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Le carnet de bord des élèves de l'atelier danse

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Carnet n° 5 - suite

 

Je suis arrivée au lycée expérimental il y a deux ans avec la volonté d’apprendre différemment que dans l’école traditionnelle et de découvrir un certain plaisir dans l’apprentissage. Ma première année fut explosive en découverte, notamment dans le domaine artistique.
J’avais fait un peu de danse dans ma plus tendre enfance. La danse classique, bien sûr, mais le cadre m’a parû trop strict. La danse rythmique ensuite, où les gamines en juste-au-corps rose sautent sur le tube de l’été. Une expérience qui a laissé plus de souffrance et d’indifférence qu’autre chose…
Ainsi, quand je suis arrivée au lycée et qu’on m’a demandé ce qu’était la danse pour moi, je répondais : « Euh, danseuse étoile, opéra, boom, clip, hip-hop… ». Quelle ne fut pas ma surprise en découvrant la danse contemporaine ! Une danse où tous les gestes sont de la danse. Une danse qui respecte le corps humain et sa capacité, sa souplesse, sa nature. Une danse non sélective, que tout le monde peut danser. Je me suis alors engagée dans plusieurs projets que le lycée tenait à l’année :
- Inter art, qui mêle danse, musique, théâtre, cinéma et arts plastiques autour d’un thème différent chaque année, et qui donne l’opportunité aux lycéens de rencontrer et de travailler avec des intervenants. L’année où je suis arrivée au lycée, trois intervenants : Michelle Riesenmey pour les arts plastiques, Bernard Malifot pour le cinéma et Philippe Legoff pour le son, nous ont aidés à aborder le thème de l’eau.
- Le jumelage avec le Fanal, scène nationale de Saint-Nazaire, qui organise des rencontres avec des intervenants et des lycéens et qui permet une présentation de ce travail fin mai. Cette année, trois intervenants : Sandrine, danseuse, et Dirk, circassien, accompagnant Christine Bastin pour sa création De la lune et de l’eau, ainsi que Claude Kagan, comédien de la Compagnie des Songes.
De plus, Catherine me proposa de participer à un stage à Ouessant autour de la marche avec la chorégraphe Christine Quoiraud, prévu fin mars. Ce projet résonnait bien avec le thème d’Inter art.
Les premières rencontres avec Sandrine et Dirk entraînèrent un groupe d’une dizaine de personnes, tandis que les marches de Christine regroupaient sept personnes dont trois qui finirent sur la représentation finale d’Inter art.
Ma vision de la danse s’élargit. Les « cadres » disparaissaient au fur et à mesure que l’année avançait. Les différentes rencontres, et l’orientation de Catherine, pour cette danse qu’on appelle contemporaine me permirent de mieux connaître mon corps et de mieux l’accepter.

 


 

Cela fait presque trois ans que je suis au lycée maintenant. J’ai choisi de m’orienter vers un Bac Spécialité Danse. Le chemin n’est pas facile tant au niveau physique que théorique. Mais cela m’enrichit, aussi bien culturellement que corporellement. Nous faisons diverses activités que l’équipe éducative met en place où nous pouvons toucher la danse au lycée. Mais le plus souvent une immersion totale permet de mieux nous rendre compte de la progression de notre parcours. J’en ai fait une, récemment, avec l’atelier « voleurs de gestes », sur les chorégraphies au programme de terminale. Nous étions quatre. Nous avons repris des gestuelles de ces chorégraphies essentielles pour l’épreuve physique de mon examen. Quelques photos découlent de notre travail dont je suis fière, si je puis me permettre,
J’aime danser. Parce-que le corps révèle un vocabulaire particulièrement riche. Parce-que ce corps que nous avons, nous l’oublions trop vite sous le poids de la vie quotidienne.

La précision des gestes se dessine dans l’atelier « Voleurs de gestes », dans cette étape de répétition par laquelle les apprentissages se fixent et dans laquelle la danse s’épure. Les corps se transforment dans cette répétition et nous le percevons toutes. L’évidence de ces transformations est importante parce qu’elle met en lumière les conséquences du travail dans les apprentissages et il en va de même dans tous les apprentissages. Parfois le vivre physiquement permet de se relancer dans bien d’autres domaines.
Ces photographies témoignent du travail accompli depuis trois années. Dans le sillage de Marion, d’autres élèves font leur propre chemin dans la danse et dans le lycée, tous singuliers, tous à construire, avec autant d’attention que lors du travail en danse. C’est la force de ce lycée que d’inventer les contenus avec les élèves, dans une dimension collective, ouvrant sans cesse de nouveaux chemins d’apprentissages.

 

 

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