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Quelques conseils préalables

Dans :  Principes pédagogiques › Techniques pédagogiques › organisation de la classe › 
Février 2011
Quelques extraits des écrits de Célestin Freinet

 

 
 
NE COMMETTEZ PAS L'ERREUR D'ACCORDER
SENTIMENTALEMENT TROP VITE ET TROP BRUSQUEMENT LA
 
LIBERTE A VOS ÉLÈVES.
Non seulement parce qu'ils n'y sont pas habitués et risquent fort, en conséquence, d'en faire un mauvais usage, mais parce qu'il faut surtout éviter de considérer la liberté comme une sorte d'entité culturelle.
Or, cette liberté intellectuelle n'existe que dans les livres. On est libre de faire quelque chose ou de ne pas le faire. C'est dans le travail et la vie que l'enfant doit sentir et posséder la liberté. Instituer une liberté qui n'est pas l'émanation de la vie et du travail de la classe, c'est aller à un échec que vous devez à tout prix éviter. La liberté ne sera pas au début. Elle sera l'aboutissement de la nouvelle organisation du travail. Vous ne risquerez pas, alors, le désordre et l'indiscipline qui sont si souvent reprochés à celles de nos classes qui, sous prétexte de nouveauté, placent dangereusement la charrue avant les boeufs.
 
NE VOUS PRESSEZ PAS DAVANTAGE POUR UNE ORGANISATION
FORMELLE DE LA COOPÉRATIVE SCOLAIRE, TANT DU MOINS QUE
VOUS N'EN SENTIREZ PAS LE BESOIN.
Organisez d'abord le travail coopérativement, répartissez les divers services et surtout pratiquez le journal mural et la réunion coopérative du samedi. Vous pourrez passer alors au stade de l'organisation statuaire genre adultes. Mais là aussi, ne placez pas la charrue avant les boeufs.
 
NE VOUS PRESSEZ PAS TROP DE SUPPRIMER LES MANUELS
 
SCOLAIRES ET LES NOTES.
 
Avant de supprimer les manuels, vous devez vous être organisés pour les remplacer : par la lecture motivée, par le travail individualisé sur fiches, et surtout par les bandes enseignantes.
Vous supprimerez les notes (dans la mesure où l'on vous y autorisera) quand vous n'aurez plus besoin d'une motivation fictive, quand le graphique du plan de travail parlera plus éloquemment que les notes, quand vos Brevets seront les plus vivants des contrôles.
Jusque là, achetez les manuels habituels qui donneront bonne conscience aux inspecteurs et aux parents et vous faciliteront le travail original que vous allez faire. Vous les utiliserez plus ou moins dans la mesure où vous pourrez les compléter puis les remplacer par nos techniques. Vous éviterez du moins les ennuis qui pourraient vous venir de ceux - parents ou inspecteurs - qui gardent la nostalgie des fausses mesures que sont notes et classements. Les solutions que nous re-commandons ne sont jamais automatiques. Les résultats probants dont nous pouvons aujourd'hui nous prévaloir ne sont pas obtenus forcément au départ ; ils sont plutôt un aboutissant. Ne commettez pas l'erreur d'inverser les rôles.
DESCENDEZ DE VOTRE CHAIRE
 
Au fur et à mesure que, dans la voie nouvelle, vous vous rapprochez de l'enfant et que vous cessez de pratiquer les leçons ex cathedra, l'estrade vous deviendra inutile. Vous l'enlèverez - si elle n'est pas scellée au plancher - et vous vous mettrez en permanence au niveau des enfants. C'est là plus qu'un geste symbolique mais une réalité matérielle de coopération. Vous romprez aussi dès que possible la traditionnelle régularité des tables de la classe auditorium-scriptorium. Le travail individualisé que vous allez entreprendre suppose un autre agencement, fonctionnel pourrions-nous dire. Et du coup, votre classe perdra cet aspect de conditionnement, de passivité et d'obéissance auquel tant d'enfants sont aujourd'hui allergiques.
 
Célestin FREINET
Les Techniques Freinet de l'École Moderne
Éditions Bourrelier - A. Colin