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Internat : le retour ?

Novembre 2000

« Des parents, des associations, des instituteurs, des élus (Julien DRAY notamment) expriment une demande d'internats pour élèves des plus grandes classes de l'école élémentaire. Cela mérite réflexion.

En tout état de cause, je peux annoncer qu'avec l'aide des collectivités locales volontaires et de plusieurs départements ministériels et avec le concours, précieux, des chefs d'établissement, nous allons concevoir et réaliser dans les mois à venir un grand plan de relance de l'internat scolaire public en collège, en lycée et en lycée professionnel...

 Ce mode d’accueil et de scolarisation, injustement tombé en désuétude depuis une trentaine d’années, peut offrir de bonnes conditions de travail et de réussite à certains élèves. Nous verrons si ces internats sont susceptibles d’accueillir aussi des élèves d’âge primaire. »

Conférence de presse de Jack Lang, le 20 juin 2000

 
Le gouvernement, par la voix de son ministre de l'Education Nationale, vient d'annoncer dans le cadre de son plan de lutte contre la violence en milieu scolaire "la relance des internats scolaires". Les équipes engagées dans des actions de prévention et d'éducation en milieu ouvert se souviennent sans doute combien ce type d'annonce est récurrent. En leur temps, MM Bayrou et Allègre en avaient annoncé autant, de sorte que ce thème est en fait un "véritable serpent de mer".

Même si les difficultés éducatives rencontrées par les collèges notamment sont indiscutables, le rêve de l'internat apparaît comme une solution, simple, voire simpliste : remplacer l'influence de milieux jugés carrants par l'influence d'internats, est non seulement illusoire, mais encore dangereux ; en effet, ce genre d'annonce disqualifie encore les familles les plus en difficulté et pire encore rassure un personnel enseignant souvent désorienté à bon compte avec des espérances infondées ; en effet, les difficultés d'enseigner resteront les mêmes car elles sont structurelles, elles ne proviennent pas seulement d'une petite frange de la population enfantine et adolescente qu'il faudrait écarter, elles supposent à l'inverse de repenser les lieux et les modalités d'éducation pour tous.

Car le problème est bien là ; qui éduque aujourd'hui et cette tâche doit elle seulement peser sur les familles qui cumulent souvent de nombreux handicaps et difficultés ? Ne faudrait-il pas à l'inverse développer encore les pratiques de soutien de la fonction éducative et de co-éducation ?

Certes, il y a actuellement des avancées sur ce terrain, avec notamment l'aide apportée aux réseaux d'appui et de soutien des parents en difficulté ; mais il reste encore beaucoup à faire.

Pour qui se lance en milieu ouvert, dans la proximité des enfants et des familles dans des pratiques de "veille éducative" (cas de la Maison Robinson de Longjumeau), les obstacles sont nombreux pour pérenniser et développer les activités : fractionnement excessif des champs de compétences des administrations, mise en cause permanente des subventions accordées, difficultés pour pérenniser capitaliser et essaimer les expériences en cours, etc.

En conclusion, plutôt donc que d'évoquer la réapparition de structures qui, il faut bien le dire, sont d'une autre époque, il nous semblerait autrement plus ambitieux et efficace de consolider et étudier les nouvelles pratiques de soutien de la fonction éducative en milieu ouvert qui se font jour ici ou là.

Laurent OTT, éducateur et enseignant, 

auteur de « Les enfants seuls » 

   (DUNOD – 2000)

président de l'Association

INTERMEDES :

Programme de soutien de la fonction éducative et de lutte contre la solitude enfantine (Longjumeau- 91)

 

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