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Septembre 1995

"Il n'y a jamais, à travers les prés comme au flanc des pentes, une solution unique, un chemin exclusif..."

disait Freinet.

Or, aujourd'hui encore, dans nombre d'écoles, de collèges et de lycées, la majorité du temps, est occupée par l'enseignant. C'est là le chemin unique proposé pour accéder au savoir et à la formation: la parole du maître qui sait contre l'écoute de l'élève.
Pourtant, les enfants et les jeunes arrivent à l'école porteurs de leur identité, d'un vécu social et d'un savoir personnel glané dans leur environnement. Ils ont quelque-chose à dire, ils ont besoin d'être écoutés dans leur diversité et ne demandent qu'à aller plus loin.
La violence qui explose ici et là, dans cette société où le travail est devenu un privilège à l'heure actuelle, où la notion même de métier est obsolète, où l'intolérance et le racisme ont désormais de plus en plus droit de cité, n'est que le reflet d'une souffrance, d'un mal-être des jeunes bafoués dans leur droit fondamental à la reconnaissance.
L'Educateur d'aujourd'hui doit savoir briser ce modèle dominant, enseignant tout puissant, enseigné silencieux, qui ne permet ni la variété didactique nécessaire, ni l'apprentissage de la citoyenneté, pourtant de plus en plus urgent à mettre en oeuvre.
Offrons donc le pouvoir-faire aux enfants et aux jeunes, qu'ils soient grands ou petits, de classe sociale aisée ou défavorisée, français d'origine, d'adoption ou étrangers, en reconnaissant leurs droits :
- le droit d'être acteurs de leurs apprentissages
- le droit d'apprendre à leur rythme, en dehors de toute cadence imposée
- le droit de s'exprimer
- le droit de rêver, celui de résister, de rire, de se tromper, d'exister tout simplement.
Et pour cela, avec eux, défrichons les pentes, et ouvrons des pistes...
 
 
                                        Nicole Bizieau
                                     Présidente de l'ICEM