Les habitudes sont prises
Depuis de nombreuses années, trois fois par an, la classe de cycle 3 part faire une balade à Rablay-sur-Layon, village situé à quelques kilomètres de Saint-Lambert-du-Lattay. On longe le Layon, petite rivière serpentant entre les coteaux qui ont donné leur nom à un vin moelleux, avec chaque fois le même but : voir l’exposition temporaire du village d’artistes de Rablay.
Une association de passionnés d’art contemporain organise chaque année, d’avril à novembre, plusieurs expositions de peintres, de sculpteurs, d’artistes de la région (ou pas). Ces expositions ont lieu dans une très ancienne maison restaurée.
Dans le cadre de ces sorties, nous avons visité l’exposition de Coco Texèdre. C’était un vendredi après-midi. Notre organisation est immuable : quelques crayons, blocs et feuilles à volonté sur plaquettes de bois.
Nous découvrons toujours l’exposition tous ensemble. Chacun peut donner ses impressions premières, dire ou ne pas dire s’il aime ou n’aime pas. Cette étape est très importante à mes yeux car elle permet des échanges simples, sans contraintes. Mais en même temps, ceux qui ont l’habitude de voir des expositions s’expriment davantage. Ils conversent par deux ou trois, avec des références aux précédentes expos. Et les petits nouveaux ouvrent toujours grand leurs yeux et leurs oreilles.
Suite à cette découverte, chacun choisit en général une œuvre de l’artiste exposé, ou bien une série d’œuvres. Il s’agit de prendre des notes, de faire un petit croquis de ce que l’on voit (formes dessinées ou peintes, ordre de grandeur de l’objet, techniques utilisées en observant attentivement couleurs et assemblages de couleurs, nom de l’œuvre, etc.).
Pendant ce moment, je circule pour voir chacun : c’est l’occasion d’un échange privilégié autour de l’œuvre choisie. Et puis, comme les enfants, je prends aussi le temps d’en observer une plus attentivement.
De retour à l’école, il s’agira dans les quinze jours qui suivent de « faire sa propre création artistique » à partir de celle que l’on a choisie à l’exposition, et avec bien sûr l’aide de ses notes.
Bien souvent l’artiste a choisi des matériaux et/ou des techniques que l’on ne peut pas utiliser à l’école. Mais cela n’est absolument pas gênant, car il ne s’agit nullement de «reproduire», de «faire comme», mais plutôt de créer, après s’être imprégné d’œuvres originales et enrichi de formes, de couleurs, de sensations nouvelles.
Lors des ateliers artistiques du jeudi, ou les autres jours pendant son temps libre, chacun cherche dans l’école des matériaux et des techniques qu’il utilisera.
Tout est possible ! Et l’on verra souvent des réalisations très originales, combinant plusieurs techniques, s’inspirant des œuvres choisies, mais ayant leur caractère propre.
Les enfants peuvent reprendre leurs travaux plusieurs fois s’ils le désirent. Certains en font ou les finissent chez eux, mais beaucoup créent d’autres œuvres liées à l’exposition.
J’ai remarqué qu’après chaque visite d’exposition, une envie, une motivation, un dynamisme de création s’empare de tout le groupe et les murs de la classe ne suffisent en général pas !
J’insiste pour que chacun produise quelque chose (et je m’y tiens aussi) et nous choisissons ensemble une date butoir. C’est souvent un conseil de coopérative qui est banalisé pour que chacun présente son œuvre au groupe. A nouveau ont lieu des échanges, des discussions autour de créations.
En ce qui concerne l’exposition de Coco Texèdre, plusieurs enfants ont été touchés par des petits formats et ils ont animé pendant plusieurs semaines les ateliers artistiques du jeudi, ouverts à tous les enfants de l’école, avec la technique des pastels secs.
|

|
Il nous est aussi arrivé de rencontrer l’artiste lors de la visite de l’exposition, ou de l’inviter à l’école. Bien sûr, dans ce cas, les échanges sont différents.
En 1998, un travail avec un artiste local s’est prolongé pendant plusieurs séances à l’école et a débouché sur notre propre exposition dans une petite salle du village d’artistes de Rablay. Et le jour du vernissage («mais alors, si on vernit nos peintures, elles ne seront pas sèches pour l’inauguration !» m’avait murmuré un CE2), les parents nous ont accompagnés (et ceci n’est pas le moindre intérêt de nos visites au village d’artistes !).
Maintenant, les enfants emmènent les parents voir les expos… et quelquefois à vélo en longeant le Layon…
|
|

|
|
|
|
Sommaire CréAtions N°97
|
Début de l'article
|
|
|
croquis, pastels
|