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Congrès Strasbourg : Atelier "Formation des enseignants en PF en Europe"

Dans :  Formation et recherche › 

 

Secteur

International

de l'Icem

Formation des enseignants en pédagogie Freinet en Europe
Animateurs : Olivier Francomme et Florence Saint-Luc
Participants : 18
Bruno Andrieu (30),  Carine Dick, Sven De Schuetter,  Antje Albredt, Petu Van Der Meubrugple, Marleen Vermassen, Armand De Meyer, Esther Luthi, Emilie Evrard, Loïc Boyer, Nicole Maillard, Alain Joffre, Sonia Bentag, Ramon Torres, Catherine Pattinier, Gitta Kovermann, Gerald Schlemminger, Anaële Sourbes-Lapeyre
 

 

 
Carine Dick : travaille dans une école spécialisée Freinet à Gand.
Anne : travaille à Bruxelles en 1er degré avec des élèves de 6 à 7 ans.
Sven De Schutter : travaille dans une école Freinet élémentaire à Gand.
Marleen Vermassen : A travaillé comme enseignante dans une école Freinet à Gand pendant 22 ans, puis 3 ans au centre d’encadrement pédagogique pour travailler avec les enseignants des écoles Freinet.
Esther Luthi : approche musico-pédagogique – en recherche en sciences de l’éducation à Rouen – projet en lien avec le développement de la créativité. Souhaite connaître la pédagogie Freinet
Armand de Meyer : a travaillé depuis le début au centre d’encadrement pédagogique de Gand, à la base de la création des écoles Freinet de Gand – 10 écoles élémentaires actuellement dans la ville. Projet de formation à la pédagogie Freinet sur 3 ans, 6 week-ends et 4 jours par  vacances. Démarrage en janvier 2010.
Nicole Maillard: Franche-Comté. Elle a créé une école en pédagogie Freinet pour les enfants exclus des écoles ou ces centres de handicapés. Le projet est arrêté depuis quelques années par manque de financement. Elle a créé une association de soutien à des projets pédagogiques à l’étranger. L’association ne fonctionne plus ; elle cherche des projets à soutenir pour reprendre les fonds et l’esprit de l’association : lutte contre l’exclusion et les violences avec la pédagogie Freinet.
Loïc Boyer : professeur de français en collège et lycée. Découvre la pédagogie Freinet.  Souhaite savoir l’état de l’éducation, de la formation et de la pédagogie Freinet en Europe. Très peu d’informations Intéressé par la Finlande. 
Armand de Meyer : Peut donner la référence d’un livre qui vient de sortir en France sur les collèges et les lycées en Finlande.
Emilie Evrard : classe unique en Bretagne ; désire voir ce qui existe ailleurs, les écoles créées par les parents. Elle aimerait voyager pour voir ce genre de lieux.
Marleen : Il faut prendre contact avec Micha.
Catherine Pattinier : région Picardie, instit maternelle des années, nouveau démarrage avec des CM1-CM2. Veut en savoir plus sur ce qui se passe ailleurs.
Alain Joffre : a découvert la pédagogie Freinet à l’Ecole Normale. A fait un stage dans une école Freinet A enseigné dans les écoles rurales. Détaché depuis 6 ans pour l’OCCE. Développe une pratique de jeux coopératifs avec le parachute par exemple. S’intéresse à ce qui se passe ailleurs. A fait le congrès de Rennes. 
Sonia Bentag : étudiante en sociologie, fait un mémoire sur la pédagogie Freinet.
Armand de Meyer : Peut donner la référence d’un livre qui vient de sortir en France sur les collèges et les lycées en Finlande.
Gitta Kovermann : vient de la région de la Ruhr, en Allemagne, à 100 km de Cologne, à peu près. A enseigné pendant 20 ans dans un collège lycée et a essayé d’introduire la pédagogie Freinet.  Depuis 10 ans travail à l’université dans la formation des éducateurs. Il y a 5 ans, discussion pour réanimer le mouvement. Vieillissement du mouvement. Idée : formation Freinet. Concept de 2 ans avec modules ; début octobre 2009. Présence ici parce que Florence a filmé le début du 2ème cycle. Beaucoup de succès, trois sessions différentes de 2 ans.
Gerald Schlemminger : travaille avec le groupe départemental 67 (Strasbourg et département du Haut-Rhin). Enseignant-chercheur à l’école supérieure de pédagogie. Fait la formation d’enseignants.
Bruno Andrieu : Gard, enseignant dans une école à 2 classes.
Olivier Francomme : statut bizarre, instituteur à l’université. Doctorat  en géographie humaine, et master professionnel en ingénierie de la formation. Intervient dans la formation directement. Dans le groupe de l’Oise avec Catherine Pattinier.
Florence Saint-Luc : Var – dans le mouvement Freinet au niveau local depuis 1982, au niveau national depuis 1985, au niveau international depuis 1990. Première RIDEF en Finlande. Etudes de Sciences de l’Education avec une reprise au niveau licence. Suivi de 3 enseignants en début de carrière en mémoire de master 1, dont un qui démarrait en pédagogie Freinet. Suivi de l’équipe en formation du collège lycée expérimental Freinet qui a ouvert en 2008 à côté de Marseille. Le mouvement Freinet a des savoir-faire très intéressants dans le domaine de la formation. Intéressant de voir ce que donne la pédagogie Freinet dans d’autres contextes. Proposition de master professionnel pédagogies actives et coopératives à Nanterre, mais non présentée, pour cause de front de refus des réformes de la formation. Avenir des IUFM incertain – la formation des enseignants sera en université au niveau master. Le concours est une spécificité en France. Le concours est à la fin des 5 ans d’étude. Plus que 3/4 semaines (108h) de formation pratique non obligatoire dans la réforme de la formation des enseignants en France.
Contexte européen : violences scolaires, crise éducative, remise en cause des élèves et des enseignants surtout en collège. Collège unique, mais système élitiste, malgré objectif déclaré de lutter contre l’échec scolaire. Avant, examen pour entrée en 6ème, ce qui existe en Belgique.  Différences d’évolution depuis la séparation des communautés néerlandophones et francophones. En Allemagne, dès la fin de l’école primaire (4 à 6 ans selon les länder), orientation en 3 filières : gymnasium pour l’élite, realschule pour le brevet, hauptschule où se trouve les enfants de milieu modestes et d’origine immigrée. Une sélection très forte…
Gitta : C’est là que se concentre la violence ; il y a de très gros problèmes.
Florence : Il n’existe aucun concours en Belgique, en Allemagne, en Finlande. Cela peut prendre 20 ans pour être titularisé en Allemagne. Ce n’est pas parce qu’on est dans une école qu’on est titularisé. 
Armand : Etre titulaire veut dire qu’on ne peut pas être au chômage. Les écoles privées : 60% des élèves rentrent dans l’enseignement catholique.
Bruno : Une fois qu’on a le diplôme, on peut postuler ?
Armand : On sollicite la ville. Il y a toutes sortes de situations. Tous les instituteurs des écoles subventionnées sont payés par l’Etat. Le recrutement est fait par le directeur et parfois un psychologue.
Florence : Maroy a écrit qu’en Belgique, c’est un quasi-marché scolaire. Je pense que c’est l’avenir qui nous attend en France.
Armand : Comparer les pays est intéressant mais toujours difficile. Par exemple, le fait qu’il y ait plus d’écoles Freinet en Belgique qu’en France, c’est parce qu’on a ce marché. On a la possibilité de rassembler des instituteurs. Ca, ce sont des avantages.  Il y a des avantages et des inconvénients.
Florence : Tout à fait. C’est ce que je voulais dire.  C’est à la fois douloureux pour nous, parce qu’on perd la sécurité de l’emploi, c’est une attaque du service public, par contre, à partir de ce que j’ai observé, le marché scolaire avantage la pédagogie Freinet : il y a beaucoup de demandes des parents, et cela entraîne une demande de formation importante. Je pense que vous êtes le miroir de ce qui va nous arriver.
Armand : Et vice-versa, peut-être…
Florence : C’est une hypothèse, ce n’est pas une certitude.
Nicole : Je suis étonnée du nombre de parents qui déscolarisent leurs enfants du système public et qui paient des écoles privées. Ils cherchent tous, la grande mode en France, c’est Montessori. C’est pas Freinet. Pour eux, ça n’a aucun sens. Ca suffit, il faut qu’on se batte… Montessori, c’est un coût énorme… Et puis c’est Steiner. C’est pas Freinet.
Florence : C’est à nous de nous améliorer dans la communication.
Armand : C’est aussi le cas en Belgique. Dans les écoles officielles, il y a les écoles Freinet, qui sont demandées par les parents, mais Steiner et Montessori, et les écoles catholiques, ça existe aussi.
Nicole : Il y a un marketing publicitaire fort. Plus c’est cher et plus ça marche.
Florence : Mais le marketing est très fort en Belgique, ça, je l’ai vu. Il y a des affiches partout. En Allemagne, je ne sais pas, je ne l’ai pas observé… Les gens doivent attendre 2 jours pour s’inscrire dans un établissement secondaire, s’ils ne peuvent le faire eux-mêmes, ils payent quelqu’un pour le faire à leur place… Un problème important, c’est celui de la déperdition scolaire, c'est-à-dire le fait que des enfants soient exclus. Des exclus du système scolaire qui en sortent sans diplôme, après avoir souffert. Ca existe un peu partout, en Corée particulièrement, parce que le système est hyper élitiste. Il y a un phénomène qui est en train de monter, c’est l’abandon des enseignants en début de carrière : 41% d’abandon pour la communauté française de Belgique, et 50% pour les profs de secondaire, qui abandonnent dans les 5 premières années. Les écoles libres sont catholiques, mais l’université libre de Bruxelles est opposée à l’université catholique de Louvain, par exemple. L’école catholique est très forte. Les parents doivent avoir autant de possibilités de choisir une école catholique qu’une école non confessionnelle, même pour l’université. Olivier va replacer cela dans le processus de Bologne, la stratégie de Lisbonne, le LMD.
Olivier : Il y a un nivellement de la formation des maîtres. Il y a une demande de tout harmoniser, cela vient des USA. Le marché scolaire représente des milliards de dollars et d’euros. Les économistes ont voulu que l’éducation fasse partie des marchés. Curieusement cette harmonisation ne vient pas des USA. Le processus espagnol est celui qui est le plus avancé. Il y a des avantages et des inconvénients. Mais a priori je trouve que c’est le plus adapté. Ca va être le modèle phare en Europe.
LMD : 3 ans licence, 5 ans master, 8 ans doctorat défini à travers le processus de Bologne et la stratégie de Lisbonne – la formation tout au long de la vie. On structure à partir de ce modèle, dont l’Espagne est représentative. On sépare le professionnel de l’universitaire. L’université décerne un diplôme pour dire qu’on a bien les capacités pour être enseignant au niveau master. Ensuite, on se présente à une structure qui vous embauche ou pas. Après, peu importe qu’elle soit locale, régionale, nationale…
Ramon : Les fonctionnaires le sont pour l’état espagnol. Tu présentes un concours pour être enseignant dans toute l’Espagne. Ensuite, bien sûr, il y a les écoles privées. C’est un marché libre, chacun va où on l’appelle. Les fonctionnaires : 4 ans pour les enseignants du primaire, le master pour le secondaire, et à partir de là, il y a le concours pour demander à entrer dans la fonction publique.
Sonia : Pour rebondir sur les universités espagnoles, ce qu’on m’a expliqué, c’est que les Espagnols ont copié le modèle américain. Ils avaient le choix, ils se sont penchés sur le français, et finalement, ils ont choisi le modèle américain. L’entreprise est complètement intégrée dans l’université, même les profs bénéficient de ça aussi, ils ont du matériel incroyable…
Olivier : la toile de fond, c’est le marché économique mondial…
Ramon : Le problème, c’est que pour les carrières techniques, là, les entreprises misent fort dans les universités, puisqu’elles auront un bénéfice avec les gens qui travailleront mieux. Pour ce qui est des matières littéraires ou humanistes, les entreprises ne voient aucun intérêt à former un prof de philo, de latin, de grec…
Florence : Même un prof d’histoire, ils s’en moquent…
Ramon : C’est là où se trouve le problème. Dans les classes techniques, les classes sont de 15 élèves, dans les classes humanistes, 60/70… On veut faire un modèle mixte entre examens, travaux et projets, etc. Alors, pour faire un projet dans une classe de 15 élèves, c’est facile, pour la tutorisation, mais pour une classe de 80/90 élèves, sur n’importe quel sujet, le prof va être débordé, donc on va revenir au système d’examen. Le grand problème qu’il y a en Espagne, c’est celui-là.
Olivier : Appliqué au système français, on n’était pas prêt. L’idée c’est que l’université va donner un diplôme théorique et qu’ensuite il faudra s’orienter vers les agences de recrutement. Ils disent que peut-être il y aura un concours d’entrée dans la fonction publique. Mais ce n’est pas sûr du tout. C’est cher, c’est lourd à organiser. Tandis que le système LMD n’est pas cher du tout. On pourra vendre des formations à l’étranger. S’il y a un master formation des enseignants en Belgique qui est moins cher, on dira d’aller là-bas… Il y a une vraie volonté de faire quelque chose d’international. Il y a une volonté d’abandon de la formation continue. Là, on intéresse l’université parce qu’on a une expérience de terrain. Ils savent qu’une formation des enseignants oblige ¼ du temps du master à la formation professionnelle. Il y aurait au moins 6 mois dans la formation professionnelle consacrés au stage.
