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En Chantier n°16, Écriture d'albums contes électroniques

Dans :  Techniques pédagogiques › 
ÉCRITURE D’ALBUMS-CONTES ÉLECTRONIQUES

 

« Les aventures de Cûûk, tome II : la sorcière de l’île aux ignames »
Collège de Koumac (Nouvelle-Calédonie), 6ème ATP

 
« les aventures de Cûûk, tome III : Cûûk et le cheval de Troie »
Collège Jean Monnet (Deux-Sèvres), 6ème A
  
 Un article deVéronique Nagiel, documentaliste au collège de Koumac (Nouvelle Calédonie-Nord)
        
L’article ci-dessous rend compte de la création par des élèves du collège de Koumac et du collège Jean Monnet (Deux Sèvres) de deux contes. Ce texte se prolonge par un article plus juridique : « l’album conte électronique et les droits d’auteur » également publié dans ce numéro de « En Chantier ».
Vous trouverez en complément à cet article le conte « la sorcière de l’île aux ignames » réalisé par les élèves du collège de Koumac.
 
Plan de l’article :
 
1 – Que sont les concours « les dix mots de la langue française » et « dis-moi dix mots »? 
2 – Qu’est-ce qu’un album-conte outils électronique pour la jeunesse ?
3 -  La maîtrise de la langue française :
       A – Lire.
       B - Développer le goût de lire. 
4 -  Un personnage qui favorise la circulation de l’information de collège en collège :
       A- La liberté du conteur.
       B - Un accompagnement musical.
5 - L’appropriation des techniques de base de l’information et de la communication.
6 – Conclusion.
 
 
           
1 – Que sont les concours « les dix mots de la langue française » et « dis-moi dix mots »? 
  
Dix mots sont sélectionnés par des jurys et donnés dans les établissements scolaires à partir desquels, les élèves qui le souhaitent, réalisent des productions, documents tertiaires « sur mesure » (1), affiches, cédéroms, poésies, contes, etc.
Les élèves de 6ème ATP du lycée de Koumac ont souhaité élaborer le tome II des aventures de Cûûk qui a été publié sur le site du CDP-NC/CNDP/SCEREN (Centre de Documentation Pédagogique, Nouvelle-Calédonie) en album-conte électronique pour la jeunesse.
 
Les élèves de la classe de 6ème A du collège Jean Monnet (Deux-Sèvres) ont souhaité réaliser le tome III des aventures de Cûûk : « Cûûk et le cheval de Troie ».
 
      
2 – Qu’est-ce qu’un album-conte outils électronique pour la jeunesse ?
 
C’est un conte à lire par les élèves de 6ème aux élèves de l’école primaire, pour leur apprendre à rentrer dans un conte et à raconter des histoires devant d’autres dans le cadre de la liaison école-collège.
 
 

             « Les politiques académiques devraient mieux tenir compte des liaisons entre les niveaux : primaire-collège et collège-lycée. En ce qui concerne le premier niveau, depuis longtemps, les programmes fixent deux types d’objectifs dont la mise en œuvre relève d’une politique documentaire d’école ou de circonscription : amener les élèves à lire des ouvrages entiers, apprendre à chercher et à traiter l’information. […]. »

 

            « En organisant des actions de liaison entre l’école et le collège avec une volonté de bâtir une politique documentaire concertée, les démarches d’apprentissage pratiquées en 6ème devraient évoluer de manière sensible, comme nous l’avons déjà évoqué ».

(Les politiques documentaires des établissements scolaires, rapport IGEN n° 2004-037, J.L. Durpaire.)
 
Les élèves « scripteurs » de 6ème du collège deviennent les guides de leur travail écrit, le conte, en devenant des conteurs devant des élèves plus petits de l’école primaire. Les élèves de l’école peuvent à leur tour, encadrés par leurs aînés du collège, dire le conte avec les instruments de musique (il s’agit ici de percussions) devant les autres.

  
3 – La maîtrise de la langue française :
 
 

« La maîtrise de la langue française » est le premier axe du « Socle commun des connaissances et des compétences » :

 
« L’apprentissage de l’orthographe et de la grammaire doit conduire les élèves à saisir que les règles de l’expression française ne sont pas contradictoires avec la liberté d’expression. Il favorise au contraire une pensée précise ainsi qu’un raisonnement rigoureux et facilement compréhensible ». (Décret du 11 juillet 2006, BOEN n°29 du 20 juillet 2006).
Le premier axe du « Socle commun des connaissances et des compétences » définit l’expression écrite et orale comme un outil indispensable d’apprentissage et d’évaluation :
«Savoir lire, écrire et parler le français conditionne l’accès à tous les domaines du savoir et l’acquisition de toutes les compétences. La langue française est l’outil premier de l’égalité des chances, de la liberté du citoyen et de la civilité : elle permet de comprendre et d’exprimer ses devoirs ».
 
