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Un débat au sein du chantier Math de l'ICEM

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Mars 2000

Du calcul vivant à la mathématique vivante • Mathématique, découverte ou invention • La question de la culture mathématique du maître • La mathématique dans une éducation populaire •

 
Voici la transcription d’un débat organisé lors du stage du Chantier math de l’ICEM à Marly le Roi, en octobre 1999. Pour les nécessités de la mise en page, le texte a été remanié et réduit. Vous pouvez demander l’intégralité du débat auprès de Marcel Thorel. (Mél : marcel.thorel[arobase]wanadoo.fr)
 
 
Nathalie Chaumeron : Ce stage a pour objet d’aider à l’élaboration de nos projets personnels en math, en lien avec les différentes entrées préconisées par le chantier : outils, créations et recherches mathématiques (encart p7). L’idée, au cours de ce débat, c’est de mieux saisir le sens de nos pratiques en fonction de la nature spécifique des maths.
 
Marcel Thorel : Si l’on veut que chacun mette au point son projet, je pense qu’il faut passer par un rapide retour historique.
 
Du calcul vivant à la mathématique vivante 
Paul Le Bohec : L’outil le plus significatif, le plus marquant, ce fut les fichiers d’opérations en 45. A l’époque, installer ça dans la classe, c’était une révolution. On a commencé comme ça. Puis, ce fut le calcul vivant poussé très loin par Maurice Beaugrand. Moi aussi, j’ai foncé là-dedans : on avait des correspondants, on pesait le chocolat qu’ils nous envoyaient, etc. J’essayais de voir du calcul vivant partout. On en était tous là. Par ailleurs, nous avions l’expérience de la méthode naturelle, ma femme avait un atelier de peinture et dessin qui a duré 23 ans, et moi j’avais la méthode naturelle de lecture, de gym, de chant, de beaucoup de choses, et pourquoi pas de mathématique ?
Comment se faisait-il que les mathématiques pouvaient échapper à la méthode naturelle ? Il fallait partir des créations… Alors là, j’étais en opposition avec Freinet. Pour Freinet, pour Beaugrand, pour beaucoup, les mathématiques c’était partir de la réalité et mathématiser cette réalité. C’était le calcul vivant. Et pour moi, en fonction de ce qui s’était déroulé sur le champ des créations orale, du monde chorégraphique, gymnastique, etc. je me disais « et pourquoi on ne pourrait pas partir des créations ? » J’ai commencé à faire des expériences et je les ai envoyées à Freinet. Il a dit : « Tu sais bien que je suis contre ». Mais il était honnête et il a publié mes recherches. Elise m’a soutenu à ce moment-là. Elle saisissait que la mathématique ce n’était pas uniquement le calcul vivant. (encart p 5).
Mais vint la catastrophe : les mathématiques modernes. Panique chez les instits, il fallait acquérir un nouveau savoir. Et c’est alors que mon idée de la création est tombée en léthargie. Il a fallu 15 - 20 ans (ce qui n’est pas beaucoup pour une idée) pour que renaisse un peu de demandes de ce côté-là.
 