Florence : Pas dans les textes de la réforme actuelle en France.
Olivier : Mais ce sont des projets. Ce principe permettrait d’homogénéiser la formation mondiale. Il y aurait une reconnaissance internationale des diplômes. En France, une partie de la formation pour le terrain, assurée par l’IUFM,  est rapatriée dans les Inspections Académiques ; ils vont avoir besoin de leurs propres formateurs de terrain. La formation continue va être prise en charge par les rectorats puisque le niveau départemental est en train de disparaître.
Alain : Pas complètement…
Olivier : J’ai regardé l’Inspection Académique de Beauvais, un étage a été vidé et rapatrié sur le rectorat. Les payes, les congés… L’échelon départemental disparaît de jour en jour… la formation va être académique, et plus départementale…
Alain : Chez nous, c’est l’inverse : il y a beaucoup de formations pour les professeurs des écoles débutants qui sont confiées aux IEN, aux circonscriptions… Mais pour 2 jours… Ce qui fait qu’ils passent presque tout leur temps à faire ça...
Armand : Après les études ?
Alain : Oui…
Olivier : Les T1. Ils appellent ça la formation différée.
Florence : Je voudrais bien qu’on essaye d’accélérer, parce que si on parle trop longtemps, on n’a plus le temps de regarder le film sur le certificat Freinet. Le niveau de formation initiale n’est pas du tout harmonisé, même en Allemagne, parce que tous les länder n’appliquent pas tous le LMD. En Belgique, les instituteurs et les régents, qui correspondent à des professeurs de collège en France, sont formés en Haute Ecole pour 3 ans, alors que les professeurs de lycées font un master à l’université. En Finlande, toutes les formations d’enseignants correspondent à un master. Pour les professeurs de matière, les ECTS (crédits de la formation), correspondent à 35 pour leurs matières, 25 pour la pédagogie et les sciences de l’éducation, soit 60 par an. Cela n’a rien à voir avec la France, où la formation en pédagogie est tout à fait mineure.
Loïc : Je suis tout à fait d’accord.
Florence : En Espagne et au Portugal, tous les efforts de formation continue sont valorisés. En Belgique, y a-t-il une valorisation ?
Armand : Non.
Florence : Et en Allemagne ?
Gitta : Non.
Florence : J’ai oublié de préciser que j’ai été un an en congé formation et que j’ai pu filmer des classes, des écoles, des formations, en pédagogie Freinet, en Finlande, en Belgique, en Allemagne et en Espagne. Il y a une très grande demande de pédagogie Freinet de la part des parents, et donc de formation. Il y a une grande école Freinet de 880 élèves à Bruxelles, l’Autre Ecole, à 9 classes, qui est privée, 3 écoles Freinet à Liège, et des écoles à Louvain. La situation du Portugal est très particulière parce que le mouvement de l’Ecole Moderne n’est plus dans la FIMEM et ne se réfère plus uniquement à Freinet. Ils prennent en charge dans les réunions tous les jeunes enseignants en difficultés, dans ce qu’ils appellent de l’auto-formation coopérée. Le mouvement compte 2000 membres. Les réunions rassemblent jusqu’à 100 personnes tous les 15 jours.
Donc, une demande de formation très importante… Marleen et Armand ont parlé des besoins qui vont aboutir sur la mise en place d’une formation en janvier 2009. Gitta va vous parler de cette demande en Allemagne. On y reviendra plus longuement après les images. Vous ne saviez pas qu’il existait une telle demande pour la pédagogie Freinet, puisqu’actuellement, c’est la 3ème session en préparation, avec des gens motivés, qui payent, qui s’impliquent… 
Olivier et moi avons travaillé dans des formations européennes, qui en fait comportent une dimension de l’Europe très élastique, puisqu’il y avait des Coréens, des Africains, une Uruguayenne, un Russe…  En réalité cela s’appelait européen, pour avoir des subventions européennes.  Il y avait une partie co-formation… Olivier et moi travaillons dans le secteur international et nous avons mené des actions de formation d’initiation, d’approfondissement et de formation de formateurs. Quand Gitta était présidente de la FIMEM, dans les années 90, une action de formation avait démarré en Bulgarie : initiation en 92, accueil d’enseignants Bulgares en France, approfondissement et formation de formateurs en 93… Ca a bien marché, parce que 10 ans après, en 2002, le mouvement bulgare était assez solide pour organiser la Rencontre Internationale des Educateurs Freinet, ce qui prouve que les actions de formation avaient assez bien réussi. A la RIDEF du Mexique, un atelier coopération internationale dans la formation des enseignants était organisé. Gitta était là. Kaisa Lange, formatrice dans un lycée normal à Helsinki, était présente également. C’est un lycée d’application pour les profs de matière.  Je suis allée la filmer dans le travail de formation qu’elle fait avec les futurs professeurs de finnois, et aussi avec les réunions de mini-salle des professeurs, organisées avec les stagiaires futurs professeurs de matière tous les mois et un formateur, pour parler de tout ce qui est transversal. Avec Olivier, nous avons également proposé un master professionnel formation des enseignants pédagogies actives et coopératives à Nanterre, innovant, avec un mélange de formation initiale et continue : on associait des praticiens Freinet, qui passaient un master pour devenir formateurs à des étudiants qui voulaient devenir enseignants. Ils étaient en binôme, avec un travail en analyse de pratiques de tous ces binômes. Le diplôme permettait aux praticiens d’obtenir un master pour devenir formateur à l’université. Ce projet avait une dimension internationale. J’avais appelé Gerald ; il était très intéressé. Il y avait la classification formation initiale ou continue qui posait problème : elle ne permet pas de toucher les mêmes subventions, puisque dans un cas, il s’agit d’Erasmus, dans l’autre de Comenius. C’est difficilement classable. Ce sont des problèmes à éclaircir. De toutes façons, il y a eu tellement de contestation de la réforme de la formation des enseignants que ça n’a pas abouti. Il y avait une dimension internationale.
Travailler avec des immigrés, ça pose problème, souvent, il y a une barrière entre les enseignants et ceux qui viennent de populations très modestes. En faisant un stage dans un pays étranger, cela obligeait les enseignants à sortir de leur propre contexte, en utilisant une autre langue, en vivant dans une autre culture, ceci afin de permettre aux enseignants de mieux comprendre les difficultés des élèves qui sont dans un pays dont ils ne maîtrisent pas la langue, dont ils ne connaissent pas la culture. Il était donc proposé une réflexion sur l’interculturel.
Mon projet est une recherche-action coopérative internationale, pour l’instant, il est en construction.
La dimension coopérative et internationale existe, mais pas encore très construite. C’est grâce à des personnes comme Gitta, qui m’a accueillie chez elle et dans la formation, ou Carine, qui m’a reçue dans sa maison et dans sa classe, que ce travail a pu se faire. L’aspect recherche-action coopérative internationale n’est pas encore complètement défini, en tous les cas pas au niveau où j’aimerais travailler. Cette coopération serait multiforme : des coopérations individuelles, institutionnelles, de recherche, de formation…
? : Est-ce qu’il existe des listes internationales pour traiter de ces sujets ?
Florence : Il existe la liste Freinet qui traite de différents sujets, avec des gens dans la zone francophone. Les gens de Bruxelles, de Louvain la Neuve sont sur la liste. Mais il y a le problème de la langue. Par exemple, les personnes de Gand n’y sont pas.
? : Est-ce qu’il existe une liste de communication FIMEM ?
Florence : Non, il n’existe pas de liste internationale comme on a en France.
? : Il y a la liste des pays et des mouvements et de leur responsable sur le site de la FIMEM.  Il va y avoir sur le nouveau site de l’ICEM une dimension correspondance internationale, mais le site vient de déménager, il n’est pas encore tout à fait au point. Il est encore en construction.
Olivier : Il y a une liste du secteur international qui couvre aussi les gens qui ont participé à des activités du secteur…
Florence : Mais francophones…
Olivier : Il y a des gens qui ne parlent pas français dedans, des Espagnoles… Une ne parlait pas français. Les gens qui ont participé aux formations, s’ils le souhaitent, peuvent être intégrés dans des listes. C’est l’objet de ce qui circule. On vous demandera : « Est-ce que vous voulez faire partie de la liste du secteur international de l’ICEM, et à ce moment-là, vous recevrez des informations régulières. Mais quand vous répondez, vous répondez à la totalité des gens. Si vous acceptez, vous allez recevoir un peu de messages. Quand vous répondez, c’est à 200 personnes.
? :  Quels sont les sujets traités ?
Olivier : Il y a de tout : des demandes sur les projets internationaux, de renseignements, d’échanges de type particuliers ; par exemple j’ai des enfants de 16 ans qui apprennent l’espagnol et je cherche une classe espagnole, ou une classe d’élèves parlant espagnol… On a d’ailleurs plus souvent des réponses d’Amérique du Sud qu’en Espagne. On met en relation des gens. Il y a aussi des projets où on fait le point.
Florence : Pour reprendre sur la Finlande, j’ai écrit un article, « Education et formation en Finlande, la place du mouvement Freinet »,   en ligne sur le site de l’Association des Professeurs de Langues Vivantes (APLV) http://www.aplv-languesmodernes.org/spip.php?article2325, et aussi sur le nouveau site de l’ICEM, dans le groupe international.
Nicole : Dans je ne sais plus quel média, j’ai vu qu’en Finlande, dans les écoles primaires notamment, il y a plusieurs niveaux dans les classes, ce que la France détruit, puisque la France est en train de détruire toutes les classes uniques qui subsistaient encore, parce que je suis 100% pour la classe unique. Je pense que les classes uniques étaient une des raisons de la réussite.
Florence : Je n’ai pas vu de classes uniques en Finlande.  J’ai vu des doubles niveaux en Finlande. A Liège, des classes à plusieurs niveaux s’appellent les classes verticales, par exemple avec des triples niveaux.
Nicole : C’est une chose que tu as vu toi, tu n’as pas vu toute la Finlande.
Florence : Bien sûr, je ne parle que de ce que j’ai vu. Je ne sais pas pour le reste. J’ai vu une grande école traditionnelle, une usine presque… Il y avait facile 15/20 classes.
 Avec Marleen, on a rencontré Danièle Massoz qui fait une formation pédagogies actives qui permet de travailler dans les écoles Freinet.
Marleen : C’est une formation qui permet de travailler dans les écoles « de méthodes ».
Florence : Dans cette formation, ils travaillent essentiellement sur les visites de classes. Ils se voient le mercredi après-midi, et présentent les visites de classes, et on leur distribue des documents de travail sur lesquels il y a des débats. Il existe aussi des animations « à la manière de », selon ce qu’ils ont pu voir dans les visites. Marleen et moi sommes allés chez Danièle et nous avons regardé les images de la formation de Danièle, et il y a une discussion à partir d’un dilemme… C’est très intéressant en formation de travailler à partir des dilemmes, que ce soit pour les enseignants comme pour les formateurs.  La question du dilemme est une des clés de la formation. Elle arrête la vidéo, et là, elle explique son dilemme.  
Présentation de l’extrait vidéo avec le vidéo projecteur.
Les stagiaires parlent du fait que les enfants sont très responsables et autonomes en dernière année de maternelle, qu’ils gèrent plein de choses. 
-         Stagiaire :   Ils arrivent en 1ère année de primaire, on a l’impression qu’ils régressent, dans le sens, comme s’ils avaient quelque chose qui pendait au-dessus de leur tête, un stress. Maintenant, je dois m’asseoir sur une chaise, je ne dois pas faire ça… tout change en 1ère année de primaire.
-         Danièle :  Qui n’a pas dit ça un jour à un enfant ? 
Présentation du dilemme par Danièle : « Lors des formations, j’ai tout le temps un dilemme. Là, on est en train de parler d’un sujet … C’est très intéressant ce qu’elle vient de dire… On pourrait prendre une à deux heures pour en parler. Mais je trouve que c’est très compliqué. Est-ce qu’on laisse la discussion s’engager dessus, parce que la discussion est intéressante… Ou bien est-ce que comme on sort un peu, beaucoup du cadre qui est le compte-rendu de la visite d’une école, est-ce que je ramène ça  sur les choses qu’on a observées ? Ca, ce sont des choses qui viennent en tête, qu’ils ont envie de discuter. Ca, je trouve que c’est très compliqué. Par contre, c’est vrai qu’il m’arrive de leur dire « C’est vrai que c’est très intéressant. Mais là, on n’a pas le temps, cela pourrait prendre  x heures, on revient à nos moutons… »
Réponse de Marleen : Au fond, c’est la même chose que dans une classe. Il y a le quoi de neuf…
Danièle : Oui, oui…
Marleen : c’est une masse de choses qui viennent dans la classe.
Danièle : Il faut savoir quoi faire de tout ça…
Marleen : Quoi faire, au niveau de la classe, avec tout cela ? Au fond, c’est la même chose…
Danièle : Oui, oui, tout à fait…
Marleen : Comment est-ce qu’on organise ça en classe, comment est-ce qu’on organise ça en formation ?
 
