Un tâtonnement en arts plastiques,
la construction d’une grille de lecture
Le démarrage
Dans le cadre des ateliers d’échanges de savoirs, animés régulièrement par les enfants (classe de cycle 3), Claire propose un atelier de «peinture non réelle» et porte des travaux qu’elle a réalisés chez elles avec une spatule et de la gouache. L’atelier est adopté lors d’un conseil de classe, il durera plusieurs séances et sera repris ensuite par d’autres enfants.
Au conseil, la classe étudie les demandes. L’enfant qui propose un savoir remplit une fiche «je peux apprendre aux autres» et prépare son matériel.
Les autres s’inscrivent dans les ateliers proposés.
Au cours de leurs essais, les enfants découvrent que les couleurs se superposent plus ou moins. Ils jouent avec les couleurs et les effets obtenus de façon aléatoire. Certains mettent trop de peinture et ne sont pas satisfaits du résultat, d’où les questions : « Quand s’arrêter ? ». « Quand décider que le travail est achevé ? » Je participe à l’atelier lors de la deuxième séance, envie de « patouiller » moi aussi.
Personnellement peu attirée par les couleurs atténuées par le blanc, je peins avec des couleurs pures…
Quelques enfants s’emparent alors des couleurs plus vives et les mélanges s’opèrent directement sur la feuille ; de nouveaux coloris apparaissent. Des effets commencent à être recherchés.
La lecture des peintures et la construction de la grille
Depuis le début de l’année trotte dans ma tête l’idée d’une grille de lecture dont parlent les copains du mouvement ayant participé au stage Créations de Sarzeau.
Je mets en place un moment présentation de peinture : « Vous allez regarder la peinture puis dire ce que vous voyez, ressentez… Vous devez justifier ce que vous dites » (« Je vois ça parce que… Je ressens ça parce que »). L’enfant auteur parlera en dernier.
Première peinture, Josefa
- On voit des couleurs mélangées.
- C’est chaud, on a l’impression de voir la mer. Le chaud, c’est la couleur rouge, la mer, le bleu.
- Moi je vois des arbres en bleu, un tronc, la brume des champs. C’est l’effet de la couleur par-dessus.
- Un tronc, une rivière, c’est le bleu.
- Je vois un clocher qui se penche, en bleu.
- Un volcan en éruption, c’est la couleur rouge.
- Un coucher de soleil, c’est la couleur rouge.
- Le brouillard, on a l’impression de vent, ce sont les traces blanches qui sont sur le dessus.
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Josefa explique qu’elle a mis un fond jaune et rouge puis du bleu, ensuite elle a passé d’autres couleurs par-dessus puis du blanc : C’est ce qui fait l’effet de vent.
On voit à travers les différentes couches de peinture : c’est l’effet de transparence.
Elle appelle sa peinture : « Clocher sous le vent »
Je demande : Peut-on maintenant résumer tout ce que nous avons dit et établir une liste qui sera utilisée à chaque fois que l’on regardera une peinture ?
Les enfants citent : les couleurs, les reflets, la transparence, les sensations, les tracés.
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Quelques jours après, nous lisons la peinture de Béatrice
- Il y a un dessin dessus.
- C’est un cimetière avec quelqu’un qui vient se promener.
Je demande :
Pourquoi un cimetière ?
- Parce que qu’il y a une couronne bleue et une croix blanche (on se réfère à la grille : les tracés, la couleur blanche qui se détache du fond, la forme).
- Il y a un fond aux couleurs sombres, c’est la nuit, on a l’impression de brouillard, de mauvais temps, le cercle blanc et la croix sont par-dessus.
- L’arc de cercle vert sur le fond donne l’impression d’un village fantastique, sensations d’étrangeté.
- Les formes et les couleurs font penser à une forêt dans le fond.
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Nous relisons la grille et nous y ajoutons : les formes et la profondeur.
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Troisième lecture de peinture, Claire
Les formes : On voit comme des cristaux, des diamants, des plumes, la mer bleue et du sable.
- C’est vu de haut.
- On tourne la peinture pour la regarder sous différents angles.
- Le bleu, c’est la mer et les taches de couleurs, un village.
- Je vois une dame sur un cheval.
Béatrice nous montre le contour de la dame et du cheval.
Elle n’a pas peint de la même façon le bleu et les couleurs, ce n’est pas le même geste, on ne voit pas les mêmes tracés.
Claire explique qu’elle a voulu faire des taches de couleur et la mer.
Pour le titre, elle ne sait pas.
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La grille est donc utilisée pour chaque présentation; au fur et à mesure, elle s’enrichit :
1 - les couleurs
2 - les formes
3 - les mouvements
4 - les tracés
5 - la transparence
6 - les sensations
7 - les reflets
8 - les techniques
9 - un titre
Lors d’une présentation d’autres travaux, Marion ajoutera à la grille les volumes.
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Article "Une relation d’ouverture à la fois sensible et intellectuelle" |
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