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Un petit memento de grammaire, pourquoi ? comment ?

Mars 2011
L'évolution de mon travail en grammaire a été conditionné à la fois par l'importance croissante que j'ai attachée à l'expression orale et écrite et par le double constat de l'inefficacité de l'étude grammaticale dans l'enrichissement de la langue et des maigres performances à long terme de cette activité dans la discrimination des connaissances métalinguistiques en situation d'autonomie. Au collège après 6 à7 ans de grammaire à haute dose, les enfants " mélangent " encore beaucoup de choses .
 
 
II n'est pas ici possible de raconter cette évolution, mais elle a été marquée par l'abandon progressif des leçons bien ficelées longuement mijotées à l'aide des grammaires nouvelles successives (Genouvrier etc...).
II n'en reste pas moins que mon rôle d'instituteur de CM2 me contraint à " faire " de la grammaire pour que les enfants qui me sont confiés partent au collège avec des connaissances grammaticales honorables.
Actuellement mon travail en grammaire s'articule sur plusieurs points.
 
1 Grammaire casuelle.
On peut entendre par grammaire casuelle, l'étude puis la fréquentation occasionnelles des concepts et des terminologies grammaticales dans des situations diverses. (Remarques brèves, pointage ou rappel de connaissances.)
II s'agit ici d'une utilisation de la terminologie en situation fonctionnelle dans les activités d'expression écrite. Cette utilisation se fait soit dans le cadre de consignes pour créer un petit texte. (Atelier d'écriture)
exemple : " donne moi un adjectif... un nom féminin... un participe présent..."
Soit après lecture des textes, sous la forme de remarques très rapides.
- à quel temps est le verbe ?
- tu as bien formé un passé simple, mais sa cette Forme est incorrecte (ex : il porta)
- ce pronom, quel mot remplace -t-il ? ...
En aucun cas ces petits instants de grammaire ne font l'objet d'une longue exploitation.
 
2 Quelques leçons " incontournables ".
J'avoue que je n'ai pas de théorie bien pensée sur la grammaire en général et que ma stratégie est purement pragmatique.
C'est pourquoi je continue à faire une dizaine de " leçons " dans l'année concernant des notions importantes. Le déroulement est classique : manipulations de permutation, de substitution, coordination, subordination.
Ces séquences d'activités grammaticales me permettent d'en proposer un résumé sous la forme d'une feuille mémento.
 
3 Le mémento de grammaire.
Ce qui a motivé la mise au point de ce mémento, c'est le constat de voir les enfants confondre les connaissances soit disant assimilées l'une après l'autre. (Ah ! Que notre vision cartésienne est parfois illusoire !)
Plutôt que de me morfondre sur cet échec, il m'est venu à l'idée de créer un petit répertoire référence dont l'utilisation permettait à l'enfant de se fabriquer des repères.
Concrètement, de temps en temps nous nous entraînons autour de la table des leçons à des recherches grammaticales sur des textes divers avec l'aide du mémento. Cette étude de texte recouvre des activités de lecture, vocabulaire et bien sûr de grammaire avec le " mémento " sous les yeux. Soit 50 minutes environ tous les 15 jours. Est-ce du bachotage ? je ne sais pas.
Cette activité, qui concerne une douzaine d'enfants, permet une certaine recherche, entraîne des réponses contradictoires et des justifications de réponses.
Ne serait-ce que sur le plan de la discussion critique, ce travail ne me parait pas inintéressant.
Les exemples choisis dans le mémento ont-ils valeurs de modèles ? Induisent-ils des représentations mentales ? Je n'ai pas suffisamment approfondi cette pratique pour le dire.
 
4 Éveil linguistique Provoquer la curiosité, inquiéter la raison.
J'ai essayé de susciter un éveil linguistique de façon un peu plus intelligente (merci Denis Roycourt) en proposant des situations problèmes où la variation de structure grammaticale entraîne une modification du sens.
Exemple de travail sur la ponctuation : Le maître dit : " Ahmed est sympathique ". « Le maître, dit Ahmed, est sympathique.» Travail sur la pronominalisation, sur les connecteurs, sur la concordance des temps, sur ta valeur d'un temps, etc ...
Je dois avouer que je suis pauvre en situations intéressantes.
De la même façon cette approche plus textuelle de la grammaire se fait aussi à l'occasion de mise au point de texte, pratique qui n'est pas systématique dans ma classe.
En conclusion je n'ai pas beaucoup de certitudes en matière de grammaire ; ma stratégie est plus basée sur une diversification des approches plus que sur une théorie générale que je mettrai en application de façon systématique.
 
Commentaires sur le mémento.
J'ai volontairement abandonné certains termes pourtant très habituels pour centrer l'analyse autour de concepts simples :
 

Complète le nom, le verbe, la phrase.

 J'ai aussi abandonné le mot de complément d'objet second qui ne me paraissait pas d'un intérêt fondamental (le mot, pas la structure), ainsi que celui d'épithète (Aie ! Aie ! J'entends déjà des cris horrifiés !) qui devient une forme de complément du nom. Le complément d'agent a été baptisé " faux complément ".
Ce tableau simplifié suscitera peut-être des critiques, mais il m'est utile au moins pour rassurer les parents et les enfants (et le maître pour lequel il est un " garde-fou ") dans cette discipline phare de la " scolarité classique ".
 

Jany Gibert Novembre 90


'Peut-être faudra-t-il évaluer un jour le rendement réel des activités de grammaire en fonction du temps qui leur est consacré. (75% environ du temps réservé au Français au CM)
 

 

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