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Compétence langagière de la lecture ... et production de textes

Février 2011
Au cours du stage organisé par le groupe du Sud-Ouest, Évelyne Charmeux est intervenue pour nous faire part de sa réflexion sur l'écrit et en particulier sur le rapport entre lecture et écriture. Bien sûr, nous avons enregistré quelques petites divergences avec les idées que nous défendons, en particulier sur le texte libre, dont le caractère de " rupture " pédagogique, par le nouveau statut psycho-social qu'il instaure, n'est absolument pas pris en compte. Tout ne se résume pas à la linguistique ...
Compte-rendu par Alain Delsol
 

Rappel.

 

la lecture = système complexe

 

 L'apprentissage ne peut pas être considéré comme un simple déchiffrage. Apprendre à lire c'est apprendre à comprendre. La compréhension est autre chose que des automatismes " magiques ".
 

Donc la mise en place des compétences requiert 3 grands types de compétences.

 


1) Une identification du support (type d'écrit). Comment fait-on pour comprendre, il faut émettre des hypothèses, attentes, éliminer (l'affiche ci-contre va nous servir d'exemple)
 

 Cette représentation d'une affiche publicitaire nous fournit d'abord des indices non linguistiques.

 

Il y a une relation entre ce que l'on voit et ce que l'on sait.
 L'objet porte du sens, il y a ANCRAGE, du nouveau sur ce que l'on sait déjà !
 

2) Relation autour des hypothèses émises dans la phase précédente, maintenant il s'agit d'un travail d'évaluation approximative, interprétation, ce qui implique construction du sens. Compétence sémantique où l'on retrouve hypothèse - vérification - interprétation.

 

L'acte de lire n'est pas linéaire dans l'exemple de l'affiche. Il y a un acte spiralaire allant de l'image/texte/détails. Cette compétence questionne le document ==> c'est le DOUTE MÉTHODIQUE CARTÉSIEN.

 

3) Compétence langagière : intersection de la Lecture et de l'Écriture, il y a une différence entre COMBINATOIRE & DÉCHIFFRAGE. La combinatoire est à considérer comme un système de correspondance phonie/graphie. C'est un niveau de fonctionnement d'une langue, le français, c'est un particularisme, mais c'est également un savoir fondamental.
 

La question est donc de savoir quand travaille-t-on la combinatoire ?

 

Le déchiffrage est une manière d'utiliser la combinatoire, et c'est la plus mauvaise de toutes ! Et cela pour trois raisons selon Evelyne Charmeux :


a) pour prononcer un mot, il faut d'abord l'avoir compris.
(Exemple d'une affiche d'amnesty internationale un homme et une femme avec la légende suivante SIGNER OU SE RÉSIGNER)
Il y a deux lectures possibles le déchiffrage (sige y s r sige) compréhension (sige y s rezige).
b) aspect mécanique de l'apprentissage qui s'oppose à l'acte de compréhension.
c) manière linéaire qui s'oppose à la compréhension, laquelle est un système complexe lié à l'intelligence. La question que pose E. Charmeux est donc à quoi sert la combinatoire et comment l'utiliser ?

 

 Le sens - approché par la contextualisation où un mot non connu par l'enfant " doit " être compris par l'ensemble.

La pédagogie - travail d'approximation c'est à dire de 2iéme compétence (interprétation-vérification-approximation).
La combinatoire renvoie à la complexité de deux graphies (campagne/champagne). Pour E. Charmeux la syllabe, linguistiquement n'est ni un mot ni un sens, donc elle déconseille de l'utiliser.

 

 

Elle rappelle que la dyslexie = un problème d'oralité et non de lecture puisque celle-ci renvoie au sens, donc deux choses différentes à ne pas amalgamer au risque de discréditer la pédagogie. Le traitement de texte est intéressant pour le plaisir et pour la ré-écriture. Elle souligne au passage une contradiction de l'École qui punit en donnant du travail et notamment des lignes de " l'écriture ". et puis s'étonne de la connotation scolarisante de l'écriture. Elle s'oppose au phonème car il faut " reconnaître quelque chose d'abstrait ".

 

Rappelant que E. Feirrerro nous indique que la lettre chez les petits a du sens, pas de .signification globale, étape des lettres est donc importante.

Quelques remarques

 

Et exemples en vrac
 

Elle cite l'exemple suivant en G.S. de maternelle on observe des paquets de farine et on demande aux enfants de chercher le mot FARINE. Beaucoup entoureront également le mot FRANCINE ==> travail avec des rondes, comparaison des mots, ordres différents, nombre...

 

 Elle préconise que l'apprentissage de l'alphabet se fasse fin CP début CE1 (mécanisme compréhension qui entraîne le " mauvais " déchiffrage). Au CE2 travail sur les intervalles ==> Dictionnaire maison se trouve avant/après...
 Elle cite le peintre Maurice Denis :" N'oublie pas qu'avant d'être une femme, ce tableau est une surface plane avec des couleurs. Le principal n'est pas l'argument, l'histoire mais de voir comment les traits, les masses de couleurs évoquent quelque chose. Également un roman n'est constitué que de pages remplies de mots " Julien Sorel... il n'y a pas de psychologie mais des mots qui sont compléments etc." Pour Marin Roques qui fut le maître d'É. Charmeux ce qui l'intéresse c’est comment adjectif, verbe assemblés dans un certain ordre provoquent quelque chose.
 
L'art m'oblige à produire quelque chose en moi.
Le bonheur, la désaliénation c'est de savoir comment est fait un tableau, une œuvre et non l'histoire, l'argument, le motif qui ne constituent que les premiers niveaux de lecture.
 
Rappel des 4 fonctions de l'Écrit

communiquer, agir sur : ordre du projet
- conserver des traces : ordre de la mémoire
- donner forme à la pensée (inverse de ce que disait Boileau) : ordre de la dimension transversale.
-,fonction ludique, expressions, contraintes des règles de jeux.

 

Claude Hagège indique 3 points de vue d'écriture :

 

a) De la situation qui l'a produite (donnée pragmatique), qui parle à qui-où-quand- et pour obtenir quel résultat ?
b) Point de vue du sujet sémantico-référentiel
c) Point de vue Morpho-svntaxique (règles d'écriture)

Pour produire un texte je rentre par la situation (a) avec (b) ou sans le sujet. On peut également produire de l'écrit avec (c) avec le sujet ou pas confer. l'OULIPO . 

 

Un sujet de réduction n'est ni le (a) ni le (c) Écrire des écrits lors du retour d'une classe transplantée serait d'encourager la variabilité langagière = les mêmes enjeux même quand les destinataires ne sont pas les mêmes. (écrits pour l'institution, les parents, les autres enfants, les fiches techniques...)

 

Ne pas oublier que l'objectif pour le Collège c'est le texte littéraire = règles d'écriture, c'est à dire comment c'est écrit, choix narratif résolution de problèmes.
CR. Alain Delsol.