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Le deuxième projet de l’année : peinture et modelage

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Mars 2006

 

 

 

 

Le deuxième projet de l’année : peinture et modelage

 

Le point de départ de ce projet c’est ma propre rencontre avec des adultes en situation de handicap lors du vernissage de leur exposition de peinture. Au cours de ce vernissage, je ne me sens pas très à l’aise et ne sais trop quelle attitude prendre quand ils viennent spontanément vers moi, mais très rapidement naît le désir d’apprendre à connaître ces adultes, en réalisant ensemble des activités en arts plastiques.
Je prends contact avec l’éducatrice et nous convenons de présenter cette expérience aux adultes et aux enfants comme une activité d’entraide; les adultes étant les tuteurs pour les enfants, en particulier dans le groupe travail de l’argile que les adultes connaissent bien mais les enfants pas du tout, les enfants partageant leur expérience en peinture.
Comme nous travaillons sur le thème Monstres et dragons, en littérature de jeunesse, ce même thème est retenu pour ce projet.
Un groupe réalise des peintures collectives, l’autre travaille l’argile: assiettes, pots, personnages ou autre.
Lors de la première séance, chacun se présente. Les adultes parlent de leur travail au C.A.T.
Des sourires de part et d’autre mais l’atmosphère reste un peu froide.
L’activité démarre. Dans chaque groupe, enfants et adultes se penchent sur la même activité mais il y a peu d’échanges. On se quitte. Je suis un peu inquiète : comment cela va-t-il évoluer ?
A la deuxième séance, Lolita, une petite fille qui a fêté ses 6 ans la veille, distribue les bonbons qu’elle a tenu à garder pour les adultes : une barrière vient de tomber, des bisous, des promesses d’adultes: «Je t’apporterai un dessin en cadeau».

 

 


Au cours des séances qui suivent, des liens s’installent.
En règle générale, les enfants s’attachent aux adultes avec lesquels ils font l’activité.
De nombreux échanges : dessins, bonbons.
Yvon fête ses quarante deux ans. Nous lui fabriquons un lapin en pâte à sel.
Pour clore ces échanges, nous organisons tous ensemble un goûter (fabrication de gâteaux, décors de table, etc.) C’est une vraie fête et la séparation est un peu difficile. Une jeune femme demande : «Est-ce qu’on reviendra un jour peindre avec vous ?»
Finalement, les échanges sont très fructueux et l’éducatrice qui connaît bien les adultes les trouve rayonnants.
Ils parlent beaucoup autour d’eux de ce qu’ils font avec les enfants, fiers d’être utiles et conscients d’être appréciés.
Les enfants, à chaque fois, attendent avec impatience la séance suivante. Ils sont heureux d’être ensemble.
Réflexion d’une petite fille à sa maman : «La maîtresse nous a expliqué que ces adultes sont handicapés, qu’ils ne parviennent pas à faire certaines choses, mais c’est faux. Ils ne sont pas du tout handicapés, ils ont seulement une drôle de voix et ont du mal à dessiner.»


Le troisième projet de l’année : Les monstres
Au départ, un concours, proposé par un quotidien pour enfants, demande de créer des animaux marins à partir de déchets recyclables.
Si l’idée séduit les enseignantes, il n’en est pas de même pour les conditions de l’opération.
Malgré tout, le projet fait son chemin et aboutit à une opération du même style, sans participation au concours, c'est-à-dire la création de monstres à partir de déchets recyclables. La structure initiale est constituée, pour tous les groupes, de caisses en carton.
Pour ce faire, nous expérimentons pendant trois semaines une organisation différente dans l’école : avec des groupes multi-niveaux de vingt-huit enfants chacun, groupes fixes pendant toute la durée du projet.
Dans la salle, les gros cartons et tous les déchets apportés par les enfants sont étalés. Ceux-ci font des propositions que l’on essaie de réaliser ensemble (il faut trouver les solutions pour la mise en place : colle, fil de fer, crochet, etc.).
Chaque jour, le nouveau groupe transforme, selon son inspiration, ce qui a été réalisé précédemment.
Très vite s’installe, entre petits et grands, un fonctionnement d’entraide, de tutorat ; les grands réservant aux petits certaines tâches plus à leur portée (collage de papier de bonbons, de petits éléments en volume).
Dans les ateliers avec les adultes en situation de handicap, les enfants ont su privilégier la relation plus que la production finale. Ils ont appris à porter un regard différent sur les êtres humains et sur leur environnement.

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