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En Chantier n°7 : De la traduction comme activité jubilatoire

 

 
 


De la traduction comme activité jubilatoire


Tel était le titre de la soirée du 12 décembre 2008, à la Médiathèque d’Artigues-près-Bordeaux. Jubilatoire, elle le fut aussi, grâce aux multiples questions posées par un public de tous âges, ainsi qu’aux réponses, nourries de nombreux et savoureux exemples, de Stéphanie Benson, auteure de polars et de William Olivier Desmond, traducteur français des livres de Stephen King, qui écrit en anglais.

Stephen King est un écrivain américain, auteur d’histoires fantastiques et d’ho
rreur et ses livres rencontrent un succès important aux Etats-Unis et en Europe.

William Olivier Desmond n'a jamais rencontré Stephen King, qui ne tient pas du tout à des échanges avec ses multiples traducteurs. II a traduit, de Stephen King les romans : Ca, Cellullaire, Tout est
fatal, La Part des ténèbres, Minuit 2 et 4, Rêves et cauchemars, Bazaar, Rose Madder, Dreamcatcher, Insomnie, Ecriture... Il a aussi traduit d’autres auteurs : les romans policiers de Donna Léon, Le fascisme en action, de Robert Paxton avec lequel il a eu des échanges qui ont conduit Paxton à corriger et clarifier certains passages de son étude. Il est lui-même auteur de Voyage à Bangor, L'encombrant, Bouillie bordelaise (polar, 2007). Il aime Dostoievski, Melville. Il aurait aimé traduire Stevenson. Il habite en Gironde.

Desmond a presque le même âge que Stephen King et cela facilite son travail de traduction qui nécessite de bien connaître l'époque et les références culturelles de l'auteur traduit (la presse, la télé... ).



En effet, qu’est-ce qu’un « bon » traducteur ? Celui qui a la capacité de se mettre à la place de l’auteur, qui restitue sa pensée et sa sensibilité, qui fait oublier qu’il s’agit d’une traduction. Les traducteurs actuels sont beaucoup plus respectueux qu’autrefois des textes originaux : ils refusent les coupes, les réécritures, les censures. Il leur faut bien connaître aussi le milieu culturel d’origine : indispensable pour saisir les non-dits, les allusions, les références cachées, les métaphores, l’humour. Si l’on connaît bien le contexte, il est plus facile de traduire un roman de 300 pages qu’une version de 15 lignes, comme dans les examens ! Quant aux niveaux de langage, aux argots, aux insultes, « c ‘est le bonheur du traducteur » : il est obligé d’être créatif, de chercher des équivalents. De toute façon, « on traduit du sens et non des mots ». Ce qui condamne pour l’instant les machines à traduire. Et la poésie ? « C’est l’Himalaya ! » répond W.O.Desmond. Comment traduire la musique propre à chaque langue ? à chaque auteur ? C’est une recréation complète, parfois éloignée du texte d’origine. Les échanges avec l’auteur, quand ils sont possibles, peuvent être précieux, même pour l’auteur : il se rend compte qu’il n’est pas toujours clair, ce qui peut l’amener à reformuler son texte. Un même livre peut être traduit plusieurs fois et sa traduction améliorée, en s’appuyant sur les précédentes. Peu d’écrivains sont aussi traducteurs. Quelques exceptions de qualité : Baudelaire, Valéry Larbaud…

Les quelques collégiens présents au débat ont posé des questions très théoriques : ils ressortaient leur science toute fraîche sur les structures du récit ! L'un d'eux a avoué à la fin du débat qu'il ne lisait pas, mais que ça lui avait donné l'envie de s'y mettre !


Sur le plan pédagogique, au collège, la traduction est interdite : les instructions proscrivent le passage de la langue étrangère au français. En cours de langue, tout doit (ou devrait ?) se passer dans la langue enseignée sans faire de traduction ! Mais on n'arrête pas d'en faire, et cela peut très bien marcher : à condition que le texte concerne les élèves. S'ils ont bien compris le texte et ses intentions (l'humour par exemple), ils sont capables de trouvailles. La traduction peut devenir une activité ludique, collective et non un pensum.


William Olivier Desmond a publié Paroles de traducteur (Peeters édition, Louvain, 2005, 135 pages)
Quelques titres de chapitres : Le métier / Les clichés / La stratégie du lieu commun / Traduction de l'humour / La langue verte / etc. .

Un exemple : il lui est arrivé de traduire "Christ" (c'est un juron en anglais !) par "bordel de Dieu", permis par le contexte.
 

A partir d’un article de Jacques Brunet

 

Ce travail a été réalisé par le groupe Doc2d (Recherche documentaire au second degré)
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