, on "pénalise" la présence des enfants et des jeunes dans les espaces publics…
La rencontre de ces tendances n'apparaît nullement fortuite ; pire elle présente une logique de plus en plus évidente : au fur et à mesure que se rétrécissent les ambitions d'éduquer, une volonté de contrôle et de répression tend à prendre leur place ; derrière la volonté de contrôle, se cache le déni d'éduquer.
Parce que nous sommes confrontés à une vision réductrice de nos fonctions et de notre métier, parce que nous sommes menacés dans notre liberté d'initier et d’accompagner (avec les enfants et les jeunes eux- mêmes) les expériences éducatives dont ils ont besoin, parce que nous savons bien que la véritable sécurité effective passe d'abord par la sécurité affective et l'éducation au risque, il nous a semblé urgent de proposer à l'ensemble des mouvements, des acteurs des secteurs éducatifs qui se rencontrent rarement, une journée pour appréhender, comprendre et nommer un des obstacles les plus envahissants du secteur éducatif : le sécuritarisme montant et la volonté de contrôle et de répression qui l'accompagnent.
Nous pensons pour notre part qu'une autre voie reste possible ; c'est celle ci qu'il s'agira d'exprimer et présenter, grâce aux apports de divers acteurs ou penseurs du champ social au cours de cette Journée de Réflexions.
Association Intermèdes
28, rue des marguerites
91160 – Longjumeau
Tél. 01 69 34 69 11
Mél. : intermedeswanadoo.fr
Site internet :
www.assoc.intermedes.free.fr
Maison Robinson
Villa Saint-Martin/Bâtiment C2
91160 – Longjumeau
Tél. 01 64 48 60 61
Mél. : maison.robinsonwanadoo.fr
Association Intermèdes/Maison Robinson
Journée de réflexions, d’échanges et de propositions
« Contre le sécuritaire dans l’éducation :
prendre le risque de la relation »
Mercredi 5 juin 2002 de 9 heures à 18 heures
Salle Anne Franck, Longjumeau – 91160
Contact : Sivan 01 64 48 60 61/Laurent 01 69 34 69 11
Entrée libre ; inscription demandée
Accès :
RER B/Gare de Massy-Palaiseau puis bus 199/arrêt Place Charles Steber. Il faut ensuite se diriger vers le stade.
RER C/Gare de Gravigny/Balizy puis traverser l’espace vert en direction du stade.
Horaires |
Quoi ? |
9 heures |
Accueil |
9 heures 30 |
Ouverture par Bernard Defrance |
10 heures |
Intervention sur la liberté de circulation à l’école (GEDEM 91). |
10 heures 20 |
Intervention de Gilbert Longhi, proviseur du lycée innovant Jean Lurçat, à Paris : "Les enfants ne sont pas nés élèves…" |
10 heures 40 |
Débat |
11 heures |
Pause |
11 heures 30 |
Intervention de Azuz, Mouvement de l’Intégration par les Banlieues, sur des interventions d’intervenants extérieurs en milieu scolaire |
11 heures 50 |
Intervention de Laurent Ott, président de l’association Intermèdes, « Les 5 prises de risque en éducation » |
12 heures 10 |
Débat |
12 heures 30 |
Déjeuner |
14 heures |
Intervention du sociologue Laurent Mucchielli |
14 heures 30 |
Intervention d’une juge pour enfant du Syndicat de la Magistrature, Elizabeth Chauvet, sur les mesures de réparation |
14 heures 50 |
Débat |
15 heures 10 |
Intervention de « Plein Vent », scouts de France, sur leur travail dans les quartiers |
15 heures 30 |
Intervention à préciser |
15 heures 50 |
Débat |
16 heures 10 |
Intervention de l’équipe de la Maison Robinson |
16 heures 30 |
Intervention de l’association STAJ sur leur travail d’éducation populaire |
16 heures 50 |
Débat |
17 heures 10 |
Clôture par le Mouvement Education et Société sur la nécessaire prise de parole des travailleurs sociaux pour éviter l’accaparement du débat par les médias (à confirmer) |
Durant l’été 2000 les médias se sont faits échos d’une mesure sécuritaire qui, suite aux amendements votés par le Sénat sur la Loi Sécurité Quotidienne, risque d’avoir de beaux jours devant elle : la restriction de la liberté de circulation des enfants, le soir venu, dans certains quartiers ; mesure qualifiée à juste titre de couvre-feux.
Considérant que les pratiques sécuritaires s’opposent aux principes de la relation éducative, l’association Intermèdes a pris l’initiative d’organiser une journée afin de s’opposer aux choix sécuritaires et de prévenir leur banalisation dans le champ éducatif. L’enjeu de cette journée est à la fois de dénoncer ces principes et de « visibiliser », valoriser et proposer d’autres pratiques de terrain. S’intéresser au champ éducatif c’est poser la question du choix de société. Car la diversité des mesures sécuritaires n’empêche pas leur cohérence significative de choix politiques et sociaux.
Nous vous sollicitons tous les acteurs éducatifs pour participer à cette journée et/ ou diffuser l’information autour d'eux.