Bernard Monthubert : Il y a deux choses dans le calcul vivant : du calcul, et l’idée que c’est vivant, donc qu’on travaille sur des choses de la vie et que ça part des enfants. Mais on voyait une vie restrictive et un calcul restrictif. Ainsi tout ce qui ressortait de la vie pratique était automatiquement objet de travail en calcul, mais uniquement en calcul. J’ai commencé à travailler en mathématiques modernes en 1962, donc avant d’avoir une responsabilité dans la commission math de l’ICEM. Selon moi, la pratique pédagogique que nous proposait Freinet et les mathématiques modernes n’était pas en opposition. Bien au contraire, parce que dans l’idée des gens qui ont préconisé la mathématiques moderne il y a exactement les mêmes concepts au niveau de la création de compétence mathématique.
Je me suis engagé dans l’ICEM principalement dans le champ mathématique et dans celui de l’expression artistique (pour la revue qui s’appelait alors Art enfantin). J’associai la création, l’expression libre et les mathématiques. Ce qui m’intéressait dans les mathématiques modernes ce n’était pas tant le contenu qu’un moyen d’analyse qui nous permettait de travailler sur le vécu et sur l’imagination des enfants. On a peut-être moins parlé de méthode naturelle à ce moment-là parce qu’on mettait l’accent sur l’extension des domaines qui pouvaient être portés à la réflexion des enfants, toutefois on s’est libéré des œillères « calcul vivant ». D’où le terme « mathématique vivante » que j’ai essayé de lancer :  pour remplacer celui de « calcul vivant ».
À partir de là, on a essayé de développer :
-               Il y a eu les livrets structures de vie, structure mathématique, ce sont les outils qui relatent des expériences de travail vécues dans les classes, présentant la démarche, suivi en annexe d’informations mathématiques ;
-               De nouveaux fichiers problèmes : il nous fallait aussi des outils beaucoup plus ouverts. Les réponses proposaient plusieurs modes de recherches, les problèmes étaient considérés comme des pistes de lancement.
-               des livrets programmés qui étaient la suite des bandes enseignantes. On prenait une situation dans sa complexité. On arrivait en fait à la situation problème ouvert.
Ces outils n’étaient pas faits pour enfermer les enfants mais au contraire pour les ouvrir à une vie mathématique très large. Effectivement, beaucoup d’enfants et de maîtres n’étaient pas à l’aise au niveau de la mathématique vivante parce qu’ils ne voyaient pas ce qu’il pouvait y avoir de mathématique dans la vie. Grâce à ces petits livrets on essayait d’ouvrir les yeux aux gens en leur faisant découvrir de la mathématique autour de soi. En passant du calcul vivant à la mathématique vivante, on a élargi. Cette construction vivante de la mathématique, part des enfants donc c’est une méthode naturelle. Toute cette recherche a bouillonnée dans les années 70-80.
 
Mathématique : découverte ou invention ?
Bernard : Il est intéressant de savoir que les chercheurs en mathématiques comme Alain Cosnes sont en complet accord avec nos pratiques pédagogiques tandis que nos opposants ce sont ceux qui disent que les mathématiques c’est quelque chose à apprendre et à appliquer, alors que pour les chercheurs, la mathématique est un mode d’expression et non une suite de recettes qui ont été établies par d’autres pour que d’autres encore les appliquent.
 
Paul : Pour Alain Caunes, le monde des mathématiques existe, de la même manière qu’il y a des étoiles, et ce monde là est à découvrir. Pour Jean-Pierre Changeux, les mathématiques ça se construit dans le cerveau humain et alors là, il y a beaucoup à dire.
 
Marcel : C’est la différence entre découverte et invention.
 
Bernard : On peut se reconnaître sur les deux conceptions, dans l’un et/ou dans l’autre.
 
Paul : oui, les deux nous nourrissent.
 
La question de la culture mathématique du maître
Marcel : Je pense que les deux entrées qui figurent dans la charte du chantier math de l’ICEM viennent d’être définies relativement clairement. Mais je voudrais maintenant poser la question de la culture mathématique du maître dans son action au sein de la classe.
Je pense que l’éducation mathématique qu’on a reçue à l’école traditionnelle ne suffit pas pour amener des enfants à porter un regard mathématique sur les événements qu’ils rencontrent dans leur propre milieu. Pour pouvoir poser son regard sur son propre milieu, pour pouvoir avoir une lecture mathématique des événements, il y a un pas à faire… ces choses-là ça se travaille. Dans le groupe Freinet du Pas-de-Calais nous avons fabriqué des livret pour les enfants, partant de situations de vie, nous nous sommes cultivés dans différents domaines : les fonctions, la géométrie de transformation (voir la nouveauté au catalogue PEMF : géométrie de transformation cycle 2 et 3)… Cette vision-là des mathématiques permet de mettre la classe en mouvement.
 
