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A propos de l'accompagnement scolaire

Dans :  Techniques pédagogiques › 
Mars 1997

On fait grand bruit depuis plusieurs mois autour de ce qu’on appelle « accompagnement scolaire », censé pallier les manques qui conduisent certains enfants à l’échec.

Actuellement, le ministère de l’Éducation nationale mène une réflexion pour une meilleure gestion de cette action.
L’accompagnement scolaire ne peut être qu’une béquille dans une situation qui ne doit être que provisoire : s’installer dans une telle pratique serait désavouer le système scolaire.
L’ICEM, lui, mène son action en amont : prise en compte de l’individu, épanouissement de chacun dans un groupe hétérogène ; pédagogie différenciée grâce à l’individualisation, la personnalisation, accès progressif à l’autonomie et à la notion de responsabilité ; coopération et non-compétition ; formation à la citoyenneté par la pratique quotidienne...
Cependant, si de telles actions s’avèrent malgré tout utiles ou indispensables actuellement pour un public démuni, elles nécessitent une attention pédagogique particulière.
Pour ne pas laisser place à la médiocrité, elles doivent être confiées à des professionnels formés et informés pour une telle tâche. Les mouvements d’éducation nouvelle sont des structures qui ont une large expérience et une compétence incontestables en ce domaine. Ils garantissent la laïcité, ce qui est un critère primordial, la qualité d’une réflexion et d’une action en cohérence avec l’école dans laquelle ils travaillent avec des objectifs différents mais complémentaires.
La priorité n’est-elle pas de redonner à ces enfants une existence de personne, une reconnaissance, un droit au plaisir d’être, d’apprendre, une éducation au travail consenti et choisi dans laquelle ils mettraient du sens ?
Permettre de réinvestir l’école, oui, mais en même temps travailler sur les raisons d’exclusion et leur élimination progressive. Ne pas laisser s’installer l’accompagnement scolaire comme une école bis, en plus du temps habituel. Faire autre chose que l’école hors l’école. Permettre l’expression et la communication pour la reconquête de son moi, de son existence au sein d’un groupe social par chacun.
Ne pas proposer une aide aux devoirs : les « devoirs » doivent rester le travail en l’école et non hors l’école, travail de professionnels de l’enseignement, déjà si difficile. L’aide aux devoirs est la reproduction d’un système générateur d’échec pour guérir cet échec.
Le temps d’accompagnement scolaire est à considérer comme un temps différent de l’école, ouvert sur la pratique, la découverte et l’appropriation de la culture (théâtre, musique, arts plastiques...) et non comme une école bis repetita. Il permettra de comprendre le sens de l’école, de créer une réelle motivation et un besoin. N’est-ce pas de cela dont dispose le public actuellement non concerné par l’accompagnement scolaire et qui manque aux enfants en échec ?
L’expression « accompagnement culturel » semblerait plus adéquate.
 
Nicole Bizieau
Présidente de l’ICEM