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Mimi Guillam, cahier de vie d'une institutrice

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Deux notes de lecture

1. Guy Goupil

Un livre tonique.
Récit par une ancienne adepte des principes de la pédagogie Freinet.
 
Voilà un livre tonique tout entier rempli d’humanité, non pas de cet humaniste déclaratif essentiellement centré sur la protestation ou la dénonciation, non, c’est sans bruit inutile, sans appels tonitruants, dans l’action permanente de tous les jours que nous plongent les souvenirs de Mimi Guillam. Même si on peut penser que, comme dans tout témoignage, certains faits peuvent se trouver quelque peu altérés avec le temps (par exemple; Baloulette, n’a jamais été le surnom d’Elise Freinet, de même pour la supposée spécialité d’Elise concernant les classes maternelles.) l’ensemble de l’ouvrage montre l’engagement d’une femme dynamique. On la voit entièrement dévouée à tous ceux qu’elle pense être dans le besoin ou dans la peine, sans pour autant s’oublier elle-même, sans oublier les siens, dans un équilibre de vie admirable.
Pionnière de la pédagogie Freinet ?
Elle fut certainement parmi les premières avant la guerre à rejoindre Freinet. Fut-elle pionnière militante dans le Mouvement ? Nous ne l’avons pas rencontrée dans les groupes Freinet d’après guerre. Sans doute vivait-elle la pédagogie Freinet dans son univers qui dépassait, bien au-delà, le petit espace de sa classe et dans lequel elle avait tant à faire qu’il suffisait sans doute à remplir son temps.
Pour nous, qui avons connu ces temps de guerre et l’Ecole Normale, ces souvenirs sont un peu les nôtres. Ils nous replongent dans notre propre passé et d’une certaine façon, dans nos propres engagements. Nous les avons vécus différemment mais toutefois nous nous y reconnaissons et nous avons bien des relations communes, Camille Belliard et « L’Amitié par le Livre » par exemple. Nous avons bien connu les Auberges de Jeunesse, même si nous avons davantage pratiqué les premiers temps du camping comme elle les a décrits.
Nous saluons son courage dans les temps difficiles de la guerre et en mesurons la grandeur car nous avons vécu les angoisses des bombardements et des mitraillages.
De plus, le livre est écrit dans un style simple et souvent aussi quasiment poétique, ce qui est bien agréable.
Les plus jeunes d’entre nous profiteront aussi sûrement de ce récit, celui d’une femme exemplaire.

Guy Goupil

 

2. François Perdrial
 
Catherine École-Boivin, historienne et mémorialiste, est venue passer 3 journées au secrétariat national de l’ICEM en octobre 2009 pour connaître et comprendre la pédagogie Freinet. Elle a rencontré durant ces trois jours, les deux secrétaires de l’ICEM Nathalie et Sarah, Catherine Chabrun, Jean Le Gal et François Perdrial. Elle est entrée, ensuite assez souvent, en contact téléphonique avec Guy Goupil, président des Amis de Freinet  
En effet Catherine travaillait sur la biographie de Mimi Guillam qui fut une des pionnières de la pédagogie Freinet en classe de maternelle dans le Calvados.
 Emilienne dite Mimi Guillam, épouse Denis, vit encore, âgée de 94 ans et a permis à Catherine de publier, avec son aide sa biographie. 
Dès son entrée à l’École Normale de filles de Caen, en 1933 (promotion Vestale 1933-36 , tout est dit dans ce nom !), Mimi Guillam s’intéresse et lit l’École Emancipée. Profondément pacifiste, elle adhère tout naturellement aux idées de Freinet. Elle se cache, de ses professeurs d’EN pour lire toutes les revues d’éducation nouvelle. En même temps elle s’intéresse et participe ensuite, au mouvement des Auberges de Jeunesse.  
Dans sa classe de l’école maternelle de Saint-Pierre sur Dives, en septembre 1936, elle pratique la pédagogie Freinet, chamboulant l’espace de sa classe, ce qui irrite profondément sa directrice.  
Elle va, en vélo, participer au congrès de la CEL à Orléans en 1938 et est prise en photo avec Célestin Freinet (cette photo figure sur la couverture du n°15-16 de mai 1938 de l’Éducateur Prolétarien et est reprise dans la partie photo du livre).  
Végétarienne, elle pratique la pédagogie Freinet et la méthode Hébert de gymnastique.
Elle épouse un militant associatif Robert Denis après la guerre, enseignant à l’école de garçons et celui-ci pratiquera l’imprimerie à l’école et la correspondance scolaire. Il imprime un journal scolaire mensuel Les Goélands
Mutée, à a sa demande à Caen, Mimi Guillam devient directrice de l’école de la Pigacière. Caen est en pleine reconstruction, et son école est faite de baraquements.
Toute sa vie Mimi Guillam fut une pacifiste, et une humanisme. Un bel exemple pour les générations futures.
 Les points forts de ce livre : la description de l’EN en 1933-1936, le chapitre Célestin Freinet, Mimi et ses 34 enfants dans la tourmente de la guerre en juin 1944 prise dans la « poche Falaise-Argentan », et les multiples détails d’une vie passée pas si lointaine, dans laquelle beaucoup d’entre nous se retrouvent..
 Naturellement ce livre « raconte » la vie privée de Mimi Guillam et n’est pas uniquement la vie professionnelle d’une institutrice, mais l’un est l’autre était tellement imbriqué que l’on se laisse aller à le lire avec plaisir.
Toutefois, une erreur Baboulette (sic) n’est pas le surnom d’Élise, la femme de Célestin, mais Baloulette est le surnom de la fille de Célestin et Élise Freinet.
 
François Perdrial
 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Merci

Merci Guy et François je vous remercie infiniment pour ces deux beaux articles, je les envoie à Mimi, elle vous répondra via son mari qui lui n'a pas encore perdu la vue. Ce beau livre témoin sera publié pour une large diffusion à la rentrée à France Loisirs. Bien amicalement Catherine école-boivin

Mimi Guillam

Non non, la photographie de Mimi Guillam ressemble à celle publiée dans l'éducateur, mais elle est différente (il y a moins de protagonistes) ce qui en fait son charme, elle est d'ailleurs réutilisée pour la couverture du livre de notre ami Baptiste Jacomino qui vient de sortir donc voici le lien : http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=...

C'est une photographie originale, tirage papier, qui se trouve dans ses archives chez elle et qu'elle veut bien transmettre au musée des amis de Freinet, Photographie que Mimi Guillam possède et qu'elle avait ramenée du congrès d'Orléans après avoir rencontré Freinet en 1938. Le congrès où définitivement elle avait choisi de suivre la voix de la pédagogie Freinet, tellement sa rencontre avec Célestin l'avait confortée.