 Paul : Il y a le monde 1, le monde physique, le monde 2, le monde des humains, et le monde 3, le monde des idées qui interfèrent entre elles. La mathématique appartient au troisième monde, il y a une vie des objets mathématiques. Sur quelle base philosophique, scientifique construit-on notre approche de l’enseignement des mathématiques ? Les mathématiques, ce n’est qu’un moment, un petit moment.
Je pourrais vous citer des épistémologues, Bachelard, Poppers, qui situent le moment des mathématiques et de la science. C’est-à-dire que l’on commence par fabriquer quelque chose de farfelu, une hypothèse farfelue, quelque chose d’idiot qui n’a rapport avec rien, qui est gratuit et on le pose sur la réalité, comme si on lançait des filets et ça ramène des compréhensions du monde. Et ça c’est toute une autre démarche qui correspond d’ailleurs à la méthode naturelle. Et j’ai appliqué la méthode naturelle à l’apprentissage de la sténo, du clavier électronique, à l’apprentissage du finnois, la méthode naturelle de français, au Brésil, on a commencé à pratiquer la méthode naturelle de portugais à partir de nos créations,... dans tous les domaines.
 
Marcel : Dans l’apprentissage du finnois par exemple il y avait la présence réelle de quelqu’un qui parlait le finnois...
 
Paul : C’est la méthode naturelle.
 
Marcel : Si, on décide ici d’apprendre le finnois en méthode naturelle ça ne marchera pas.
 
Paul : Non.
 
Marcel : nous sommes bien d’accord. C’est ce que j’appelle la compétence présente.
 
Paul : c’est la référence.
 
Marcel : Voilà, C’est pas plus compliqué que cela : tu ne prends pas un moniteur de ski pour apprendre le finnois, aussi cette place-là me semble-t-elle importante. Sinon... ce qui m’interroge c’est l’absence de méthode naturelle de mathématiques dans les classes... La pédagogie traditionnelle est toujours aussi présente.
 
Bernard : Il est vrai que la culture mathématique est importante mais comme l’a déjà dit Paul, en d’autres temps, « pour apprendre l’Anglais à Michel, il vaut peut-être mieux connaître Michel que de connaître l’Anglais ». C’est un peu une boutade mais ce que j’entends par là c’est que la conception pédagogique du travail en mathématique est pratiquement plus importante que la compétence mathématique du maître elle-même. Il ne faut pas dire aux gens « commencer par la compétence, et après, quand vous serez compétent en mathématiques, vous pourrez faire ça… ». J’ai vu des gens très forts en math moderne et qui essayaient de fourguer leurs connaissances de nouvelle mathématique comme les anciens fourguaient la connaissance classique des mathématiques. Selon moi, le nœud de la question, c’est principalement la conception pédagogique que l’on a dans le domaine donné. Pour prendre un autre domaine, on n’enseigne pas la grammaire aux enfants pour qu’ensuite ils puissent s’exprimer. On les fait s’exprimer et, c’est dans cette expression, dans cette dialectique, dans cette discussion avec les autres et la communication qu’il ressort des lois de grammaire, le sens de la conjugaison... en mathématiques, c’est la même chose.
 
Philippe Bertrand : Je crois entendre la définition de la culture mathématique de Marcel comme quelque chose qui est déjà pensé de façon opératoire dans la classe. Je t’entends par exemple, assez régulièrement, sortir des têtes de chapitre Géométrie de transformation ou fonction cyclique,… tu as des choses comme ça que tu aurais répertoriés a priori pour les repérer, pour repérer leur émergence dans les situations de vie ou dans les créations des enfants. Alors qu’il me semble entendre dans la définition de Bernard de la culture mathématique, plutôt une mise en chemin, une mise en interrogation, qui n’est pas forcément sur des références sériées, ordonnées mais sur une interpellation.
 
Marcel : Depuis 30 ans que je pratique, j’ai toujours eu des enfants entre 6 et 11 ans qui ont fait des propositions en mathématiques, au bout de toutes ces années, ce serait bien triste si je n’avais pas su tirer quelques leçons des choses de cette expérience et si je n’avais pas su profiter de tous ces moments-là.
 
Philippe : Mais n’aurais-tu pas un filtre qui t’empêche de comprendre d’autres trucs ?
 
