Mon expérience à l'école de La Roquette sur Siagne (06) m'a permis de développer considérablement cette créativité, ce que le système éducatif conventionnel, auquel j'ai été plus tard confronté, n'aurait pas permis. Les «mentions d'échec» que j'y ai subies n'étaient en réalité que le décalage constaté entre ce qui est acquis et ce qui doit l'être.
J’ai longtemps pensé que mon travail serait un moyen de me préserver du monde et d’interroger mon « propre univers », mais en réalité, j’ai très vite compris que mon engagement artistique était tout naturellement lié à une vocation plutôt qu’à la réaction contestataire de mon individu.»
Atelier : le trophée, 2002
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Bas-reliefs, fer : « Machine à sons », 184x60x85 cm., 1998 « Poupée russe », 57x25x25 cm., 1998 « ET », 117x31x30 cm., 1999.
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Et votre approche de l’Ecole des Beaux-arts ?
« Je crois que ce qui est acquis dans les prémices de l’enfance ne s’altère pas, au contraire ; l’adulte exacerbe ce qui est inné, même si l’éducation façonne quelque peu. Mon expérience aux Beaux-arts me semblait trop dirigiste et j’étais persuadé de perdre ma spontanéité d’enfant. J’ai donc décidé d’ignorer totalement les procédés académiques au profit du développement du geste à l’état presque originel, afin de préserver l’expression instinctive. »
Par la suite, Frédéric Lanovsky rejoint Paris pour quelques années où il sera coloriste dessinateur dans la mode. Il fabriquera, en parallèle, des petits personnages de 20 à 30 cm, à l’armature de fil de fer, recouverts de terre et peints à la gouache, qui préfigurent déjà son style.
De retour dans le Sud, l’obsession de la sculpture ne le quitte plus guère. Frédéric Lanovsky donne alors naissance, il y a une quinzaine d’années, à d’immenses personnages hauts de 3,50m, en résine et aux couleurs vives et gaies. C’est la période longs-bras des personnages que Frédéric Lanovsky faisait déjà vivre sur le papier dans ses dessins d’enfant et au travers de ses aquarelles d’adulte.
Après cette première étape, il a réalisé de nombreux bas-reliefs en fer et en résine, aux formes insolites, lumineuses, tournantes, sonores, pleines d’humour et de fantaisie, animées d’un moteur ou même d’une manivelle. Ces mobiles lui permettent d’approfondir sa recherche vers la transparence, la couleur et seront suivis d’une série d’appliques lumineuses, avant de revenir vers des personnages de taille humaine (1,75m), qui ont chacun leur individualité (tels Valentine, Lady Gwendoline, etc.). |
Peut-on évoquer une rupture entre votre création d’enfant et votre travail aujourd’hui ?
« On ne peut parler de rupture, je suis toujours la même personne, mais mon travail a forcément évolué. En retrouvant mes dessins d’enfant, je prends conscience que certains permettent de repérer que mes personnages réalisés récemment étaient alors déjà en gestation. Tout de même, on peut constater une évolution dans mes aquarelles actuelles. Leur contenu est plus riche, il y a plus de matière à résonner, plus de manifestation de mon monde intérieur.
Ce qui m’importe le plus, c’est d’être en corrélation avec moi-même et de sculpter mon futur, le plus naturellement possible ».
Qu’est-ce qui déclenche l’œuvre ?
« Faire ce que je fais est une nécessité. Ce peut être une idée dans la tête que je visualise d’emblée, avec formes et couleurs. Les rêves m’aident aussi beaucoup. La nuit, il se passe plein de choses... »
Quel est le rôle de la couleur ?
« La couleur a énormément d’importance : c’est la vie. La couleur, c’est un jeu. C’est comme pour un alchimiste qui fait ses mélanges. Une couleur en appelle une autre. Il y a une dynamique qui se crée, une subtilité aussi pour leur utilisation, car il s’agit d’atteindre un équilibre. Il faut oser des assemblages non conventionnels. Peindre la sculpture est une manière de l’habiller et de lui donner vie. »
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