Les capacités du premier axe du « Socle commun des connaissances et des compétences », définissent deux points :
 
A -Lire 
 
«Au terme de la scolarité obligatoire, tout élève devra être capable de :
- lire à haute voix, de façon expressive, un texte en prose ou en vers ;
- analyser les éléments grammaticaux d’une phrase afin d’en éclairer le sens ;
- dégager l’idée essentielle d’un texte lu ou entendu ;
- manifester sa compréhension de textes variés, qu’ils soient documentaires ou littéraires ;
- comprendre un énoncé, une consigne» [..].
 
B - Développer le goût de lire
 
« Développer le goût de lire » est le cinquième axe du troisième point du rapport IGEN n° 2004-037 «Les politiques documentaires des établissements scolaires» (J.L. Durpaire) :
 
«La politique documentaire d’un établissement scolaire doit nécessairement comporter un volet relatif à la lecture» […].
«Les actions menées par le documentaliste en faveur de la lecture ne doivent pas être isolées ; au contraire, elles doivent s’inscrire dans le projet global de l’établissement. Elles doivent également être ciblées et s’adresser aux élèves qui ont en le plus besoin» […].
 
Le travail de l’élaboration de l’album-conte ne peut se faire sans que les élèves ne se mettent à la place des usagers, ceux qui vont lire le conte et ceux qui vont l’exploiter pour raconter une histoire devant les autres. Les élèves-auteurs se posent des questions : « comment le lecteur va-t-il comprendre l’histoire? Comment va-t-il faire le lien entre les différentes parties? Comment l’usager, néophyte, non conteur va-t-il exploiter, s’approprier, conter l’histoire devant d’autres?»
 
 
Ces questions mènent à créer un espace cognitif qui permet aux élèves de s’approprier des codes du langage, pour pouvoir les transmettre aux autres.
 
C’est une stratégie documentaire connue dans le domaine de la bibliothéconomie : le décodage de codes du langage, la sélection de codes, l’appropriation des fonctions de l’outil-livre qui devient un livre-objet, la transmission d’une structure pour favoriser la circulation de l’information.
 
L’élève transforme une connaissance en une autre connaissance pour construire un espace cognitif de l’information qui permet aux autres de «lire», de décoder l’information en devenant eux-mêmes des passeurs de «savoir dire» dans un souci d’éducation à la lecture et à l’écriture.
           
De la position d’apprenants, les élèves deviennent des guides, des passeurs de la connaissance qui font partie des compétences métacognitives liées à l’objet-livre. Et à «la maîtrise de l’information» :
 
«Le CDI est positionné au sein d’«un système d’information» de l’établissement. Parallèlement, une définition des missions du documentaliste est posée. Quatre expressions sont utilisées pour les définir, [et parmi celles-ci] : responsable d’un service spécialisé d’information et de documentation, formateur à la maîtrise des langages, formateur à la maîtrise de l’information». (Les politiques documentaires des établissements scolaires, Rapport IGEN n° 2004-037, J.L. Durpaire).
 
 
        
 
4 – Un personnage qui favorise la circulation de l’information de collège en collège :
 
 Le personnage de « Cûûk » a été créé par des élèves de Nouvelle-Calédonie d’une classe de 5ème  dans un premier tome : « Les aventures de Cûûk : tome I : l’igname qui avait peur du feu ».
« Cûûk » signifie « igname » en langue « Fwaï » de Hienghène. Selon les élèves, c’est un personnage qui a le pouvoir de penser, de parler, et qui ne peut pas se faire attraper pour se faire manger : il a donc des pouvoirs magiques. Ce héros passe de collège en collège pour être utilisé par les élèves qui souhaitent écrire une suite des aventures de Cûûk. Les élèves comprennent après lecture d’un tome qu’ils doivent trouver le tome suivant. Le personnage de Cûûk, réactive les fonctions premières du livre et de la tradition orale, de la prise de la parole lors d’un rituel de la lecture. Le rituel de la lecture c’est un droit de prendre la parole, droit maintenu dans les mains de ceux qui peuvent faire circuler l’information selon des règles, une méthodologie que les élèves connaissent et qu’ils savent transmettre. Il s’agit d’un droit de dire aux autres, par la prise de conscience de la fonction des codes oraux, écrits, durables, éphémères, qui régissent le langage.
Cette méthodologie est liée à la notion du mot « conte », dont l’étymologie latine «computare», signifie «compter, énumérer, faire le compte des faits» pour transmettre aux autres un récit, une information selon des règles précises.
 
