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Le livre de classe

Mars 2011


Voici un petit texte d’Alain Delsol paru dans le bulletin du groupe audois.
Plus interrogatif que provocateur, il pose le problème du manuel scolaire, outil de référence et de stabilité dans un système scolaire livré à l’instabilité sociale, familiale, économique et peut-être pédagogique à l’heure de la mise en place chaotique des cycles d’apprentissage.
 

 

En ce début d'année à l'occasion de nos premières rencontres nous avons pour habitude dans le cadre de l'ICEM-Aude de rédiger un bulletin. Chacun s'y consacre par un article, un billet d'humeur, une anecdote ou un compte-rendu. C'est également un moyen de rappeler une des caractéristiques du mouvement de l'Institut Coopératif de l'École Moderne ; le journal scolaire ; outil de communication, de socialisation et de formation d'individu.
J'ai essayé de réfléchir à propos d'un outil pédagogique qui reste, toujours, décrié au sein de l'ICEM, le livre scolaire. Compte tenu de l'évolution de notre société, des mélanges qui s'y produisent, la " démocratisation " qui s'y poursuit, l'arrivée d'enfants de cultures différentes, l'instabilité sociale, familiale et économique ; toutes ces contraintes rendent au livre de classe des qualités de stabilité. Réflexion personnelle qui, bien sûr, n'est pas partagée par le groupe audois.
Si l'enseignant reste un " meuble " sur lequel peut se reposer l'enfant, le livre peut l'être également non pour l'enseignant mais pour l'élève. Certains livres sont des véhicules unitaires. Je ne partage pas l'idée ni du morcellement des repères ni celle portant sur la relativité des valeurs universelles. J'ai retenu une citation mais pas l'auteur qui disait :
" Une société qui a perdu l'arrogance de sa culture n'est plus à même d'intégrer ".
Ceci dans le droit fil d'une École qui garde pour mission première de supplanter aux coutumes, aux préjugés, aux obscurantismes, aux opinions, la Pensée, celle de Platon des Encyclopédistes et de Descartes, Pensée qui procède de l'ironie du doute et de la raison.
On peut regretter que le mot nouveau de professeur d'école efface ce substantif d'Institution que revêtait si bien le mot Instituteur. Encore un repère qui s'évanouit ; par définition un professeur c'est quelqu'un qui enseigne une matière, une discipline.
Le livre n'est pas nécessairement totalitaire, il n'est pas forcément une ligne de chemin de fer. Ne donne-t-il pas lieu à réfléchir sur la manière dont il a été construit ? Que vais-je choisir ? Comment les auteurs ont-ils fait leurs progressions par rapport aux I.O ? Ne peut-on faire des choix avec les enfants?  N'y a-t-il pas là une occasion de mise en place de l'autonomie entre l'enfant et le livre ? Au fait lorsque nous parlons d'autonomie à quoi pensons-nous au juste?  Jusqu'où va notre pensée quand nous y référons ?
Je termine ma série de points d'interrogations. J'ai essayé, non de mettre des points sur les "i" au-dessus de quelques affirmations personnelles mais d'ouvrir le livre de classe sur quelques questions ouvertes également sans avoir la moindre prétention de pouvoir y répondre.
Alain Delsol

 

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