Dans : Techniques pédagogiques › organisation de la classe ›
Octobre 1996
Aux éditions Yvan Davy vient de paraître "Les pédagogies autogestionnaires" sous la direction de Patrick Boumard et d'Ahmed Lamihi.
Nous rappellerons à nos lecteurs que l'Autogestion, telle qu'elle est pratiquée par des camarades "Ecole Moderne" n'est pas une vue de l'esprit. L'autogestion en classe, à l'école, c'est une pédagogie en actes.
Freinet et l'autogestion
La pédagogie de Freinet est d'essence autogestionnaire.
Dans son livre "L'imprimerie à l'école" de 1932, Freinet écrit :
Dans son livre "L'imprimerie à l'école" de 1932, Freinet écrit :
"Théoriquement, si elle est comprise comme un moyen pratique pour des enfants de s'organiser librement et de gérer leurs propres intérêts, d'améliorer même leurs conditions de travail, la coopérative n'est-elle pas entièrement recommandable et ne peut-on vraiment saluer cette initiative comme un essai pratique de réaliser l'auto-organisation des écoliers ?"
Et Freinet relie son travail scolaire à un projet coopératif à Bar sur Loup, aux côtés d'ouvriers et de paysans (La coopérative Abeille baroise) et aussi à un projet politique.
Notre aventure autogestionnaire
En 1961, je prends contact avec Georges Gaudin, responsable de la commission "Education spécialisée" de l'ICEM. Nous faisons la synthèse d'un "cahier de roulement", à propos de la coopérative et de la discipline de travail (10 camarades y participent). Il s'agit d'échanges au sein de l'ICEM sur leurs pratiques coopératives, durant l'année 1961/1962.
Dans un chapitre "Le conseil de classe", on peut lire : "qu'on l'appelle conseil de classe, conseil de travail ou conseil de coopérative, c'est un moment privilégié de la classe, une prise de conscience progressive de l'existence du groupe scolaire et des responsabilités qu'il implique".
Dans notre classe coopérative (de 1962 à 1964) à Saint Nazaire, fonctionnant en autogestion, l'expression libre met les enfants en prise directe avec les réalités sociales et politiques. C'est le début de mon aventure autogestionnaire. La commission "Enfance inadaptée" de l'ICEM a été la première à rendre compte du démarrage des recherches par des cahiers de roulement, des bulletins.
En 1971, la C.E.L publie dans la série des documents de l'ICEM "Vers l'autogestion". Jean Vial écrit la préface de cet ouvrage collectif.
Le courant autogestionnaire, qui s'élargit à d'autres secteurs de l'enseignement (primaire, secondaire) est désormais très actif au sein de l'ICEM.
Il publie de nombreux articles, des dossiers dans "L'éducateur". Il organise des rencontres, des colloques, des stages où participent des personnalités : M. Lobrot, H. Laborit, H. Deroche, M. Mermoz, en France, en Belgique.
De 1971 à 1982, les recherches se poursuivent au sein d'une commission nationale, éditant un bulletin. Des chantiers "autogestion" se développent au sein de l'Ecole Moderne.
Voilà une expérience unique, au sein de l'Ecole Moderne, où des camarades font part de leurs essais, posent des questions, échangent.
Notre pratique de l'autogestion pédagogique est liée à notre conception politique et sociale de la société. L'autogestion reste une idée jeune et neuve. Les difficultés de tous ordres ne doivent pas amener à minimiser la force de l'aspiration qu'elle contient.
L'autogestion n'est pas une utopie : elle apparaît comme une force de renouvellement et d'espoir.
Michel Lobrot conclut ainsi son livre "La pédagogie Institutionnelle" (Editions Gauthier-Villars) :
"Sans une autogestion, au moins en germe, à l'école, sans une prise en charge des élèves par eux-mêmes, sans une destruction au moins partielle de la bureaucratie pédagogique, il n'y a aucune formation véritable à attendre, donc aucun changement dans la mentalité des individus. On voit immédiatement la répercussion sur le plan social. La société s'enfaonce dans des problèmes et des conflits insolubles. Il faut commencer par l'école."
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