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Claude Courtecuisse

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Mai 2006

 

 


Claude Courtecuisse

 

                                  

 

En regardant les photographies de Claude Courtecuisse, il s’offre à nous une évidence, les composantes du tableau nous sont connues, voire familières : globe, verre en plastique, assiettes colorées, figurines,… Les objets de notre quotidien nous parlent. Ils apparaissent là, figés, neutres, mis au devant de la scène, comme "portraitisés" par l’artiste, pour leur donner leur propre photo d’identité. Une identité qui se veut différente de leur "origine" première. D’objets utiles, ils passent au statut d’œuvre d’art. Mais cette mutation ne se fait pas seule ; les assiettes, les verres et autres ustensiles sont choisis et assemblés dans une construction verticale organisée. C’est ainsi que l’on retrouve un nain au sourire narquois juché sur une tour de bols en déséquilibre, ou un cycliste perché au sommet d’un globe amorçant sa descente,… Certains résumeraient ceci par une accumulation mais il n’en est rien. Dans chacune des compositions de l’artiste, il règne un ordre bien établi ; dans l’agencement des objets mais également dans la composition finale, celle qui vient après la prise de vue. En effet, les photographies d’un même "thème" (le thème étant déterminé par la "toile de fond") sont choisies et organisées sur un tableau global comprenant au total 35 photos (7x5). Le nombre d’éléments constituant l’assemblage varie lui, selon les compositions.

Le rendu "ordonné" brouille le regard : on obtient une démultiplication de ces "architectures d’objets" qui semblent similaires les unes des autres mais qui sont toutes subtilement différentes.
Ces assemblages ne sont pas sans rappeler certaines des œuvres antérieures de Claude Courtecuisse : les grands dessins d’architectures représentant des coupoles, des tours et autres éléments de constructions « classiques ». On pourrait d’ailleurs se demander quelle série a précédé ou influencé l’autre, car en y regardant de plus près, notre regard déniche un presse agrume, une tasse ou un cendrier venu en renfort composer une des strates de l’architecture. La mise en volume ne tardera pas, elle se fera minutieusement par des montages de petits morceaux de bois, taillés et assemblés les uns aux autres. Et ces petits éléments se retrouveront en dessins sur des planches retraçant en couleur ces compositions. On peut ainsi dire de l’artiste qu’il fait le "tour des choses" - ou devrait–on dire des objets - travaillant la composition en multipliant les manières et les matières.

Comme nous l’avons vu précédemment, tout ceci se réalise en rythme, car si l’artiste démultiplie ses possibilités d’actions, il maintient une organisation précise. Dans chacune des compositions, le nombre apparaît important, est-ce dans une esthétique de l’ordre ou par une quelconque superstition ?

Il reste certain que dans ces photographies, l’agencement (ou le rangement) et l’image produisent un désordre visuel coloré et systématique qui nous rappellerait presque certaines œuvres du Pop Art.

 


Extrait du livre Claude Courtecuisse, côté piles de Gérard Durozoi.

 


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