Florence : En fait, il y a eu toute une série d’échanges, que l’on n’aura pas le temps de traiter aujourd’hui. Mais je voudrais donner la parole à Marleen à ce sujet pour vous dire ce qu’elle pensait de ce qu’on a fait à ce moment-là, brièvement.
Marleen : Pour moi, c’était très intéressant. J’ai même dit à Armand que, maintenant que ça recommence au mois de septembre ou d’octobre,  d’aller, le mercredi après-midi, d’aller voir la formation, de participer même… J’ai demandé à Danièle. Armand, Carine et moi, nous allons commencer la formation en janvier. C’est intéressant pour nous de voir une formation qui a déjà démarré, de profiter déjà de vos expériences. Liège n’est pas tout près, mais j’ai l’intention, si Danièle est d’accord, de participer aux formations, et de discuter avec elles des problèmes qu’elle a ressentis. Naturellement, elle aborde une plate-forme beaucoup plus large, pas uniquement la pédagogie Freinet. Mais c’est quand même c’est intéressant. Elle travaille le mercredi après-midi, cela fait un temps court. Là, naturellement, elle doit suivre son programme prévu. Tandis que nous, c’est un week-end, on aura peut-être beaucoup plus de possibilités vraiment de continuer sur ce que les participants proposent ou apportent. Enfin, je ne sais pas, on doit d’abord discuter là-dessus.  
Florence : L’idée est de travailler de manière coopérative sur les films, parce que, de manière générale,  Léopold Paquay propose quelque chose à Louvain la Neuve, mais il y a très peu d’efforts de formation pour les gens qui deviennent formateurs. Souvent, les formateurs se sentent livrés à eux-mêmes sur la question de la formation. En général, ils vivent des choses qu’ils ne peuvent pas partager. Il n’y a pas de lieu, pas de groupe coopératif d’échanges. Au même titre que les enseignants qui s’occupent de classes Freinet ont besoin de parler de leurs pratiques d’éducation en classe, le besoin est le même de parler des pratiques de formation. C’est important de se mettre en réseau et de pouvoir parler des problèmes qu’on éprouve, qu’on rencontre, dans des situations de formation, des chantiers de travail… La recherche-action coopérative internationale que je propose, cet atelier en est une des actions. On va voir le travail de Gitta, on est déjà dans une situation concrète d’interactions. C’est  de ce principe là que je suis partie. C’est pour ça que j’ai gardé la phrase de Marleen. Elle a dit « C’est la même chose qu’en classe ». Faire une formation cohérente, là, je vais dire des gros mots, j’espère que vous allez me pardonner, c’est établir une cohérence entre pédagogie et andragogie. Ce n’est pas le même public, pas les mêmes conditions, mais les mêmes valeurs. Léopold appelle une homologie, une identité de structures, de discours… En plus, si on parle en formation, il faut toujours faire des allers-retours entre la posture d’apprenant et la posture d’enseignant. On est à un niveau qu’on ne traite jamais avec les enfants. On fait une méta-réflexion. On va vivre les choses, mais on fait une analyse de ce qu’on est en train de faire, et de la transposition par rapport aux enfants.
Marleen : C’est la même chose qu’on a entendu ce matin : tout ce qui compte pour les enfants est important pour les adultes. Le désir de savoir, de continuer, la motivation…
Gitta : C’est aussi la méthode naturelle, comme on fait avec les enfants… Pour avancer, aussi pour les enfants, il faut vraiment cette méta-réflexion… C’est le conseil de classe, ou d’autres endroits. Il faut trouver des endroits à l’école pour faire cette méta-réflexion. Il faut ça aussi dans la formation des adultes. 
Marleen : Mais à Kassel, vous avez aussi des week-ends ?
Gitta : Plus que ça. On démarre le mercredi soir, et cela va jusqu’au dimanche midi. On a 4 jours de formation, et 6 modules.  Ce n’est pas moi seulement. Nous sommes  un groupe.
Marleen : C’est plus concentré. Chez nous c’est 3 ans, tandis que vous, c’est 2 ans.
Armand  : 48 jours…
Gitta : Oui. Chaque année, tu as 3 modules, puis les stages que tu fais dans les classes, plus le travail, à la maison. Tu as des contacts avec les autres stagiaires, c’est là-dedans, et avec les formateurs, tu es 4 jours, et 6 fois. C’est pas moi, nous sommes un groupe…
Florence : Tu es quand même l’organisatrice et la coordinatrice. J
Gitta : Je fais la formation. Mais on est un groupe de 3 personnes qui suit toutes les formations, toutes les 6 fois. C’est la coopération, pour discuter, savoir si ça s’est bien passé, qui a vu des choses qui ne se sont pas bien passées, ou qu’est-ce qu’on peut améliorer…
Armand : Il y a combien de gens dans les groupes ?
Gitta : Nous, on est 3, plus  4 fois il y a 2 personnes pour le sujet en plus.
Armand : Je veux dire pour les participants.
Gitta : 30, à peu près 30. A chaque formation on est 30.
Marleen : Ca fait 5 personnes pour 30.
Gitta : Ca dépend. Moi aussi je suis une fois formatrice en même temps qu’organisatrice. Quelquefois, on est 3, 4 ou 5. Mais on est au moins 4 chaque fois. Et les trois qui se retrouvent là pour vraiment voir  comment ça se passe, s’il y a quelque chose qui manque, ce qu’on n’a pas fait la dernière fois, il faut le faire maintenant. Maintenant, ce que vous voyez là, c’est le 1er module expression libre.  On a toujours un sujet. On a la participation démocratique en 2ème module. On a la méthode naturelle comme 3ème module. On a « sortir de l’école » comme 4ème module. On a  « l’hétérogénéité comme une chance pour l’apprentissage » en 5ème module.  A la fin, c’est la présentation et la discussion sur comment valider. Qu’est-ce que c’est pour nous valider, et comment les valider à la fin.
Armand : Evaluation ?
Gitta : Oui, évaluation, mais pour eux aussi. Ils présentent ce qu’ils ont fait : leurs produits pendant les 2 ans…
Marleen : Une sorte de portefeuille.
Gitta : Oui, c’est ça.  Ca va être dans une sorte de portefeuille.
Nicole : Juste une question : tu es payée pour ça ? Qui paye quoi ?
Gitta : C’est payant… C’est le mouvement Freinet qui organise.
Gerald : Les participants du mouvement qui organise ; c’est une sorte d’auto-gestion.
Florence : Je voudrais préciser que le film dure 30 mn, mais que je ne passerai pas 30 mn.  En fait, j’ai conçu le film avec 2 intentions. Le début, c’est pour cet atelier. Les 30 mn, c’est pour les gens qui veulent vraiment travailler avec Gitta sur la formation et qui veulent tout voir, qui veulent aller au fond des choses. Je pense qu’il y a des participants ici qui ne sont pas intéressés pour aller au fond des problèmes d’organisation. Avoir un survol leur suffit.
Gitta : J’ai encore une chose qu’on a discuté avant, c’était le problème de la façon de venir regarder comment on fait la formation. Alors là, pour Florence, c’était pas de problème… On a demandé aux participants « est-ce que vous êtes d’accord pour faire le film ? ».  Mais une autre fois, il y avait une demande d’une ou deux personnes  qui voulaient venir voir une journée. On a discuté ça en conseil avec les participants. Ils n’ont pas accepté. Après le 1er cycle, on a une dynamique. Il y a une façon intime du groupe pour se construire. On n’aime pas que quelqu’un vienne seulement pour une journée, ou pour voir ce qui se fait, ou pour voir si je veux aller faire une formation. Je crois que c’est tout à fait différent si c’est une formation établie ou institutionnelle, ou faite par l’état. Là, tu as tout à fait une autre façon, et tu n’es pas ensemble pour un certain temps. Ca, ça donne aussi psychologiquement qu’on s’ouvre vraiment personnellement sur le travail. On voit ça. On voit vraiment comment les participants s’ouvrent, et se développent…
Florence : Leur processus d’apprentissage…
Gitta : Ca continue, c’est énorme…    
Marleen : Je n’ai pas compris complètement…
Armand : Il reste 5 mn pour voir le film…
Florence : Il y a personne après dans cette salle, on peut rester jusqu’à 18h00.
Gerald : Pas la pause, je veux bien un café…
Florence : En tous les cas, nous, on reste là, il n’y a personne dans cette salle… On peut faire une pause, mais on peut continuer avec les gens qui souhaitent voir le film et prendre du temps. Quelqu’un qui accepte d’être filmé doit vraiment être en confiance. Pour ma part, je suis allée filmer plusieurs fois dans des écoles. Un film de qualité ne peut se faire que si on a suffisamment passé de temps avec les gens, parlé avec eux, essayé d’aller au-delà des apparences, comprendre des choses qui font partie de l’activité mais qu’on ne voit pas comme ça. Par exemple, quand j’ai filmé Monika dans le kindergarten, au début, je ne comprenais pas parce que c’est une auto-gestion pédagogique avec des enfants de 3 à 6 ans. Au début, j’étais très déstabilisée,  j’ai filmé très loin. Le soir, on a regardé le film, elle m’a expliqué ce qu’elle faisait. Le lendemain, j’ai filmé complètement différemment parce que je savais où il fallait que je filme pour faire apparaître, montrer ce qu’elle faisait. Elle m’a expliqué en anglais : en plus, je ne parle pas allemand. Elle m’avait expliqué les moments-clés pour l’auto-gestion.
 
