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Expression - Création - Coopération

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Décembre 1999

 

 

 

 

 

Quelles solutions proposerait donc la classe coopérative ?

 

Daniel Favre – Une éducation ou un dispositif scolaire qui permettrait à l’élève d’exister avec des émotions, permet de développer (on l’a fait à titre z expérimental et l’on a prouvé que ça marche) le langage intérieur dans sa capacité à réguler et à autoréguler les comportements. Autrement dit, au lieu d’avoir un passage à l’acte, on aura un passage par l’intermédiaire du langage intérieur, qui peut être ensuite extériorisé […] Une fois qu’on a travaillé avec les adolescents, ils sont capables de s’exprimer ainsi et de substituer cette parole à l’acte violent. Donc je pense qu’un système éducatif devrait permettre à l’élève d’exister avec tous es ressentis, plutôt que de dire : « L’émotion ici on n’ en a pas, on s’occupe du cognitif et l’émotion va être régulée, contenue. »
Maîtriser l’émotion, c’est un peu tuer une partie de nous-mêmes. L’émotion, c’est notre contact avec le mouvement de vie, et ce mouvement est fluctuant. S’il n’y a personne à l’extérieur de nous, pour permettre d’accompagner ce mouvement de vie, il a tendance à être canalisé, à être retenu au fond de nous, et pour ne pas être trop mal, la violence semblerait être une réponse… D’où l’idée de ce qui a été dit précédemment, d’une imprégnation profonde avec d’autres valeurs ou d’autres façons d’être, qui montrerait qu’il y a du plaisir à se sentir plus fort quand j’aide l’autre à être plus fort. Et là, on fait référence aux valeurs de coopérativité… Pour conclure, je dirai qu’il nous faut un système scolaire qui développe conjointement l’intelligence cognitive et l’intelligence émotionnelle, une administration géniale et progressiste prête à se remettre en question pour faire évoluer la société, et à attendre que les enseignants changent. Il est urgent qu’il y ait un débat sur les valeurs, chercher à quelles valeurs nous voulons que notre société donne la priorité, et il faut cesser d’attendre que cela vienne des autres et dire que soi-même on ne peut rien faire.

 

 

Clem Berteloot – Ce qui m’intéresse, c’est l’histoire de l’homme, l’homme qui est en perdition comme disent certains de nos contemporains. Il faut sauver « l’hommerie ». Dans cette période de violence, de pollution, de surconsommation, de délinquance, de criminalité, il me semble nécessaire de donner à l’homme la possibilité de crier sa misère. L’enfant qui approche de l’an 2000 n’est guère, dans son essence, différent de ceux qui l’ont précédé. Les aspects extérieurs des créations diffèrent selon la conjoncture sociale, technologique, familiale, mais elles traduisent toujours l’invariance des démarches intérieures. Permettre de lancer des cris, les écouter, les analyser, décrypter la souffrance au travers d’œuvres loin des canons habituels comme dans les tags ou dans le rap devraient être les premières obligations de l’éducation. Sinon la bande et la délinquance apporteront des solutions. Reconnaître tout ce qu’il y a en eux de positif et surtout leur en faire prendre conscience devant les autres, reconnaître leurs droits, et leurs devoirs suivront automatiquement.
L’isolement et la solitude deviennent irréversibles et le désintérêt pour quoi que ce soit s’accentue. Mais comme disait Freinet il y a longtemps : « La vie est, et c’est un devenir ! » C’est ce devenir qui doit expliquer notre pédagogie. En cette période de technologie galopante, des techniques de vie instinctives sont irrémédiablement dépassées. Et c’est pourquoi je vais dire quelque chose que je dis partout où je vais : contrarier ces démarches que j’ai expliquées tout à l’heure, qui sont des démarches fondamentales pour la construction de l’être, contrarier ces démarches de vie et croire que le temps accordé aux activités créatrices, c’est du temps volé aux leçons et aux devoirs, seules bases de l’évaluation, c’est enfermer l’enfant dans un conformisme passé et stérilisant, c’est l’amener à une spontanéité tapageuse, à une révolte incontrôlable et incontrôlée, c’est le contraindre à la négation de ses possibilités, c’est tarir sa propre source.

L’intégralité du compte-rendu de cette table ronde a paru dans le Nouvel Educateur n° 106 de février 1999.

Enseignants du Gard ayant participé à l’exposition :
Bruno Andrieu : Ecrire un roman policier
Pierre Babay : Créations technologiques
Mado chevreuil : Créations en volume
Elizabeth Dumas : Création de conte
Isabelle Godefroy : Masques, portraits-bocaux
Yseult Goudard : Vivre ensemble la coopé
M. F. Joseph : Décorer un transfo
Francine Prat : Créations en argile
Dominique Quet : Créer, imprimer nos poèmes
Catherine Rousson-Carrière : Boîtes peintes
Jean-Louis Tourvielle : Mobiles
Bernard Trinquier : Création d’un livre-poème, de statuettes en carton

Quelques-uns de ces travaux feront l’objet d’une publication intégrale dans la revue ultérieurement.

 

 

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