Juin 2001
Règne de la transparence, règne de l’ignorance.
Beaucoup de discussions ces derniers temps autour d’émissions télévisées. Certains s’inquiètent, d’autres se révoltent, d’autres s’indiffèrent, d’autres consomment…
Nous sommes tous d’accord pour dire que seule la recherche de profits exorbitants guide leurs concepteurs ; mais nous éducateurs, que devons-nous comprendre ?
Un nouveau concept s’infiltre partout « transparence » suivi de son inséparable « surveillance ». Et lorsque les médias s’en emparent c’est pour remplir notre temps personnel de tranches de vie, de débats, de discussions formatées : vastes lieux de paroles où nous sommes invités à nous exprimer. Qu’importe le sujet pourvu que l’audimat explose et que la logique de notre société de spectacles progresse en nous enfermant dans sa pensée unique. Et puis tout se vaut, pas d’état d’âme, seule la réussite (financière) compte.
Que reste-t-il de notre espace privé, de notre temps à rêver, à lire, à penser, à questionner, à débattre, à refaire le monde, à échanger entre amis…à ne rien faire. Ce temps libre, sans surveillance, non seulement échappe au marché, mais il est le nid de la résistance et de la rébellion ! C’est un moyen radical de le contrôler que de le réduire en réceptacle de « vie privée médiatique ». L’individu devenant un spectateur permanent, coiffé d’ignorance entretenue et banalisée (il y a toujours plus ignorant que soi !).
Ce phénomène s’il prenait de l’ampleur rendrait caduque l’apprentissage de certains savoirs, ceux qui ne seraient pas porteurs de réussite financière.
C’est ici que nous éducateurs, pouvons enrayer la machine infernale à écraser notre humanité profonde.
Si l’école est cet espace de culture, de discussions, d’échanges, de débats, de questionnements, d’utopie…
Si l’école est ce lieu de paroles vraies, de paroles ressenties, d’expressions de toutes sortes…
Si l’école laisse au temps la place de s’installer…
Alors, elle pourra ainsi participer à conserver chez l’homme ses capacités être résistant, être rebelle, qui sont les seuls moyens de rester humain.
Catherine Chabrun
Membre du Comité d'Animation de l'ICEM
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