Marcel : Tout le monde a un filtre qui l’empêche de comprendre plein de trucs. Moi aussi j’ai reçu des milliers de propositions d’enfants qui ne me disaient rien,.. alors je téléphonais à un copain du groupe : qu’est-ce que t’en penses ? Ben, moi, je pense ceci ou cela... C’est ainsi que je me suis fait ma culture. On pourrait dire que j’ai des réflexes qui me permettent de m’y retrouver. Si du jour au lendemain je te balance dans une forêt vierge, ça va être dur pour toi, mais on te sauve, on te ramène à la maison. Un mois après, on te rebalance dans la forêt vierge au même endroit, tu vas dire « tiens, cet arbre-là je l’avais vu et moi je vais te dire, et celui-là tu ne l’avais pas vu, non mais c’est rien, et ça va aller un peu mieux, et puis après, peut-être qu’au bout de 10 ans qu’on t’aura mis tous les mois dans la forêt vierge ça deviendra un endroit qui te sera un peu familier et dans lequel tu vas pouvoir te livrer à certaines expériences. Si on n’avait pas d’expérience, je ne sais pas de quoi on pourrait parler. Une instit rompue au CP, tu lui colles n’importe quelle nouvelle classe de CP dans les mains, ça va rouler. Et pourtant, il n’y aura jamais deux fois les mêmes textes, ni jamais deux fois les mêmes événements,… mais tu structures dans l’affaire, pour donner confiance aux enfants justement, pour élargir encore la possibilité d’apports nouveaux.
 
Philippe : donc à se construire aussi.
 
Marcel : bien entendu, c’est permanent. Et j’ai acquis des références en mathématiques qui me permettent d’accueillir de plus en plus de choses.
 
Paul : Il faudrait que chacun soit au clair actuellement avec ses propres représentations mentales. Une chose sur laquelle je voudrais insister : on s’en fout des mathématiques, c’est la place de l’être dans sa globalité, dans ses besoins et dans ses désirs. C’est une conception de la complexité, de la globalité de l’être qui a toujours été celle de Freinet. Freinet nous a mis dans cette marmite très tôt. On pourrait parler de trajectoire de vie. J’ai la mienne et j’en ai vu beaucoup de trajectoires de vie. Et chez les chercheurs on ne trouve pas l’équivalent. On trouve des bricoleurs qui prennent des petites questions mais qui ne peuvent pas nous aider. Ceux qui peuvent nous apporter ce sont des gens comme E. Morin qui parlent de la complexité.
 
Bernard : Les chercheurs tu veux dire les chercheurs en pédagogie ?
 
Paul : Oui, et en sciences aussi. Justement au niveau des scientifiques, il y a la nécessité d’aborder la complexité. Par exemple en classe, un enfant invente sur son carnet de créations le podium 123 au lieu de 213 et qui est le gagnant ? qui triomphe ? C’est le deuxième. Et aussitôt, on va en gym faire une course où l’on verra qui sera le deuxième. On était dans les mathématiques, on va vers la gym et de la gym on part dans la philosophie, dans la linguistique et on revient dans les mathématiques.
 
 
Pascal Gaidot : Pour revenir à la question de la culture mathématique, j’ai l’impression qu’il y a deux aspects. L’aspect des savoirs en mathématiques que je ne vois pas comme un préalable mais comme une sorte de perspective assez importante (savoir où l’on va et ce que l’on est en train de faire avec les enfants, ne serait-ce que pour se rassurer par rapport au programme) et l’autre aspect est celui de la sensibilité mathématique au monde.
 
Bernard : Notre objectif est de faire faire de la mathématique aux enfants et non de leur donner des informations sur ce que serait la science mathématique. Leur faire vivre des mathématiques plutôt que de leur apprendre des mathématiques. C’est là que l’on rejoint les chercheurs parce qu’ils ne cherchent pas à transmettre des connaissances (sauf lorsqu’ils échangent sur leurs travaux) mais ils essayent de comprendre comment un mode de réflexion mathématique peut agir sur le monde. La mathématique est un outil de construction de la personne et en même temps un outil de construction du citoyen. Pour prendre un exemple caractéristique, à partir du moment où tu mets dans la tête des gens que l’enseignement des mathématiques c’est la science des autres et qu’ils sont là pour apprendre, on leur donne des leçons, ensuite on leur pose un problème dans lequel ils doivent trouver la réponse qu’attend l’enseignant, c’est de l’ordre de l’enseignement religieux !
Or beaucoup d’enfants ne s’interrogent que sur les attentes du maître. Dans cette situation, tu ne peux pas les amener à réfléchir.
 
