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Les enfants lisent un fax

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Octobre 1995

La correspondance télématique est un moyen exceptionnel de communication, dans la mesure où la rapidité des transmissions est de nature à coller au plus près aux préoccupations des enfants. Reste l'aspect purement di­dactique du traitement de l'information.

Christine Charles, qui travaille en classe unique, nous relate ici com­ment les enfants procèdent. Voici donc la méthode naturelle à l'oeuvre à partir de la télécopie.
Faisant appel à leurs acquis (mémoire), à leurs écrits de réfé­rence, au contexte, c'est dans la bonne humeur, dans un esprit coopéra­tif et avec une aide discrète de la maîtresse qu'ils saisiront tout le sens de cet écrit nouveau.
 
 
La scène se passe dans une classe unique de neuf enfants dont trois au CP et un quatrième handicapé, qui a déjà fait une année de CP. La classe pratique la correspondance par télé­matique et par télécopie. Lorsqu'un fax arrive, je le photocopie et le donne aux enfants.
Les CP ont une correspondance par fax privilégiée depuis plus d'un an avec une classe de CP-CE1 de Pollion­nay,correspondance qui a beaucoup mo­tivé l'entrée dans l'écrilire. Ceci est le compte-rendu d'une lecture de fax par les quatre enfants du cycle II. Un fax est arrivé de Pollionnay la veille, chaque enfant l'a sous les yeux.
Ils reconnaissent le titre et consta­tent qu'il ne s'agit pas d'un envoi des CP, mais des CE1 : prénoms connus puisque les échanges sont réguliers.
 
La recherche
 
Au cours d'une première lecture, les enfants cherchent dans leurs cahiers de lecture la confirmation d'un cer­tain nombre d'hypothèses qu'ils ont pu émettre à partir de cet écrit nou­veau. Cette phase est libre, j'observe du coin de l'oeil le dérou­lement des opérations : recherches, échanges, discussions.
Thomas m'appelle pour que je confirme sa trouvaille ("chercher"), il cherche ensuite "ce" dans son cahier de lecture (le texte comporte "ce n'est pas vrai").
Audrey sort un petit livre personnel qu'elle a présenté le matin même au "quoi de nouveau ?" Elle pense pou­voir y trouver le nom d'un lieu cité dans un des écrits. Elle ne le trouve pas.
Magalie repère que ce mot commence par "mi". Après quelques hypothèses, je donne le nom du village : Millery.
Thomas et Magalie remarquent des mots à ajouter dans nos listes établies depuis quelques temps. Listes du "ma" et du "che".
 
La discussion
 
Une discussion s'ensuit : qui a écrit quoi ? Qui parle de Solène ? Pourquoi ?
La maîtresse : "De quoi parlent les enfants ?"
Audrey : "Yoan parle de Roxie"
Magalie : "C'est son dernier chat"
Thomas : "Non, c'est le premier"
Audrey : "Celui qui est mort ?"
Magalie : "Ah oui, l'autre, c'est Beauty !"
Audrey : "Beauty, ça commence comme bonjour".
La maîtresse : "oui".
Magalie : "Marion parle aussi de son papa, de sa maman, de sa mamie."
La maîtresse : "Qu'en dit-elle ?"
Audrey : "Que son papa va chercher Solène chez sa mamie à ..."
Thomas : "C'est ce mot, là (il montre le mot Millery écrit au tableau). Si c'est un i au lieu d'un a, c'est bien mi comme Millac, Emilie, miaou."
Audrey : "comme Mylène, minette et mimi."
La maîtresse : "Oui, le mot est Mil­lery."
Magalie : "Le papa va manger chez la mamie".
Thomas : "Là, la mique ?" (il s'agit d'un plat local)
Magalie : "Mais non ! C'est là bas, regarde !(Elle montre le mot dans un texte du cahier).
Thomas : "A midi."
Audrey " Avec mi comme mique." (rires)
Magalie : "on écrit les "mi". Allez ! Milou, on fait une liste des "mi".
La liste est écrite au tableau. Les mots sont relus.
La maîtresse : "Et les autres en­fants, de quoi parlent-ils ?"
Audrey : "Yoan dit qu'il a entendu un bruit."
La maîtresse : "Tu es sûr que c'est Yoan ?"
Magalie : "Non, c'est sa maman."
Audrey : "Elle est allée dans la cui­sine."
Magalie : "Dans la chambre."
Thomas : "Dans le grenier".
Julien : "Elle est allée dans la cave."
Audrey : "Elle est allée mettre une ..."
Thomas : "Ma... ch... MACHINE dans la cave."
Audrey : Elle a entendu sss...i...fff..."
Magalie : "siffler !"
Thomas et Audrey : "Sous les ..."
Thomas : "C'est comme escargot !"
Audrey : "Escaliers !"
Thomas : Elle est montée.
La maîtresse : "Non, elle est remon­tée."
Audrey : "Elle a apporté."
Thomas : "Elle a apporté papa ? (gros rire) elle a APPELE papa."
Thomas et Audrey : "C'était une... ça on ne peut pas lire, ça commence comme Magalie. Une ma..."
Julien : "une marmotte"
Magalie : "Les garde-chasse nous ont montré une diapositive".
La maîtresse : "il y a une BT dans la bibliothèque".
Nous regardons la BTJ. Je donne quelques rapides explications sur les moeurs de l'animal.
Thomas et Audrey lisent sans diffi­culté le texte de Marion. Seul le mot "peut-être" pose problème. Je signale que ce mot est mal tapé. Il ne de­vrait pas être coupé.
Julien : "Je sais que c'est peut-être". (Il l'a déjà rencontré l'année précédente).
Julien : "Elle va peut-être revenir ce soir."
Cela se passait en février 1994...
Christine Charles