Présentation du film sur le stage de Kassel.
 
Gitta présente le travail sur le portfolio et le livre de vie. Sur le film, elle dit qu’ils écrivent seulement chez eux ce qu’ils vivent, et leur processus d’apprentissage. Elle commente le film et précise :
Gitta : On a changé ça pour le cycle : on a donné une 1/2h par jour pour travailler sur son livre de vie en groupe. Ils ont demandé ça en conseil durant la formation. Pas seulement chaque personne pour soi-même mais aussi dans le groupe de 3, la triade, pour une réflexion beaucoup plus précise...  
Marleen : Comme le conseil de classe.  Alors, le livre de vie, c’est une sorte de livre où ils mettent toutes leurs expériences aussi bien pendant le module que pendant la vie dans la classe.
Loïc : Un genre de journal ?
Gitta : Oui.
Alain : Et la triade ?
Gitta : C’est un groupe de 3
Ramon : Qui s’est fait à partir de la dynamique que vous aviez au début…
 
Pause
 
Commentaires informels :
Armand ne peut revenir, car il est l’expert dans l’atelier méthode naturelle de flamand avec Nicolas Go. Il pourra travailler sur la copie du film avec Carine et Marleen, à partir de la vidéo, qui donne pas mal d’informations, avec des interviews de Gitta et des animateurs d’ateliers. 
 
 
Armand : Les ateliers seront différents dans la formation qu’ils ont prévue. A cours de toute l’année il y a des week-ends. C’est à partir de ces week-ends qu’on va décider de ce qui se passera le second week-end. C’est un peu différent, parce que moins formel. Nous ne sommes que 15 dans un groupe avec 2 animateurs.
Gitta : Et combien de fois par an ?
Armand : 6 week-ends par an, et 4 jours par an pendant les grandes vacances. Cela fait 16 journées par an. Sur 3 ans, cela fait comme vous 48 jours.   
Gitta : C’est pareil. Cela fait 240 cours à peu près, c’est ce que l’on compte.
Florence : Mon idée, cela serait qu’on crée des moments où on puisse se rencontrer pour travailler sur les dynamiques autour de la formation.
Armand : Il y a des grandes différences. A première vue, cela ressemble. Mais si on va plus près, là on voit des différences, et c’est important, parce que là, on peut apprendre.
Florence : C’est ce que je disais ce matin sur le processus de décentration. Mon idée serait qu’on se rencontre 1 à 2 fois par an, pour parler d’où on en est, si on a fait des films, qu’on échange à propos de ça, les processus en cours, qu’on réfléchisse sur les projets…
Armand : Et même on peut envoyer les films et réfléchir dessus.
Florence : Des films comme celui-là, tu peux pas les envoyer par e-mail, c’est trop lourd.
Ramon : Tu le transformes en flash, tu peux l’envoyer.
Armand : La qualité sera moindre évidemment.
Florence : Ce que je trouve important, c’est le groupe lui-même, en plus du film.
Ramon : En plus, il y a des contextes totalement différents. Tu as parlé du fait que justement, en Espagne, la formation continue, si elle a une reconnaissance institutionnelle, elle est valable. Le fait qu’en France, ça n’existe pas, en Allemagne non plus… Moi, j’ai des circonstances qui sont particulières, vous en avez d’autres. Mon public va être différent.
Armand : C’est évident qu’il y a une différence, mais cela peut mener à une réflexion. Je pense que si on peut se rencontrer 2 fois par an, c’est bien. Il faudrait quand même avoir une correspondance entre temps pour demander des précisions, pour poser des questions...
Ramon : Parfait…
Marleen : Je ne peux pas rester à la 2ème partie, mais cela m’a beaucoup intéressé…J’espère que je peux continuer à travailler avec Gitta, avec Ramon, et aussi avec Danièle Massoz. J’irai à Liège, même si c’est une toute autre formule…  
Florence : Bien sûr… C’est dans la même idée que ce que j’ai dit ce matin, c'est-à-dire qu’en fait, c’est la décentration qui aide à prendre du recul…
Marleen : Parce qu’en fait en septembre, on va continuer à travailler sur la préparation de la formation. C’est pour ça que c’est très intéressant de pouvoir discuter. J’ai un disque dur, tu peux copier le film.
Florence : Pour moi, ce n’est qu’un début, pour voir ce qu’on peut faire, comment on s’entend pour travailler ensemble…
Esther : Et la formation donne un diplôme ?
Florence : Seulement en Allemagne. Ca n’a jamais existé en France. Ca ne donne pas le diplôme d’enseignant. C’est complémentaire.
 