Rémy Brault : On commence à faire des mathématiques lorsque l’on se pose des problèmes, lorsqu’on n’est pas d’accord, lorsqu’on discute autour de problèmes. Je prends un exemple : en CP, un enfant parle de lignes qui se croisent, qui sont plus ou moins convergentes, l’enfant dit « ça tourne », et à partir de là il y a une discussion autour des moulins, à ce moment, les enfants peuvent se rendre compte qu’ils sont dans le cadre d’une structure où on met en relation quelque chose qui peut tourner parce qu’il y a un centre qui permet cette rotation… et donc d’étudier un petit peu les lignes qui sont sur le papier et qui n’ont rien à faire avec le moulin : c’est justement de la mathématique qui est en train de se faire.
 
Marcel : Mon but, c’est qu’on crée des écoles où on soit capable d’accepter la personne. Paul, tu parlais de « création farfelue d’un enfant » Elle est farfelue pour qui ? « Faudrait d’abord savoir ? Actuellement, où est-ce qu’on est capable d’accepter un texte libre mal fichu, un dessin mal fait ? La société n’est pas prête, la famille n’est pas prête. La famille est bourrée d’images implicites, d’images conditionnés par des poncifs en tout genre. C’est le règne de l’uniformisation, du « on va tous manger pareil », « on va tous regarder les mêmes émissions ». On est dans ce « machin-là », on ne vit pas dans un lieu de tolérance tel que n’importe quel apport va être accueilli de façon chaleureuse, et à partir de là, l’être va être reconnu, va pouvoir s’exprimer, donc être disponible. On n’en est pas là !
Je me range délibérément dans la catégorie du travailleur humble, oui, celui qui va essayer de transformer à petits pas. C’est l’expérience de la formation continue qui m’oblige à parler de cette façon : on a beau avoir des objectifs beaucoup plus « nobles » et « élevés philosophiquement », il n’empêche que l’enseignant qui te parle n’est pas disponible pour t’écouter parce qu’il n’a pas résolu le problème de la multiplication par deux chiffres ! Je pense qu’il faut s’attaquer à cette question avec opiniâtreté, humilité. L’outil le plus humble que j’ai vu de ma vie, c’est le fichier auto-correctif d’opérations : 1 + 1, à côté c’est écrit 2 + 1, puis 3 + 1, à la fiche 350, t’en arrive à 452 + 25, puis à la fiche 2600, t’arrives à 3622 -… Je veux m’inscrire dans ce cheminement. Alors comment on va faire pour sauter ces murs, ces verrous qui sont dans les têtes plus qu’ailleurs, pour qu’on y arrive petit à petit ?
 
Paul : Je te comprends, et je suis d’accord à 100% avec toi. Moi j’ai aussi un but qui est un peu parallèle si tu veux. Quand j’ai commencé, et bien j’ai écouté les émissions de Revuz pour les prof du 2 degré, j’y comprenais rien mais j’avais besoin de cette culture-là…
 
Bernard : Quand les gens disent « j’ai pas la compétence », ou encore « ah oui, toi tu peux faire ça parce que toi tu sais » et bien je leur réponds que j’ai vu des collègues qui au départ ne savaient pas mais qui mettaient en marche avec leurs enfants une construction de la mathématique dont ils bénéficiaient eux en même temps. C’est au moment où tu as des questions qu’effectivement, tu vas chercher des réponses dans les bouquins. Donc, il ne faut pas dramatiser parce que dans un domaine, on ne va pas aussi loin. En revanche, il faut qu’on soit au top niveau pour comprendre ce qu’est la vie des enfants, une ouverture.
 
Danielle Maltret : Là où j’ai appris le plus c’est en regardant travailler les collègues le mercredi. On voyait des petites choses simples, des trucs qui paraissaient toutes bêtes et qui changent la vie.
 
