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Juin 1998

 

 


CréAtions 82 - Créer avec le corps - publié en mai-juin 1998


L'Atelier de l'orage, une compagnie implantée en sud Essonne 


Chercher une autre forme de théâtre aide à se construire dans une société que l’on conteste.
Karine Tripier, comédienne

Karine, Hernan, Lionel, Sylvain et leur metteur en scène Gilles se sont constitués en groupe de recherche théâtrale en quête des sources d’un théâtre populaire authentique.
L’Atelier de l’orage est une compagnie de théâtre professionnelle installée depuis 1991 dans le sud rural de l’Essonne. Implantée en résidence à Vert-le-Petit, elle est parrainée par le théâtre de l’Agora, scène nationale d’Evry.
Venus d’horizons différents, les comédiens ont su mettre en commun leurs expériences et développer, à partir des enseignements d’Eugenio Barba et de Jerzy Grotowski, une activité originale qui repose sur un travail corporel et vocal quotidien, qui introduit la notion de « théâtre pauvre » et affirme le théâtre comme une manière de vivre.

La compagnie

Karine Tripier, 29 ans : cofondatrice de la compagnie, a reçu une formation de mime à l’Ecole internationale du mimodrame Marcel Marceau. Elle a effectué pendant un an plusieurs stages à l’Ecole du passage de Paris.
 Depuis que je suis petite, j’ai envie de faire du spectacle. J’ai fait « mes débuts » quand j’étais petite à l’école Steiner. Mon entrée chez Marceau a été décisive.

Lionel Larrouquière, 31 ans : a suivi les cours Simon à Paris pendant deux ans, puis a fait deux stages de sis mois à l’Ecole du passage. Il a rejoint la compagnie en 1990.
Comédien, j’ai toujours été sûr que c’était ce que je voulais faire.

Hernan Bonnet, 30 ans, né en Argentine : rencontre Brontis Jodorowski en 1986 et travaille sous sa direction pendant trois ans. Il effectue ensuite un stage d’un an au Workcenter de Grotowski en Italie. Il rejoint la compagnie en 1992.
J’ai essayé le théâtre après avoir essayé le sport. Au fil des rencontres, c’est devenu un choix. 

Sylvain Gagnier, 26 ans : suit une formation universitaire en lettes et participe à quelques stages de théâtre. Il rejoint la compagnie en 1997.

Gilles Cuche, 28 ans : metteur en scène, fondateur de l’Atelier de l’orage en 1987. Parallèlement à ses premières créations, il suit des études théâtrales à Paris X et prépare, sous la direction de Robert Abichared, un mémoire de maîtrise sur Eugenio Barba, qu’il soutient en 1990 ; Il a réalisé son stage de maîtrise à l’Odin Teatret de Barba, au Danemark – avec Karine, sa compagne. Voyage décisif, qui a permis la découverte des vertus d’un travail régulier et quotidien : le training.

Nous sommes des artisans du théâtre. Pour nous, l’essentiel est de toucher directement les spectateurs, de renouer avec la convivialité du théâtre d’antan, celui des saltimbanques.

Les points forts de ce choix de représentation

Ce théâtre est fondé sur l’idée que « la force vitale réside dans le matériel humain », valorisé aux dépens du matériel technique, et se trouve ainsi en opposition avec l’exploitation industrielle et financière d’un art théâtral fort répandu.
Dans ce mode de création, l’initiative est au metteur en scène et à ses comédiens dès le début, lors de l’élaboration de la forme.

L’acteur

L’accent est mis sur l’unité psycho-physiologique de l’être, par réaction contre la dichotomie, qui serait propre à notre temps, de la vie mentale et de la vie instinctive. L’acteur, prenant conscience de ses ressources corporelles, doit apprendre à parler et à penser avec tout son corps, à exercer son imagination à travers celui-ci.   Jerzy Grotowski


Le comédien doit témoigner, descendre en lui-même, afin de communiquer sa vie intérieure. Il lui faut donc, pour s’exprimer, inventer un langage de signes afin d’organiser « la matière à communiquer ».
Une grande importance est attachée à l’expression corporelle, à l’émission vocale, à l’improvisation comme moyen de mettre à jour des matériaux qui seront ensuite incorporés au spectacle.
L’entraînement du comédien lui permet d’explorer ses moyens physiques. Sur une base d’exercices acrobatiques, physiques ou plastiques exécutées quotidiennement (le training) et servant de point d’appui à l’improvisation, il apprend à mettre en jeu ses associations personnelles.
Dans sa conception, le but du training n’est pas d’atteindre à une virtuosité technique. Il est d’éliminer les résistances physiques et psychiques susceptibles de gêner l’acteur dans son travail créateur. Cet entraînement comprend également le travail de la voix, identique à celui du corps, pour dépasser les résistances et libérer une expression vocale engageant tout le corps et la vie psychique, travail abordé à travers la répétition de chants.

Le metteur en scène

Le rôle du metteur en scène est d’être l’animateur du groupe, parfois l’initiateur, tout au plus l’inspirateur. Il donne les grandes lignes du travail, il fixe les grands objectifs, il crée le cadre. Il propose des spectacles simples, rigoureux et vivants.
Le public, en milieu rural, n’a aucune habitude du théâtre ; c’est un public neuf, et il faut l’habituer à sortir, à partager. Il faut le bouleverser.
Au théâtre, on vient participer à un jeu qui nous renvoie à la vie, avec ses tensions, ses conflits, ses problèmes à résoudre.
Gilles Cuche

Thèmes choisis

Ils sont en rapport avec les archétypes, notre héritage culturel, le fonds mythique de notre civilisation et un certain désir aussi d’avoir une emprise sur l’époque. Ils voudraient représenter « l’existence d’un lieu commun à tous les membres d’une société où il serait possible de provoquer une confrontation des traditions ancestrales et de la contemporanéité, du contenu mythique avec la conscience moderne. »

   

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 Travail corporel et vocal