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De l'informatique à l'e-ducation : du côté d'informaticem

Dans :  Principes pédagogiques › communication › TICE › 
Mai 2001

 

De l’informatique à l’e-ducation :
du côté d’Informaticem
Le secteur Informaticem pourrait fêter ses 20 ans. Une telle occasion nous porte à réfléchir à son histoire et son devenir.

 

 

 
Lorsqu’en 80 nous avons commencé à introduire l’ordinateur dans la classe nous avons présenté ainsi nos objectifs :
 
-Rechercher comment l’outil informatique va nous permettre de répondre aux besoins, reconnus par les psychologues, les médecins, les éducateurs, de l’enfant en développement, en construction de son individualité, qui sera la richesse des années futures.
 
-Notre pédagogie de l’expression, l’individualisation, la coopération, la communication, trouve dans l’informatique de nouvelles ressources à exploiter.
 
Où en sommes-nous 20 ans plus tard ?
 
Les ordinateurs sont présents dans la majorité des écoles, dans diverses situations allant d’un ordinateur dans l’école, pas toujours à la vraie disposition des enfants, à plusieurs ordinateurs dans la même classe (lors d’un colloque national, en 83 je crois, l’idéal nous semblait se situer autour de 4 ou 5 ordinateurs par classe !) mais cette présence n’est pas toujours gage de véritable intégration ni d’exploitation éducative pour les enfants.
 
Il n’y a plus de réflexion véritable sur l’usage que l’on peut faire de l’ordinateur, on se limite souvent à établir des statistiques sur la pénétration du matériel et d’Internet dans les écoles.
 
L’utilisation de logiciels de bureautique est la plus fréquente (traitement de texte, PAO, éditeur HTML, logiciels de dessin dans une moindre mesure) et alors peut-être bien que la différence d’usage entre classe en pédagogie Freinet et classe en pédagogie active n'est pas évidente.
 
L’accès à Internet et le développement des CDROM (en particulier encyclopédiques ou pour le moins de documentation) ont pris la part belle dans l'emploi de l'ordinateur.
 
Les quelques logiciels « éducatifs » existants reflètent une pédagogie plutôt classique à quelques rares exceptions près.
 
Cette situation explique (sans le justifier !) ce que nous constatons par rapport à Informaticem :
-le logiciel Lissage (recherche documentaire et gestion de BCD) représente maintenant notre plus forte diffusion
 
-cette diffusion se fait principalement en dehors de l’ICEM, donc sans approche pédagogique spécifique, dans un petit nombre de départements où la satisfaction des utilisateurs est notre seule publicité.
 
-Lissage est un utilitaire avant tout et bien que sa conception prenne en compte des objectifs pédagogiques chers au Mouvement Freinet, il est efficace dans toute classe.
 
-d'autres logiciels plus marqués pédagogiquement ne rencontrent guère d’écho (ceux qui demandent un investissement important de la part du maître, parfois une remise en cause de certaines activités éducatives y compris pour des enseignants en Pédagogie Freinet).
 
Notre objectif actuel reste, malgré ces constatations, le développement et la diffusion de produits offrant aux élèves et aux classes des possibilités de création, d’individualisation, de coopération, de communication. Les logiciels soutenant la construction individualisée du savoir dans un contexte d’interaction collectivisée, représentent notre axe prioritaire.
 
L’efficacité commerciale étant absente de nos préoccupations, seule la recherche de l’intérêt éducatif nous guide, dans le respect de la Pédagogie Freinet.
 
A l’heure où Internet est au centre de nombreux débats, qui par ailleurs n’abordent le problème éducatif que sous des angles restreints du genre :
-quelles protections va-t-on mettre en place  ? (En quelque sorte comment va-t-on confisquer la liberté octroyée par les nouveaux outils)
 
-combien d’écoles, collèges, lycées sont « connectés » (plus facile à évaluer que les usages ou contenus d’échanges et recherches)
-comment éviter un nouvel « illettrisme », la « fracture technologique » ? (peut-être que là encore le souci de former une main-d’œuvre pas trop déphasée l’emporte sur des critères plus humanistes ou culturels).
Informaticem tient encore et toujours à apporter d’autres réponses :
 
-un ordinateur peut être autre chose qu’une super machine à écrire et à imprimer ;
 
-faire individuellement un exercice de contrôle en profitant de certaines fonctionnalités, limitées, de l’ordinateur dans ce domaine, n’a pas grand chose à voir avec le concept de l’individualisation ;
 
-les capacités de mémoire des ordinateurs et supports numériques peuvent être mises au service des enfants (stockage de leurs créations, de leur expression), des enseignants (réalisation de documents personnalisés, connaissance des élèves par d’autres moyens que les contrôles), plutôt qu’à celui des diffuseurs de pensée stéréotypée, officielle ou administrative ;
 
-C’est en « vivant Internet » qu’on en saisit le mieux les ouvertures et les insuffisances ou encore les dangers ;
 
-C’est aussi par les échanges vrais, que permet son usage, que les idées de démocratie, d’égalité entre les peuples, d’inégalité sociale ou géographique s’inscriront dans les esprits. Inciter les enfants à « se cacher » sous des pseudos, sans photo et pourquoi pas fausse adresse est le meilleur moyen pour virtualiser les échanges et déresponsabiliser les utilisateurs. Cela va à l’encontre de l’éducation.
 