Danièle Thorel : Moi, le problème que je n’arrive pas à résoudre, c’est celui des connaissances. Je suis toujours perplexe et je ne suis pas convaincue lorsque j’entends dire que l’essentiel c’est la démarche, que l’essentiel c’est de se construire les mathématiques. J’ai toujours l’impression que quand on dit ça on a un langage de « riche ». Par exemple, si je parle des peintres contemporains que je connais un peu, ils disent : « Il faut laisser la spontanéité ». Mais, ils ont fait les Beaux Arts. Eux, ils ont des connaissances. Et nous on dit aussi, ce n’est pas important parce que nous aussi on les a. Comme le riche qui dit « l’argent n’a pas d’importance » parce que lui en a plein. Moi, le langage de riche, ça ne me convient pas. Dire que la connaissance, à la fin d’une démarche, n’a pas d’importance, moi je dis non. Je veux bien que ça aide l’enfant à être citoyen , que ça aide l’enfant à s’épanouir, que ça va former son cerveau, mais… je fais des mathématiques !
 
Philippe : J’entends bien quand tu parles de langage de riche, et c’est vrai parce que nous en avons des connaissances. Je ne crois pas que l’on ait voulu dire que c’était accessoire.
 
Danièle T : On parlait des chercheurs qui sont d’accord avec nous, mais le chercheur, il a plein de connaissances mathématiques aussi certainement. Il dit : « bon, c’est pas ça, c’est pas la peine de leur en donner, alors, moi, ce langage là…
 
Philippe : Je pense que ce qu’on a voulu dire c’est qu’il n’est pas nécessaire d’en avoir énormément.
 
Danièle T : Je parlais aussi de donner la connaissance aux enfants. Car pour l’enfant la « proposition farfelue » n’est pas farfelu s’il n’a pas de connaissance. Pour nous c’est farfelu par rapport à nos connaissances et par rapport à une norme.
 
Véronique Feutelais : En fait, le problème c’est qu’on s’est fait un carcan avec les apprentissages mathématiques qu’on a eu. Quand on commence avec les mathématiques naturelles ou les créations, en fait on se libère de ce carcan. On peut ainsi mieux accepter les propositions des enfants.
 
Danièle T : Mais tu utilises quand même tes connaissances mathématiques. Tu ne peux quand même pas enseigner les mathématiques sans avoir fait de mathématiques.
 
La mathématique dans une éducation populaire
Pascal : Par rapport à la question de la citoyenneté et des mathématiques, il me semble qu’il avait été relevé que l’apparition de la démocratie et l’avènement des mathématiques sont contemporains dans la Grèce antique. L’idée sous jacente est que dans les deux cas, il y a une sorte de renonciation et le refus d’une vérité sacrée et transcendante. La vérité c’est quelque chose qui se crée au fur et à mesure par le dialogue, le discours.
 
Marcel : Les mathématiques jusqu’à maintenant ont été réservés à une élite. Les enfants qui vivent dans des conditions sociales défavorisées ont le droit de créer des textes, de créer de la mathématique, d’étudier leur milieu pour gagner du pouvoir. Ça je le revendiquerai tout le temps. La méthode que je choisis pour y arriver c’est la pédagogie Freinet. Ce n’est pas simplement un souci d’éthique, mais c’est aussi un projet social. L’enseignement traditionnel met les gens dans la misère. Faire une leçon magistrale c’est créer de la misère. Si les gens des banlieues travaillaient en pédagogie Freinet, il y aurait peut-être moins d’agressivité. Si on avait des gens qui en devenant citoyen devenaient un peu plus acteurs dans leur milieu, donc étaient capables d’agir, ça irait peut-être mieux. Quand les enfants ont l’habitude d’écrire des poèmes, ils acceptent la poésie. Je me dis : moi, on m’a embêté à apprendre des poèmes et eux, ils récitent des trucs de Victor Hugo et ils trouvent ça bien. C’est quand même curieux. Ils se disent « qu’est-ce que c’est chouette ce que Victor Hugo a fait ! Il a de la classe celui-là » Mais ils ne sont pas écrasés par une culture qui dit « Non tu te rends compte, tu ne vas pas te permettre d’écrire un poème, alors qu’on a Victor Hugo, Baudelaire et tout ça… »
 
Marguerite Vigne : Pourquoi y a-t-il un blocage sur les mathématiques, même chez les gens qui pratiquent le texte libre et autres techniques Freinet dans d’autres domaines ? Peut-être est-ce parce qu’on met les mathématiques sur un piédestal ? Il y a un langage mathématique qui est le langage d’une élite. Tout le monde ne va pas en terminale S et tout le monde ne fait pas des études mathématiques après. Je pense qu’il y a une connotation qui fait que les enseignants ne peuvent pas casser ça, parce que c’est politique cette domination des mathématiques.
 
