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Cette direction n'est pas la nôtre

Novembre 2000

Ce sont environ 4 500 postes de direction d’école qui sont restés vacants à la rentrée 2000. Situation sans précédent !

L’accumulation des responsabilités et des décisions sur une seule tête est la cause principale de la désertion de cette fonction. On constate un peu partout que le directeur en vient régulièrement à décider seul pour toute l’école, ne laissant que peu de pouvoir réel au conseil des maîtres. Bien délicat dans ces conditions d’envisager un véritable travail d’équipe que tout le monde s’accorde à reconnaître comme essentiel pour la réussite de tous les enfants.

Certains syndicats ont lancé une grève administrative pour réclamer des moyens supplémentaires. D’autres expriment leur hostilité face à ce type d’action. Si certaines revendications semblent légitimes, ce n’est certainement pas en renforçant le pouvoir des directeurs d’école ou en les transformant en chefs d’établissement qu’on améliorera la situation. Nous nous sommes déjà fait prendre au piège avec le texte sur les sorties scolaires qui donne au directeur le pouvoir d’autoriser ou d’interdire les sorties de ses collègues alors qu’il n’a pas fonction d’autorité sur eux. Soyons clairs, ce n’est pas en réintroduisant de façon détournée la fonction de maîtres-directeurs contre laquelle nous avions lutté qu’on règlera la question. Augmenter le temps de décharge pour le seul directeur, augmenter son salaire, sont de fausses pistes que nous dénonçons. Pourtant, des solutions alternatives existent que nous avons expérimentées depuis des années au sein de nos équipes pédagogiques.

Nous affirmons que la gestion coopérative, voire collégiale, d’une école est une alternative particulièrement efficace et dynamisante à la direction à une seule tête. Elle permet une responsabilisation de tous les acteurs de l’école et le partage des responsabilités. Elle facilite l’élaboration commune d’institutions et d’outils au sein de l’école, des cycles et des classes, la cohérence et l’harmonisation des pratiques et des projets, la co-formation (échanges, confrontation d’idées et de pratiques, réflexion, projets de recherches, etc.), des pratiques de recherche-action vers la réussite de l’école, etc.

En pratique : une décharge de direction à disposition de l’équipe pédagogique, un conseil des maîtres hebdomadaire prenant toutes les décisions relatives à la vie de l’école et garant de celles-ci, des temps de concertation pour travailler au sein de l’équipe et confronter avec d’autres équipes, une régulation du travail de l’équipe par l’analyse des pratiques.

Ces propositions sont indissociables de la mise en place de formations à la relation, à la connaissance des tissus associatifs et au milieu environnant l’école, à la gestion des conflits et à la coopération.

Nous souhaitons une facilitation administrative pour la mise en place de ce mode de gestion, partout où il y a une volonté d’y procéder.

En conséquence, nous demandons au Ministère de l’Éducation Nationale et aux syndicats enseignants d’inclure cette option dans les négociations actuelles sur la direction d’école. 

 

Jean-Marie Fouquer

Président de l’ICEM-Pédagogie Freinet