17h 
 
Ramon, Lupe – (Guadalupe), Anaële, Gervais, Gitta, Olivier, Florence
 
Ramon : Est-ce qu’on pourrait avoir le petit film sur le kindergarten ?
 
Anaële : Moi, j’aimerais bien le revoir.
Florence : Vous voulez que je vous le repasse ?
Ramon : J’aimerais bien.
 
Vidéo autonomie et responsabilisation dans un kindergarten en Allemagne…
 
Florence : C’est très court, mais je trouvais que c’était très fort.
Anaële : C’est très parlant, oui.
Florence : On n’a pas besoin de parler allemand pour comprendre. Moi, j’ai craqué.
Anaële : On se demande quelle est la part de…
Florence : Herbert est venu me voir tout à l’heure. Il m’a dit que ce n’était pas possible en France parce que ce n’est pas le même contexte institutionnel. Le kindergarten permet de faire des expérimentations qu’on peut pas faire en école maternelle en France, et que c’était important de préciser ces conditions. Pour moi, le fait de voir ça, par rapport à notre expérience, alors là, je vais parler plus le langage universitaire… C’est comme un analyseur institutionnel. C'est-à-dire que c’est tellement différent de nos conditions que cela joue le rôle d’un révélateur. Ce sont des choses qu’on voit tous les jours, mais en fait, on ne les voit même plus. Bien sûr que ce ne sont pas les mêmes conditions. Mais ça nous interroge profondément. C’est un révélateur de ce qu’on est… Cette différence là, elle nous révèle qui nous sommes nous-mêmes. C’est ma révélation à moi. C'est-à-dire qu’on prend conscience dans nos pratiques d’une dimension institutionnelle qu’on a intégrée sans s’en rendre compte.
Gitta : C’est peut-être aussi le fait… C’est  un autre type d’éducation
Florence : C’est privé…
Gitta : Tu vois ça aussi dans un kindergarten public…
Ramon : En Allemagne ?
Gitta : Oui…
Ramon : En Espagne, c’est impossible… Tu aurais les parents qui rentreraient dans l’école et qui te lyncheraient directement, ou ils te mettraient à la porte… Les voir se vautrer dans la boue…
Gitta : Pour l’Allemagne, c’est pas ça le problème. Le problème, c’est que les kindergarten, c’était quelque chose hors de la pédagogie pour nous. Alors, on avait des éducatrices qui n’étaient pas formées par l’université, qui étaient formées avec même pas le bac. C’était professionnel. Tu fais ton brevet, puis tu fais 3 ans d’études professionnelles, après tu as un an de stage.
Ramon : En Espagne, même pas de stage. Ils ont fait une formation professionnelle de niveau second degré, c'est-à-dire bac 2 et avec ça, ils peuvent travailler dans une école maternelle ou un jardin d’enfants.   
Anaële : Chez nous, ils sont éducateurs de jeunes enfants, et leur formation, elle est costaud.
Florence : Educateur de jeunes enfants, c’est 3 ans après le bac, je parle pas du CAP petite enfance. Sinon, on est des enseignants.
Anaële : Il parle des 0/3 ans.
Florence : 0/3, il y a plusieurs niveaux : les auxilliaires de puériculture, c’est un CAP, après il y a les puéricultrices, qui sont plutôt les directrices, et après les éducateurs de jeunes enfants.
Gitta : Je crois, il y a encore une question là-dessus, c’est l’histoire qu’en France, c’est surtout une école. Chez nous, on n’a pas le mot école. Maintenant, on a le mot Fochschule, mais on a toujours le mot kindergarten. Mais on parle d’une éducation avant l’école. C’est un peu différent. Maintenant, ça commence qu’on peut mettre les enfants à partir de 5 ans pour entrer à l’école. On a diminué l’âge pour entrer à l’école. C’est une chose. On a diminué l’âge pour aller au jardin d’enfants. On peut commencer à 2 ans et ½, et on fait le jardin d’enfants pour 3 ou 4 ans, ça dépend, et puis, on va à l’école. Maintenant tu as la dernière année du jardin d’enfants et la 1ère année du primaire ensemble. Ca aussi a changé. Il y a 10/15 ans, on a commencé à chercher une pédagogie qui correspond plus aux besoins des enfants. C’est comme ça que la pédagogie Freinet est entrée dans le jardin d’enfants. Ca fait pas tellement longtemps, cela fait 15 ans à peu près qu’on a commencé. Il y a un très grand groupe dans le mouvement Freinet allemand maintenant, avec des éducatrices de jeunes enfants. C’est un besoin pour continuer de trouver des possibilités qui ne font pas de cette institution une école. Ils ont beaucoup plus de liberté. En même temps, l’état est en train de faire des plans de développement de l’enfant. Mais c’est beaucoup plus ouvert que pour l’école. Alors, tu as la possibilité d’intervenir, avec nos idées, nos possibilités, nos expérimentations...   Je pense que c’est un peu différent de la France, énormément différent.
Florence : Ce qui m’a frappé, ce sont les techniques de vie qu’ils ont. Nicolas Go parlait de règles de vie, j’aime mieux la notion de techniques de vie.  Les règles de vie, pour moi, c’est complètement autre chose. Pour moi, ils ont intégré des techniques de vie : ce qu’ils font là, complètement spontanément, c’est intégré chez eux, ils vont le conserver. C’est très fort. La gamine qui rentre, qui est mouillée, qui se déshabille, qui se change, et qui met les vêtements à sécher. Ils ont tous un rechange. Ils ont un panneau avec des poches en tissu pour chacun. En plus, je ne vous ai pas tout montré. Il y avait un escalier. Elle monte sur la rampe… En France, je suis renvoyée tout de suite si je fais ça… Elle monte sur la rampe pour attraper un sac avec ses vêtements, elle le lâche, il y en a une dessous qui va le chercher, et elle commence à prendre ses vêtements pour se changer. Et puis les interactions entre grands et petits… L’hétérogénéité, pour le coup, on est en plein dedans. Le grand, qui s’occupe du petit, il était super agité, mais content de s’occuper du petit… L’interaction de langage entre les trois, et le petit qui va s’adresser au grand… Et l’autre qui lui répond… J’ai pas besoin de comprendre les mots. On comprend, ça parle tout seul, on n’a pas besoin de parler la langue. Cette vidéo-là, c’est 2 mn, mais c’est un concentré de révolution dans la tête.  Nous allons reprendre sur le certificat Freinet.
Ramon : Est-ce que tu peux me la mettre sur ma clé USB ?
Florence : C’est fait.
Ramon : Ca m’intéresse parce que je vais travailler avec des collègues sur les 0-3. On va faire un travail sur les enfants de 0 à 3 ans. En Espagne, on distingue les 0-3, et les 3-6 ans. Les 0/3, c’est l’enseignement pas obligatoire qui est pratiquement dans les mains des municipalités. Une grande partie, ce sont des écoles municipales, qui, au point de vue nom, ont des difficultés pour changer le nom de garderie. En Espagne, cela s’appelle escuelas infantiles. Mais dans beaucoup d’endroit on parle encore de guarderia.  
Gitta : Chez nous, aussi, souvent, on parle de garderie. C’est péjorativement, bien sûr. Kindergarten, c’est une garderie, c’est pas quelque chose où les enfants peuvent apprendre, travailler sur eux-mêmes, développer leur personnalité… C’est seulement pour les parents qui laissent les enfants…
Florence : Vous avez vu que les enfants font la vaisselle : le mobilier est adapté, il y a un genre de tiroir à l’envers sur lequel les enfants peuvent monter sans danger pour être à la bonne hauteur. On y va sur la formation…
 
12 mn de visionnement. Arrêt demandé par Gitta sur la triade.
 