 
 
 
 
A - La liberté du conteur :
 
La liberté du conteur qui créé au fur et à mesure qu’il fait circuler l’information et qui devient auteur, commence par la liberté des usagers qui accèdent à ces informations fiables, validées, pour leur permettre de se les approprier et de pouvoir les faire circuler. Parce qu’il s’agit bien du pouvoir de l’écriture, de la prise de la parole, de l’information, mais pour favoriser la transmission d’une éducation à la littérature orale, à la lecture, dans une situation d’apprentissage et de construction perpétuelle de l’information et de codes du langage.
 
 «1- L’enfant a le droit à la liberté d’expression. Ce droit comprend la liberté de rechercher, de recevoir, de répandre des informations et des idées de toute espèce, sans considération de frontières, sous une forme orale, écrite, imprimée ou artistique, ou par tout autre moyen du choix de l’enfant.
2. L’exercice de ce droit ne peut faire l’objet que des seules restrictions qui sont prescrites par la loi et qui sont nécessaires :
     a – au respect des droits ou de la réputation d’autrui ;
     b – à la sauvegarde de la sécurité nationale, de l’ordre public, de la santé ou de la moralité publiques »
(Convention internationale des droits de l’enfant, 6 septembre 1990. Unicef, article 13).
 
L’éducation à la lecture et à la communication orale de l’histoire ne peut se faire sans l’instrument de musique qui va favoriser en aval la structuration du conte et la circulation de la connaissance c’est à dire dans un souci d’éducation au langage et à la culture orale et de l’écrit.
 
 
 
B - Un accompagnement musical :
 
L’instrument de musique favorise la transmission de l’information, l’appropriation de la langue française, « La maîtrise de la langue française », dans le sens du « Socle commun des connaissances et des compétences ». Le percussionniste appelle l’auditoire, qui répond au conteur et à l’instrumentiste pour les prévenir qu’il va jouer un rôle prépondérant dans l’échange de l’histoire, pour répéter une phrase, pour soutenir le percussionniste, pour devenir un guide, en ce sens pour avoir une nouvelle fonction que les élèves de l’école primaire découvrent : la fonction de conteur. La fonction perceptuelle du support libère l’usager et lui permet de n’être plus le récepteur passif mais de s’introduire dans le cycle de l’apprentissage du support, en modifiant le statut du support qui devient un outil qui peut être exploité. La rhétorique doit être perçue par l’usager « en fonction de l’écart par rapport à l’usage et du degré d’ambiguïté créé dans le discours ». Le discours pouvant être pris pour un ensemble de codes.
 
 
 
 
 
 
5 – L’appropriation des techniques de base de l’information et de la communication
 
Le quatrième axe du « Socle commun des connaissances et des compétences », définit dans le premier point « connaissances » que «les élèves doivent maîtriser les bases des techniques de l’information et de la communication (composants, matériels, logiciels et services courants, traitement et échange de l’information, caractéristiques techniques, fichiers, documents, structuration de l’espace de travail, produits multimédia..)». L’exploitation du support va permettre la construction de signes, de codes, dans une logique de construction d’une nouvelle «connaissance» puisque le support peut être manipulé tel un objet. L’alphabétisation par l’appropriation et l’exploitation du support par l’usager correspond à une nouvelle technique au sens social, «l’art du faire», lié à une méthodologie qui mobilise la lecture-décodage, la sélection de codes et de signes pour trouver des codes-clés, et donc en modifiant une connaissance.
 
6 – Conclusion
 
L’album-conte électronique permet la construction d’une information qui va dans le sens de l’éducation à la littérature orale.
Cette construction de l’information, des supports, est liée de près à une culture et à une tradition orale de la transmission des connaissances qui s’oppose la mise en forme et à la transmission de l’information des autres supports écrits qui sont publiés sous forme électronique, comme les romans, les poésies, les recueils de textes poétiques, parce que ces supports font partie d’une catégorie d’un point de vue historique qui font déjà partie de la culture de l’écrit.
En matière de lecture, de transmission des connaissances et d’éducation à la langue française et à l’information, les supports numériques sont particulièrement adaptés aux documents qui font partie de la catégorie de la littérature orale. Les techniques de lecture du conte, permettent de «dresser les faits», de «dresser le compte des faits» selon des règles et des structures lexicales du conte facilement accessibles pour les usagers, et qui favorisent la construction d’une information en constante évolution.
 
Il peut être intéressant de visiter en complément à cet article le site :
 
 
Il s’agit du site «TICE : ressources pédagogiques calédoniennes» où l’on peut retrouver les livres-outils albums et le complément pédagogique mais aussi de nombreuses pistes pour mieux connaître la Nouvelle - Calédonie et la culture Kanak.