-Former aux outils d’aujourd’hui, selon des pratiques traditionnelles, ne protège pas de l’illettrisme de demain. Les qualités dont devra faire preuve l’homme du 21e siècle ne seront pas seulement intellectuelles ou cognitives. Elles seront aussi mentales, comportementales. La curiosité, les capacités de remise en cause permanente, l’esprit de mutualisation des compétences, de coopération, la compréhension des relations et influences dans un monde complexe, les aptitudes à l’auto-formation et la co-formation seront indispensables.
 
Informaticem, fidèle à sa ligne directrice inspirée par des options éducatives, s’oriente vers l’e-ducation que je définirai comme l’intégration des outils numériques (ou électroniques) de traitement dans le processus éducatif. Le développement de la puissance de l’informatique, en progression géométrique constante, repousse les limites matérielles et offre un champ de recherche pédagogique immense.
L’explosion des réseaux entraîne une réflexion trop exclusive sur la diversité des sources et la masse des informations. Cette approche s’accorde avec la vision traditionnelle de l’enseignement, à savoir une transmission verticale des connaissances et c’est ainsi que l’on confond trop facilement distribution d’informations avec apprentissage.
 
L’informatique est la mère des NTIC, assimilées de façon réductrice au stockage (mémoires de masse), au transfert (réseaux) ou au mieux à la présentation de l’information (sites web ou bases de données) et à sa recherche (moteurs).
 
Les CDRom éducatifs (tout comme de nombreux sites web) ne sont trop souvent qu’empilement d’informations organisées. Ce n’est pas inintéressant mais c’est insuffisant. Le traitement numérique alors ne s’exerce que sur un contenu pré-établi. Il s’agit là de consommation que l’on peut rattacher aux premières applications de l’Enseignement Programmé (seul le contenu est pris en compte, pas l’élève, trop complexe).
 
Cependant nous considérons que le traitement informatique, c’est bien autre chose. Nos réalisations s’inscrivent dans le projet de placer l’enfant dans un espace de création de son propre savoir, de construction de sa personnalité et ses compétences, d’interaction avec les autres et le monde.
 
Notre axe de recherche reste donc les interactions entre l’individu et le groupe, le local et le global, la croyance et la connaissance, la création et la transmission des savoirs.
 
Cet axe n’est pas sujet d’étude mais élément premier de validation des « objets » éducatifs que nous cherchons à réaliser.
 
Bernard Monthubert
bernard.monthubert[arobase]freinet.interpc.fr
 

 

 

 
 

 

La nouveauté de ce début d’année est le regroupement sur CDRom du logiciel LISSAGE et de toutes les bases de documents qui peuvent être exploitées par des enfants (plus de 30 éditions), ainsi que quelques utilitaires (à l’usage des enseignants).
 
Cette réalisation autour de Lissage a pour but d’offrir un outil pratique et rapide pour adapter la base du logiciel au fonds documentaire de l’école.
 
Le contenu du CDRom est présenté sur le site Freinet.org, à l’adresse suivante :
http://freinet.org : Menu-Index - BCD - Informations sur le CD Lissage.
 
A la même adresse on trouve la présentation de Lissage, de laquelle je ne donnerai ici que la conclusion : « Lissage offre aux enfants et aux enseignants le pouvoir de décision, la maîtrise des démarches et des choix, la simplicité d’utilisation qui permet l’autonomie et l’efficacité. »
 
Avec ce même objectif d’offrir des outils pratiques, rapides et en plus économiques (ce qui est permis par la technologie du CDRom) un ou deux autres regroupements suivront. Le prix modique de la collection complète, la facilité d’installation (et désinstallation si on le désire !) permettront peut-être de découvrir ou redécouvrir des logiciels qui bien qu’anciens ou peu diffusés recèlent des atouts éducatifs intéressants.
 
Ils contiendront l’ensemble des logiciels créés par Informaticem pour ordinateurs de type PC, sous Dos et Windows. (La collection Thomson développée les premières années, pour les TO7 et nano-réseaux restera hélas seulement pour l’Histoire des Technologies Nouvelles d’Education !)