Gitta :  La triade vient de la psychothérapie, la thérapie familiale. Si le psychothérapeute est seul avec la famille, il peut faire quelque chose, mais il n’a personne qui peut l’aider. Après, on a commencé à avoir quelqu’un en dehors du groupe, qui peut regarder ce qui se passe avec le psychothérapeute, il peut regarder l’interaction. Là, on peut dire ils ont bien parlé ensemble ou on a remarqué que cela ne va pas très bien. Si tu as un groupe, il faut toujours plusieurs. Avec 2, cela ne marche pas très bien. Mais s’il y a 3 personnes, par exemple, ça va mieux pour la discussion parce que 2, tu peux entendre très bien, mais à 3, il y a beaucoup plus de possibilités d’interactions, mais pas trop. On a pensé que c’est bien pour le groupe. On a adapté cette façon pour nous, pédagogiquement. On a dit que c’est bien d’avoir des groupes de 3 pour la formation, pas seulement avec les partenaires. On peut avoir des situations différentes, avec 3 personnes, et chacun est une fois celui qui regarde, parce qu’il y a 2 qui discutent et un qui regarde. Il fait des observations, il donne ses idées. Et ça change entre les 3, mais ce n’est pas une chose très structurée.  Tu as toujours quelqu’un qui fait une sorte d’observation, ce qu’il n’y a pas tellement dans la discussion.  Dans le conseil, on a discuté là-dessus, et ils étaient très contents de faire ça. Ca approfondit énormément l’apprentissage.
Ramon : Je voulais savoir pourquoi le numéro 3 : c’est bien de l’expliquer. Une autre chose : les profs que tu as, c’est tous un niveau primaire ?
Gitta : C’est tous des niveaux différents : maternelle, primaire, secondaire, même lycée professionnel…
Ramon : J’ai vu que vous faisiez texte libre, mathématique, expression dramatique et compagnie. Parce qu’imaginons que c’est un professeur de secondaire qui enseigne les langues, il se sent à l’aise dans l’atelier mathématique ?
Florence : Chacun choisit un atelier.
Ramon : Je croyais que tout le monde devait passer dans tous les ateliers.
Gitta : Non, tu choisis un des 3.
Florence : Il y avait un atelier expression libre en écriture, un autre en mathématique et un 3ème en expression dramatique. C’était un choix qu’il y ait un atelier long pour tout le module, pas pour l’ensemble de la session, mais juste le module.
Gitta : Oui. Et après, tu as la présentation : tu as ce que les autres ont appris dans l’atelier. Là, tu as la possibilité de  réfléchir, de discuter. Et peut-être, même si tu es prof de langue, tu es intéressé une autre fois de faire quelque chose sur les maths.  Et çà, ça se peut, parce que le prochain module, l’après-midi, tu peux donner des ateliers courts. Je ne sais pas, en France, mais chez nous, il y a toujours une grille avec des ateliers longs, ça fait 2-3 cours, et l’atelier court, c’est une intervention pendant une heure et demie, deux heures. Ca vient des participants, de nous, des animateurs, s’il y a des choses qu’on veut encore approfondir, on demande à animer un atelier… Mais, c’est eux qui décident s’ils veulent aller là ou là ou là…
Ramon : Et la grille, on va en parler ? Quelle structure on lui donne ?
Gitta : On commence par une chose plus communicative, pour se retrouver en groupe, pour se retrouver après dans le thème… On a quelques questions peut-être comme ici le papier vert et le papier orange (allusion à un passage du montage vidéo) ou quelque chose comme ça pour poser quelques questions aux participants : qu’est ce qu’ils pensent qui va se passer pendant ce module ? Ca c’est un commencement… Et puis, le matin, après, c’est pas absolument la  même structure pour tous les modules. Pour le 1er module, on dit qu’il faut une structure plus stricte pour laisser les participants s’habituer qui viennent de différents niveaux, de n’importe quoi. Avec  le 2ème module, la structure est plus ouverte. Par exemple, le 2ème module est participation démocratique, alors là, on commence et ça se continue avec les autres modules, on installe le conseil de coopérative. On le fait avec les plénières. Mais ce n’est pas encore les plénières des participants, on anime…
Ramon : Les plénières, c’est quand ils sont…
Gitta : Ensemble… Ils sont tous ensemble pour discuter des choses. C’est une heure de plénière. Au premier module, les plénières ne sont pas encore animées par les participants.
Ramon : La direction de ces plénières, c’est vous qui la faites ?
Gitta : Oui, mais au premier. Au 2ème module, avec la participation démocratique, on installe les plénières que les participants gèrent eux-mêmes. Et là, si tu fais ça, tu ouvres aussi les sujets. De là, tu as une fois les thèmes que tu veux, tu dis aux participants que c’est un thème que tu veux pour tout le monde. Après, on a une grille, une heure par exemple chaque matin, où les animateurs proposent leur thème. Après, il y a le temps pour les participants de poser leur thème, de dire « Moi, je voudrais travailler sur le conseil de classe. », « Moi je veux travailler sur la relation avec les parents. » Comment on peut travailler avec les parents pour augmenter leur participation à l’école, quelque chose comme ça. Ou « Moi, j’ai envie de créer un groupe qui travaille sur la démocratie », par exemple « si j’ai un projet sciences sociales, comment est-ce qu’on peut faire ça ? » Tu as dans la grille par exemple 2 heures chaque jour. Tu as une heure, puis 2 h, ou les participants eux-mêmes gèrent leur thème. Alors, tu n’as pas un animateur extérieur, comme nous. Ce sont eux-mêmes. L’après-midi aussi, tu as la possibilité. Là, si tu as choisi un atelier le matin, tu peux choisir un sujet, tu le fais pendant 3 jours. Tu le fais tous les jours le matin. Alors, tu approfondis ce que tu veux faire. Tu as la possibilité de faire vraiment des apprentissages. L’après-midi, tu as la possibilité de faire des ateliers courts. C’est les participants qui disent par exemple « Je veux faire du kamishibaï. J’ai appris un petit peu, mais je veux en faire plus… »
Ramon : Qu’est ce que c’est ?
Florence : Tu as vu en expression dramatique… Je reviens en arrière… C’est un théâtre d’origine japonaise.
Gitta : Tu peux dire par exemple le théâtre d’ombres…
Lupe : Je le connais.     
Gitta : Par exemple, ceux qui ont vu la présentation du théâtre d’ombres au dernier module, ils se disent « Moi, j’ai envie de le faire moi-même. Je veux m’entraîner là-dedans, j’aimerais bien le faire l’après-midi. Qui veut faire avec moi le théâtre d’ombres. » Et comme ça, tu remplis la grille. Et ça se fait le 1er jour de la formation. Comme ça, tu as une grille.  
Ramon : Ces ateliers qui se font l’après-midi, les propositions se font le 1er jour ? On aurait une grille vide qui se remplit en fonction des demandes…
Lupe : Au fut et à mesure…
Gitta : C’est ça, à partir du module participation démocratique. C’est eux qui sont responsables de leur travail, et ils peuvent voir comment ça se fait. Quelquefois, au commencement, ils étaient très timides. Ils ne savaient pas. « Est-ce que je peux faire ceci ? Ou pas ? Est-ce que c’est le moment où je peux faire ça ?» Et comme ça, ça augmente…  Après le module participation démocratique, on prend cette grille. Le matin, c’est le thème du module… L’après-midi, c’est aussi le thème du module, mais il ya les ateliers courts.
 
 
Reprise du film
 
Florence : Là, c’est la théorisation ?
Gitta : Oui… Là elle demande si c’est vraiment l’expression libre… Ils l’ont fait eux-mêmes, alors ils ont une possibilité de mieux discuter là-dessus, sur ce qu’est l’expression libre, et comment je peux le faire en classe. Je vois que c’est l’expression libre ou pas.
Ramon : Si on présente par exemple l’expression libre… Je suppose qu’entre un stage et le suivant, il y a un mois, deux mois…
Gitta : Oui, il y a 2/3 mois…
Ramon : Pendant ce temps, on fait en classe, on expérimente ce qu’on a fait. On va donc laisser un temps au prochain stage pour pouvoir évaluer ce qu’on a fait en classe…
Gitta : Oui…
Ramon : Est-ce qu’on a déjà préparé l’intervention ?
Gitta : Il y a le livre de vie, dont j’ai déjà parlé, et on continue ça entre temps… Ca dépend… Mais on a un temps… Même le soir, quand on arrive, de se mettre en triade, de vraiment échanger… Mais ce n’est pas les animateurs à ces moments-là qui voient ce qui se fait.
 
 
 
Reprise vidéo :
 
Atelier court animé par Gitta
Florence : Gitta m’a demandé de participer à l’atelier. C’est le seul moment où je suis sur le film ! Je lui ai dit « C’est un problème pour le film… ». Elle m’a répondu « Tu n’as qu’à mettre la caméra sur le pied… » C’était des jeux pour apprendre des langues étrangères… Plusieurs langues étrangères… Il me dit de faire de l’anglais… Mais je lui dis que je parle déjà l’anglais. J’étais en train de négocier que eux ils ne le feraient pas en allemand, mais moi, si… parce que si je travaille en allemand, je travaille vraiment pour acquérir des compétences linguistiques…
 
