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Utilisation d'un correcteur orthographique en classe

Février 2011
Un des problèmes de la pratique du texte en classe sur lequel j'ai beaucoup réfléchi, est d'obtenir de l'enfant une attitude aussi active au moment de la correction qu'au moment de la rédaction.
Ayant découvert les possibilités des correcteurs orthographiques intégrés maintenant dans la plupart des traitements de textes informatiques, j'ai pensé que cet outil, loin de supprimer tout effort de relecture et de réécriture comme son nom voudrait le faire croire, conduisait l'enfant à s'interroger, à prendre du recul par rapport è son premier jet d'écriture.
 

L'exemple que je me propose d'analyser est un texte qui a été écrit par François, élève de CM2, suite à une prise de notes au cours de la projection d'une émission de la télévision scolaire.
Le travail s'est déroulé en trois phases :
- écriture du texte au brouillon d'après les notes personnelles
- frappe du texte à l'ordinateur sous correcteur orthographique (en sélectionnant l'option " vérifier à la saisie" , l'ordinateur réagit immédiatement par un bip sonore après la frappe d'un mot et chaque fois qu'il ne reconnaît pas une forme.)
- travail collectif de réflexion sur le texte " corrigé " par l'ordinateur.
Brouillon :
Le climats Bingla Desh tropical les températures sont chaudes toute l'anne.

Texte tapé à l'ordinateur :
Le climat du Bengladesh est tropical, les températures sont chaudes toute l'année.

Le simple recul de François à la frappe de son texte a permis :
            de rajouter les mots " du " et " est "
            de placer une virgule absente au brouillon
            de supprimer le " s " de climat
 
Lorsqu'il a tapé " l'anne " l'ordinateur, par un bip sonore, lui a signifié qu'il ne reconnaissait pas cette forme. La touché " HELP"  du clavier l'a renvoyé immédiatement à la consultation du dictionnaire, espace dans lequel il a reconnu la forme " année"  comme celle correspondant à ce qu'il souhaitait écrire.
 
(image 1)
 
 Brouillon :
il y a une-saison sèche en hiver et une saison humide en été c' est la mousson .La mousson est un vent, qui soufle d' avril a septembre il s de l' océan vèrs la terre en apportent des pluis abondente.
Texte tapé à l'ordinateur :
I1 y a une saison sèche en hiver et une saison humide en été c'est la mousson. La mousson est un vent qui souffle d'avril a septembre de l'océan vers la terre en apportent des pluies abondante.
Ici, François a de lui même :
- mis la majuscule à " il y a "
- supprimé " il s " qui devait signifier " il souffle " au premier jet et qu'il a reconnu comme une répétition
Le correcteur orthographique, après bip sonore et appui sur la touche HELP, l'a conduit aux choix suivants :
* vers                        au lieu de                      vèrs
* pluies                      au lieu de                      pluis
* abondante               au lieu de                      abondente
* souffle                     au lieu de                      soufle
 
Par contre François n'a pas corrigé " a ", " apportent " et " abondante ", l'ordinateur reconnaissant, lui, ces formes comme existantes et donc possibles.
A ce stade, il est intéressant de constater que, placé devant le choix des formes " ver vers vairs verse " que lui propose l'ordinateur, François choisit la bonne, preuve qu'il reconnaît parfaitement ce qui lui convient dans sa phrase vraisemblablement en faisant appel à sa mémoire visuelle.
 
Brouillon : 

... les gens construise des redeaux avec des trons de bananiers, se réfugit sur les toits ou dans une grand maison qu' ont construit sur une bute et qui. serre dabrit colectif .


Texte tapé à l'ordinateur :
...les gens construise des radeaux avec des troncs de bananiers, se réfugient sur les toits ou dans une grand maison qu'ils ont construit sur une bute et qui serre d'abri collectif.
 
Ici de nombreuses remarques s'imposent. Le correcteur, s'il a proposé facilement de remplacer " trons " par " troncs"  et " colectif"  par " collectif ", n'a pas proposé à François de formes valides pour " dabrit ".
François a donc dû proposer dans le menu " Corriger/consulter " d'autres formes et notamment la séparation avec l'apostrophe, pour trouver la solution : en entrant " abrit ", il a trouvé " abri " comme mot proche.
Logiquement, l'ordinateur ne l'a pas alerté non plus sur les formes " grand ", " bute " et " serre ".
 
(image 2)
 
Par contre le logiciel lui a permis de conjuguer le verbe se réfugier, même si le pronom personnel n'est pas fourni et qu'il peut paraître bizarre de voir le verbe conjugué à la forme transitive. Ce défaut mis à part, cette option qui permet d'obtenir les formes conjuguées d'environ 6500 verbes (dont 400 verbes du troisième groupe et une cinquantaine de verbes défectifs) se révèle très efficace.
 
(image 3)
 
C'est aussi grâce à cette partie du logiciel que François constatera un peu plus loin que si l'on écrit inondassions il s'agit du verbe inonder et que inondations est un nom. C'est d'ailleurs en constatant que sa réflexion portait sur la nature grammaticale du mot dans sa phrase que j'ai pris conscience de l'intérêt du fonctionnement du logiciel.
 
(image 4)
 
            L’option «conjuguer un verbe» permet d’accéder à cet écran: le verbe est entré à l’infinitif et l’enfant peut consulter les formes conjuguées en cliquant sur les temps à gauche de l’écran. Les formes s’affichent instantanément au centre de la fenêtre.
 
(image 5)
 
(image 6)
 
Pour la troisième partie du travail, j'ai surligné toutes formes mal orthographiées, photocopié et distribué un exemplaire du texte à chacun des enfants du CE2 au CM2.
Et ensemble, chacun à son niveau, il s'est agit de répondre à la double question : pourquoi l'ordinateur a-t-il laissé passer telle forme et comment peut-on l'écrire correctement.
            Ainsi devant le texte calligraphié de cette façon
 
«...La mousson est un vent qui souffle d'avril a septembre de l'océan vers la terre en apportent des pluies abondante. En hiver, de novembre à mars, la mousson souffle en sens inverse, provoquent la saison sèche. Pendant la saison des pluies, les fleuves débordent et inondent les champs et les villages : les gens construise des radeaux avec des troncs de bananiers, les gens se réfugient sur les toits ou dans une grand maison qu'ils ont construit sur une bute et qui serre d'abri collectif. "
j'ai noté les commentaires suivants :
- d'avril à septembre, il faut un " a " avec un accent parce que c'est comme novembre à mars. Ce n'est pas le verbe avoir. (CE2)
- l'ordinateur a laissé " serre " parce que ça existe : la serre ou le verbe serrer. (CM)
 

 

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