Henri Laugier est né à Cannes en 1937, où il expose dès 1961. Cette même année, il est invité pour une rencontre internationale de jeunes artistes à Paris.
On le devine, Henri Laugier a commencé par peindre des paysages. « Puis mon travail s'est dépouillé petit à petit. Et finalement, je n'ai plus pensé qu'en formes et couleurs. Le figuratif n'était devenu qu'un prétexte qui avait perdu sa raison d'être. »
Dès l'ouverture de son atelier - galerie Céruse à L’Isle sur la Sorgue en 1987 seront essentiellement exposés ses collages en petits formats, sans exclure ni les gouaches ni les huiles sur toiles. Il invitera d'autres peintres à exposer dans son lieu. « Céruse, me raconte-t-il, c'est le pseudonyme que j'aurais pu prendre. À mes débuts, j'avais demandé à mon marchand de couleurs du blanc de Céruse que Van Gogh employait. » - « Interdite depuis longtemps », m'avait-il répondu en riant, mais il m'a offert un petit pot ancien, retrouvé un jour. (la Céruse : carbonate basique de plomb).
Il crée l’Association Art-Action, consacrée aux visites culturelles, aux échanges pour partager et transmettre sa passion. C'est ainsi que je le rencontrai en m'installant à L’Isle sur la Sorgue.
Le plus grand nombre de ses expositions se réalisent dans ces deux régions privilégiées, mais il a été exposé à Paris, dans le Nord, en Suisse, en Californie, au hasard de ses rencontres. De nombreux articles de journaux témoignent surtout des collages « Les petits papiers d'Henri » (collages et gouaches polyphonies des ma-tières).
Pour lui, « assembler et coller des papiers c'était d'abord une manière économique de faire de la peinture ». Ne pas oublier que la création c'est aussi dépasser des contraintes, une histoire de rencontres et/ou d'accidents. « Je récupère tout un tas de petits matériaux qui traînent dans l'atelier ou ailleurs pour leur donner une nouvelle vie en les intégrant à une peinture… J'essaye de faire rester dans un autre futur des éléments destinés à être jetés et à disparaître. » Ces rebuts, ces déchirures, ces matières humbles, choix de nécessité, deviennent les outils et les matériaux indispensables à l'esthétique de l’œuvre par laquelle l'artiste dit son rapport au monde.
Dans son livre Henri Laugier et l'art subtil du collage, Jean-Pierre Geay explique : « Par chevauchement, par débordement, par superposition de surfaces, les couleurs pourront enfin se mélanger. En jouant sur la texture des matériaux, il va créer des effets de transparence et de modulations (…) Ainsi enchâssées les unes dans les autres, les couleurs engendrent alors un milieu au lieu d'être simplement juxtaposées. »
Les critiques s'accordent sur la sensibilité, la rigueur de l'artiste, l'impression de sérénité du premier regard ou ce constat : « Les compositions ne se révèlent profondément qu'aux contemplatifs qui auront pris le temps. » Mais certains privilégient les mots empruntés à l'architecture, à la musique, à l'écrit. Des commentaires qui ouvrent des voies d'accès possible mais aucun mot ne peut traduire les images de manière exhaustive. Il faut voir !
Aujourd'hui, Henri Laugier s'est retiré du centre-ville et travaille dans son atelier neuf construit à côté de sa maison. Début d'une période : grandes surfaces peintes sur grandes toiles dont on ignore l’avenir.
« Si l'homme parfois ne fermait pas souverainement les yeux, il finirait par ne plus voir ce qui vaut d'être regardé. » (Feuillets d’hypnos, René Char)
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