Reprise du film … Spectacle théâtre improvisé… Werkstatt  Herbert Hagsted
 
Gitta : Il dit que chez Freinet, tu n’a jamais la possibilité de travailler à l’imprimerie pour 36 personnes, seulement pour 2 à 4, c’est le maximum. Mais ici, on a travaillé vraiment avec tout le groupe, parce qu’on est très discipliné… Rire… On est très intéressé par ce qu’il raconte. C’est la première fois qu’ils font ça…
Florence : Le regard là…
Gitta : Ce ne sont pas seulement des textes… Ils ont travaillé avec d’autres matériels, des images…  
Florence : Ca, c’est la salle de travail de Herbert…
Gitta : Mais ça existe beaucoup en Allemagne… Des chantiers comme cela… Même à l’université… J’ai aussi pu travailler dans une salle comme ça.
Florence : J’arrête ici… En France, ce n’est même pas concevable… L’université, c’est le temple de l’abstraction. Voir ça pour moi, 2ème choc… J’ai dit à Herbert : « Je veux écrire un article là-dessus… J’ai pris plein de photos, j’ai fait un montage avec ensuite… On voir les gens qui expérimentent… Je voudrais travailler avec Herbert pour qu’il raconte l’histoire de ce werkstatt… Comment il l’a monté, ce qu’il y a dedans… Parce que c’est inimaginable en France… Je ne sais pas en Espagne...
Ramon : C’est inimaginable aussi…  Les classes, en Espagne, ce sont des tables et des chaises, c’est tout…
Lupe : Ca dépend des écoles…
Ramon : On parlait de l’université…
Anaële : Pour nous, c’est pareil…
Gitta : Il existe des livres sur les ateliers ou le chantier…  Werkstatt, c’est un chantier de travail…
Florence : Il faut qu’on écrive là-dessus, parce que ce n’est même pas soupçonnable dans un pays latin.
Ramon : Pour les profs, c’est la partie la plus difficile : s’approprier un espace comme on l’entend.
Florence : Ca ne lui appartient pas…
Ramon : Mais les universités en Espagne sont autonomes…  Une université peut faire ce qu’elle veut, absolument…  Ils ne le font pas parce que justement ce que disait Florence…  L’université, c’est l’abstraction…
Anaële : C’est là où on théorise…
Ramon : On peut arriver à avoir des laboratoires, des ordinateurs, mais un truc avec des bouts de canne, des machins comme il y avait là : « Qu’est ce que ça vient faire, ça, dans une université ? Ca n’a aucun sens… »
Lupe : L’université, c’est le temple du temple.
Florence : je vous parlais de décentration, de choc, d’analyseur institutionnel…  C’est le deuxième analyseur. Vous voyez ça, c’est un choc. On prend conscience que chez nous, la fac, c’est pas du tout ça. Ca sert de révélateur. Ca sous-tend des valeurs, des conceptions complètement différentes…
Gitta : C’est drôle, parce que quand j’ai commencé à Dortmund, à l’université, tout de suite, j’ai vu qu’il y a ce chantier… J’ai commencé mes cours tout de suite dans ces chantiers… J’avais des cours avec des profs… Et je les invitais à aller dans ce chantier.  Ils ne le connaissaient pas. Ils sont depuis 20 ans à l’université, et ils ne connaissaient pas ce chantier. Ils ne savaient pas que ce chantier existe à l’université pour pouvoir y travailler avec les étudiants, pour préparer des choses pour l’école, vraiment faire des trucs… Ils ne savaient pas…  C’est drôle…   
Florence : C’est une autre illustration sur ce que je disais ce matin sur cette dimension internationale qui suscite des chocs qui font qu’après on ne revoit plus pareil nos propres lieux de vie… On réinterroge nos implicites culturels. C’est ça qui m’intéresse dans cette dimension autour de la recherche-action coopérative internationale. Cet aspect là fait qu’on est bousculé, déstabilisé… C’est pas une offense… C’est pas qu’on se sente agressé… C’est qu’on revoit notre mode d’appréhender le réel d’une autre manière… C’est pas automatique. Ailleurs, ça peut être différent… On n’est pas obligé d’être dans ce système là… Il y a d’autres modèles possibles… C’est une révélation.
Anaële : Mais rien qu’en France, un congrès Freinet dans une université, on vient avec des ateliers. Avec Jean Le Gal, on avait le grand amphi… Tout de suite, le problème, c’est que la pédagogie Freinet ne permet pas de s’adapter à des lieux où il n’y a pas de pédagogie Freinet… On voit bien que de toutes façons, dans un amphi, on ne peut pas construire de la pédagogie Freinet spatialement comme ça.
Florence : La partie espace est essentielle… De ce côté-là, on a été bien dans cette petite salle. J’étais très inquiète par rapport au nombre de participants… Là, c’était parfait. Ce matin, ça cadrait, il n’aurait pas fallu être plus. Le problème, c’est que dans nos congrès, on ne sait jamais à l’avance qui va venir dans les ateliers. S’il vient 50 personnes, qu’est-ce qu’on fait ici ? Mais d’un autre côté, pour moins de 30, on était super bien. Mais c’est vrai que cet aspect incertitude par rapport à la salle, c’est problématique pour celui qui anime l’atelier. On reprend le film… On est presque à la fin.
 
Reprise du film 
 
Florence : J’ai pas tout compris, mais ça faisait référence à la situation d’avant…
Gitta : C’est ça !
Florence : J’ai gardé l’improvisation qu’il y a eu. Quand ils ont fait le spectacle avec les marionnettes, ils ont repris en écho l’improvisation dans les marionnettes…
Gitta : Oui, d’accord…
Florence : J’ai choisi ces moments-là dans le montage. On est sorti du livre… On a bouclé sur le vécu du stage. Cela avait tellement impressionné le groupe… En fait, c’est quelqu’un qui est d’origine italienne… Il parle très bien allemand… Il est trilingue… Il parle français aussi. Il voulait venir à ce congrès d’ailleurs. Ils avaient monté un truc autour de jeux de séduction… Lui, c’était plus ou moins un DJ ou un barman… C’est ce que j’ai compris, vu que je ne parle pas allemand… Ici, il parlait italien…  Ca m’a aidé parce que je parle espagnol, et ça ressemble un peu… Je me suis construit des compréhensions parcellaires… En fait, il baratine toutes les filles successivement…
Gitta : Toutes les filles avaient un rendez-vous avec lui. Après, nous, on était ensemble… Chacune avait un rendez-vous, elles ne le savaient pas avant, et quand elles reviennent dans le groupe, chacune raconte « Moi, j’ai un rendez-vous »… Après, c’était la bagarre entre nous… Rires…
Florence : En fait, ils ont repris ça dans les marionnettes…
Ramon : Ils ont repris la situation…
 
Reprise du film     Présentations des ateliers… 
 
Florence : Combien de secondes pour notre temps de formation en pédagogie Freinet…
Gitta : C’est comme le juste prix…
Anaële : Comme le jeu du juste prix…
 
Film … Présentation du bilan de l’atelier de Pia et des critères proposés pour l’évaluation par les stagiaires.
 
Ramon : Ce bilan, il est de forme collective ou individuelle ?
Gitta : C’était dans le groupe… On a fait le bilan dans les ateliers longs. Chacun a fait son propre bilan.
Florence : C’était juste le bilan de l’atelier de Pia.
Ramon : De toutes façons, c’est un questionnaire individuel, ou à répondre en groupe ?
Gitta : Ils pouvaient répondre en groupe à ce moment-là… Chacun répond, parce que c’est un petit groupe… Mais c’est facultatif, ils pouvaient aussi dire autre chose…
Florence : C’est une trame de discussion.
Gitta : C’est ça, seulement une aide… Quelquefois c’est pas facile de commencer un bilan. Pia a trouvé ces 3 questions… Après, chaque groupe a fait son mémoire… Après, on a mis ces mémoires ensemble pour…
Florence : Pour un bilan collectif…
Gitta : Oui, c’est ça…
Florence : du module…
Gitta : C’est ça…
Florence : En fait, j’ai gardé ça parce que j’avais pas d’éléments sur le bilan collectif.  Je ne sais pas exactement ce qui s’est passé dans le bilan collectif. Je voulais parler de la question du bilan. Ce que je trouvais intéressant, c’est que ces questions, même s’ils n’allaient pas donner leurs réponses tout de suite, c’étaient des questions intéressantes pour chacun, à garder pour soi, et à remettre en jeu dans le livre de vie et dans le portfolio… C'est-à-dire que peu importait de donner immédiatement les réponses…
Gitta : C’est ça…
Florence : Ce qui comptait, c’est de continuer à réfléchir à ça, de partir avec les questions…
Gitta : Il faut dire que c’était la 2ème formation. Pour la 1ère, on faisait le bilan seulement avec le grand groupe, et cette fois, on a dit « C’est pas si bien… D’abord il faut faire dans le petit groupe, et pas seulement dans le grand groupe… ». C’est beaucoup plus approfondi si tu parles dans le petit groupe… Pa rapport au bilan à 30, si tu es à 10 ou 15, tu as une discussion beaucoup plus intéressante. Alors, on a changé ce système… Là, si tu veux, c’est l’animateur qui doit écrire tout…
Florence : La synthèse… Tout à l’heure, je me suis faite avoir : personne n’a voulu prendre le secrétariat.
 
Reprise et fin du film
 
Florence : Il y avait 15 h de vidéo… C’est une lecture personnelle. D’abord c’est un montage qui est fait pour des personnes qui ne sont pas germanophones. Les interviews en anglais sont traduites en français. Par exemple le bilan général, il s’est dit des choses très importantes en allemand que je n’ai pas comprises. Je ne pouvais pas travailler sur un découpage de sens sur le bilan en allemand.
Gitta : Oui. 
Florence : Il me fallait construire ma vision personnelle pour des gens qui ne sont pas germanophones.
Gitta : Pour nous, c’est une grande aide, ce que tu as fait. J’ai tout le matériel. Si on veut travailler sur le bilan, nous, on peut le faire maintenant.  Au moins, c’est une exception… Normalement, tu n’as pas la possibilité d’avoir un module tout entier présenté en vidéo. Pour nous, c’est une grande chance. Comme ça, tu peux prendre différentes parties de la vidéo, et tu peux très bien travailler là-dessus. Je crois aussi que pour les participants, ce que tu as montré aujourd’hui, c’est très bien… Pour recommencer à travailler sur ce qu’on a fait là, pour eux, c’est encore une autre vue. Je trouve ça toujours très bien si tu as une vue à distance. S’ils ont envie de voir autre chose, ils peuvent regarder. Il ne faut pas les regarder enfermée, les choses…
Ramon : C’est très bien. Mon problème, c’est que je ne peux pas faire des stages de plus d’un jour. Comment vous faites pour avoir 4 jours : Mercredi, jeudi et vendredi, ils ne travaillent pas ?
Gitta : Mais non… En Allemagne, légalement, tu as 5 jours de formation chaque année. Mais ça dépend des proviseurs, des recteurs, si on te donne ces 5 jours de formation. Mais si tu prends pendant un an tous les jours de formation, tu arrives à 5, parce que pour les uns, tu as encore un jour férié là-dedans, pour les autres ce sont les vacances… La prochaine fois, il n’y a pas de vacances… Les autres ont des vacances. Alors, comme ça, tu arrives à 5 jours que tu peux avoir pour faire une formation.  Alors, il faut lutter, bien sûr… C’est chaque participant qui doit lutter pour pouvoir faire une formation. Ce n’est pas si facile. Il y a des établissements qui le font facilement, mais il y a aussi des établissements où c’est difficile. Et là, tu as la loi. Le problème, c’est quelquefois si le directeur ou le proviseur ne veut pas, tu vas à l’inspecteur… Si tu as une connexion avec je sais pas... Tu arrives à avoir cette formation…
Anaële : Ce qui serait chouette, ce serait de l’intégrer à notre formation continue…
Florence : Moi, je voudrais dire qu’Anaële, depuis tout à l’heure, elle me dit que cela la fait rêver…
Gitta : Quoi, ça ?
Florence : Elle voudrait le vivre…
Anaële : Exactement…
Florence : Ce que je voulais dire, c’est que voudrais en profiter pour expliquer un peu plus avant une étape de ce que j’ai derrière la tête parce que je suis une fille très perverse… Rires… C’est l’histoire du chercheur collectif et du chercheur de terrain. Là, je pars sur la dimension de mon travail et de l’articulation. Je considère que ce chantier qu’on a sur la formation, cela intéresse un certain nombre de personnes : par exemple Gitta, Ramon, Guadalupe, Armand, Marleen, Carine, Olivier, Anaële aussi, mine de rien… Maintenant, Chantal et Alain, ça les intéresse aussi, mais pas pour les mêmes raisons. L’histoire du chercheur collectif, c’est un groupe de personnes concernées par une même problématique. Le travail que j’ai fait avec Gitta, c’est ce qu’on appelle le chercheur de terrain. C'est-à-dire c’est quelqu’un qui est disponible, qui vient là, qui rentre dans chaque terrain, qui ne pose ni un regard normatif ni un jugement, qui essaye de rentrer… C’est une espèce d’observation participante très profonde. Parce que dans la manière de filmer, il va falloir comprendre. C’est un regard de compréhension, une approche compréhensive de ce qui se passe... Le regard que l’on porte, avec la caméra, on oblige les gens à expliciter des choses qu’ils ne diraient pas autrement. Chaque fois que j’ai fait des interviews, par exemple avec Gitta, avec chaque animateur, ils ont dit des choses que peut-être ils ne se seraient pas dites entre eux, parce qu’il y a des choses qui sont implicites, qui n’ont pas besoin de se dire. Moi, du fait que je suis extérieure, je les pousse à expliciter des choses qu’eux ne se disent pas, parce que c’est comme une communauté de pratique. Donc, le rôle que j’ai joué là, cela sert de révélateur de l’activité réelle dans la formation. L’idée que je me fais, c’est que sur chaque terrain, il faudrait que je puisse venir, comme le travail que j’ai fait avec Gitta, et rentrer en profondeur, par exemple sur le démarrage d’une formation, je viens, pas pour 2h, il faut jouer le jeu, il faut rentrer dedans. Il faut s’impliquer dedans. Le groupe, il ne faut pas qu’il me perçoive comme quelqu’un qui n’a pas de sentiment, froid, extérieur… Je suis rentrée par moments dans la vie du groupe… Pas trop quand même. Il y a juste une petite limite, pour qu’ils n’aient pas l’impression que je suis là comme une inquisitrice… Hors des moments où je filmais, j’entrais vraiment en relation avec les gens du groupe. J’essayais de comprendre ce qu’ils vivaient… Je pense que ce contact est important : c'est-à-dire pas un regard froid, ni avec les stagiaires, ni avec les animateurs. Je n’ai pas filmé les stagiaires individuellement, mais régulièrement, je mangeais avec eux à table, j’essayais de voir avec eux ce qu’ils ressentaient, ce qu’ils vivaient, pourquoi ils étaient là, ce que ça leur apportait… J’ai tout le temps échangé avec eux. Je n’ai pas filmé, mais c’était un vrai travail avec eux, non formalisé ici. Le travail que je vois, dans ma recherche-action,  c’est ma posture à moi, c’est de jouer le chercheur de terrain ; c'est-à-dire mettre les gens en relation, passer du temps, s’immerger, essayer de comprendre ce qui se passe, amener à expliciter des choses, et par l’image, et par la parole, et le remettre en jeu dans le groupe de toutes les personnes qui sont concernées par la même thématique, et organiser une communication dans un groupe coopératif, donc, encore une fois, avec le respect, pas de jugement, toujours, s’il y a un problème, essayer de se décentrer, essayer de trouver ensemble comment on peut avancer, surtout pas de juger les autres, et puis d’adapter ensuite à son propre contexte. En fait, c’était pour moi très difficile parce que j’ai beaucoup envoyé de textes, mais les gens n’ont pas le temps de lire. Tout ça, je l’avais déjà dans la tête. Mais chaque fois que j’envoyais des textes pour expliquer ce que je voulais faire, les gens sont tellement occupés, pris, qu’ils n’arrivaient pas à lire ce qu’ils recevaient. Cette démarche, je l’ai dans la tête depuis des mois, c’était déjà construit. En fait, cet atelier-là, ça me permet, à travers les images, les exemples concrets, d’expliciter ce que j’ai derrière la tête. Et vous voyez une production qui est, et pas que du discours… Parce que là, vous voyez mon regard. Quand vous voyez le montage, vous voyez bien qu’il y a une subjectivité… Et je reconnais ma subjectivité… Et j’essaie d’entrer dans la subjectivité des gens qui animent. Et en fait, il y a une intersubjectivité. En fait, je ne suis pas dans une analyse expérimentale explicative. En fait, c’est la création d’un espace intersubjectif entre toutes les personnes. Mon rôle, c’est que je vais créer cet espace intersubjectif avec Gitta, avec Marleen, avec Danièle, peut-être avec toi… Après, il y a une nouvelle intersubjectivité qui se crée entre tous les membres du groupes, avec un climat qui est à construire… Ce matin, ce que je voulais montrer, c’est ce climat de droit à l’erreur. C'est-à-dire que ce matin, on a travaillé sur une pratique où on n’est pas à l’aise. Mais Chantal était d’accord. C’était très important pour moi qu’elle accepte l’idée de travailler sur cette pratique de quoi de neuf qui n’était pas assuré, sur son questionnement. Il s’agissait de montrer que ce travail là, c’était un travail constructif, pas du tout un travail de jugement. C’était démarrer une recherche sur une thématique qui pose problème, autant pour l’enseignant dans sa classe que pour le formateur. Cette histoire de praticien-chercheur ce matin, c’était afin de montrer l’esprit dans lequel on travaille : utiliser la vidéo, respecter les autres, ne jamais les forcer dans le choix des images, toujours montrer la production avant de la soumettre au groupe, parce que ça implique beaucoup les personnes… Quand on vient filmer, ce que je disais tout à l’heure, c’était du bla-bla, mais en même temps, c’est super important ; c’est quand on vient filmer, passer du temps avec les gens, essayer de rentrer vraiment profondément dans la logique des personnes qu’on veut filmer, les amener à s’expliquer, avoir un écho entre l’image et le discours. C’est un vrai travail de profondeur si on veut faire un travail sérieux. Avec Gitta, on a eu du temps avant le stage, pendant le stage, après le stage…
Gitta : Elle m’a posé des tas de questions….
Florence : Mais des questions, des milliers de questions… Ca a été intéressant peut-être pour toi aussi toutes ces questions que je t’ai posées…
Gitta : Oui…
Florence : Je lui ai posé  des tonnes de questions sur l’Allemagne, la formation des enseignants, sur le système scolaire...   
Gitta : Ce qui est très compliqué en Allemagne…
Florence : Mais quand même, on a réussi à sortir un texte, sur lequel on était d’accord, sur le système éducatif, sur le mouvement Freinet. On a retravaillé un certain temps ce texte. En même temps, à travers les questions, elle revisite son propre contexte éducatif, son propre contexte de travail. Ce qu’il y a d’extraordinaire dans ce travail pour moi, d’un point de vue subjectif, c’est l’intimité que je finis par avoir avec les gens, comme avec Monika ou Gitta… J’ai habité avec Gitta pendant plusieurs jours, avec Monika, je rentre dans le contexte de travail, j’essaie de comprendre des choses que les gens ne disent jamais sur leur manière de concevoir le travail, sur l’endroit où ils vivent, leur école, leurs choix éducatifs, leur système scolaire… On acquiert une densité de relations, une complicité… C’est une expérience extraordinaire… Il y a des chocs… Ce degré de complicité qu’on construit avec les gens, ça, c’est mon point de vue, c’est quelque chose de très fort. Il faut quand même qu’il y ait toujours ce contrat de confiance, parce que c’est très impliquant : pour celui qui m’accueille, pour moi. On est vraiment dans l’humain, avec, ce que je n’ai pas fait encore, parce que je suis en tatônnement… J’estime que si on veut travailler avec ce genre de méthodologie, il faut une charte. Une charte de la vidéo…
Gervais : Je me posais la question, justement…
Florence : Elle n’existe pas mais il la faut. Je me rends compte à quel point les gens sont en danger quand on prend leur image… Tout ce qu’on peut dire à leur sujet qui pourrait les mettre dans une situation terrible…
Anaële : En fait, il y en a déjà… Pour ce qui est des enfants, il y a déjà une charte de l’image. Au même titre, toutes ces conditions dont tu parles exigent une charte. Parce que pour arriver à construire ensemble, ou déjà, même construire chacun chez soi, ok, si on peut construire ensemble, c’est encore mieux… Mais en tous cas, pour construire tout court, il faut une charte. Parce que tant que la personne ne se sent pas respectée, préservée, il n’y a pas de construction… On sera sur des positions de défense, d’agression… On se parlera qu’à demi-mots…
Gitta : Oui, mais si on est chercheur, tu as une charte normalement, il te faut une charte…
Florence : Oui, j’ai un protocole de recherche.
Gitta : Tu as une charte concernant l’éthique de ton travail…
Gervais : L’éthique apparaît dans ton travail.
Florence : J’ai quand même un regard scientifique.
Anaële : C’est tout à fait la façon dont on travaille dans le secteur international.
Ramon : C’est vraiment important de faire cette charte. On va observer ceci, ceci, ceci… Et sur ceci, ceci, ceci, on ne va dire absolument rien. On va faire une observation de classe.
Olivier : C’est important, le droit à l’image de la personne.
Ramon : Ce qui est important, c’est ce qu’on a dit avant… Ou bien, à travers les adresses qu’a prises Olivier… Former un groupe dans lequel on puisse partager… Et essayer de faire une rencontre… Peut-être au printemps…  Je vous dirais de venir à Valencia le printemps, aucun problème… Pas pour le prix, pour la chaleur… En été, la chaleur est insupportable. Ce serait très bien qu’on fasse une rencontre pour parler entre nous. C’est toi qui est chargée de nous tenir en contact. On te nomme coordinatrice.
Gitta : Oui…
Florence : Chercheur de terrain et coordinatrice…
Ramon : Voilà…
 
 
 
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