Pascale Bourgeois : Compte tenu du thème choisi cette année pour le congrès, je trouve que c’est déjà essentiel qu’au niveau du chantier mathématique on apporte ce message-là. Certes, on n’est pas encore tous d’accord sur la pratique, sur la démarche la plus efficace pour y arriver, mais ce qui est sûr, c’est que l’idée principale c’est le pouvoir que l’on veut donner aux enfants aussi dans ce domaine-là. Ca c’est le point de vue théorique général, mais évidemment, c’est sur les solutions concrètes que c’est le plus difficile à avancer. Il n’est pas facile de savoir quelle est la nature de ce qu’on a vraiment besoin d’apprendre alors sur ce qui est des connaissances mathématiques, c’est surtout Marcel qui en parle, et je comprends bien sa position, le fait d’avoir un outil cohérent qui réponde pratiquement à toutes les situations, mais bon, pour moi c’est quelque chose qui me semble restreindre le champ mathématique, comme un peu ce que disaient Philippe ou Rémi tout à l’heure : des « lunettes filtrantes ». Je ressens les choses comme devant être plus ouvertes.
 
Bernard : Avec les créations d’enfants vous avez un tremplin pour aller vers la mathématique, à certains moments, oui, il y a mathématique derrière, mais il faut approfondir, il faut structurer, il faut vivre mathématiquement. Or dans les exemples que donnent parfois certains ça a l’air d’être « on va jusque là et on est content, on a fait des maths », alors je dis « attention, il ne faut pas s’arrêter là, le travail mathématique commence maintenant.
On s’apercevra que l’endroit où l’on a parfois arrêté le travail avec les enfants, et bien, c’était justement l’endroit où la lumière commençait à apparaître et où on allait pouvoir vivre les mathématiques. Je n’ai pas envie seulement de faire rêver les gamins. Je ne m’arrête pas simplement au plaisir momentané d’avoir fait quelque chose de beau. Et en création artistique c’est la même chose. Des enfants qui ont fait de la sculpture communiquent avec les sculpteurs, les artistes, ceux qui ont fait de la poésie ont envie de lire des poèmes, et ceux qui ont fait des maths sont capables à la fois d’analyser ce qu’on leur présente, et aussi de comprendre la recherche des autres. Je ne dis pas du tout qu’il faut annuler la connaissance, il nous en faut, et il faut la rechercher. Mais on l’acquiert bien au moment où l’on est en recherche nous-mêmes.
 
Pascale : Dans ce que dit Bernard, moi je sens quand même une intervention un peu lourde de l’instit qui voit dans les questions soulevées une question qui va vraiment donner lieu à un travail approfondit un peu plus construit qui va aider les enfants à aller quelque part. Mais je n’entends pas du tout ce genre d’intervention dans ce que prétendent faire Monique, Philippe ou Rémi. Donc j’aimerais bien savoir comment vous fonctionner par rapport à ça, comment vous recevez ce que dit Bernard ?
 
Rémi : En fait, je retrouve à peu près ce que dit Bernard dans ce que l’on fait : il y a une création, une deuxième création, on a fait des repérages, tiens, c’est pareil… Il y a un moment où quelque chose cloche et on n’est pas d’accord. On se met effectivement à faire des mathématiques, c’est-à-dire à confronter, à analyser plus finement, à déduire, à démontrer.
Dans mon cycle 3, dès l’instant où il y a un intérêt particulier et où par exemple émergent des divergences de points de vue, je propose d’aller dans le sens d’une confrontation plus grande, d’un travail immédiat plus important, sur telle ou telle chose, et tous les enfants travaillent sur cette notion-là pour confronter leurs différentes propositions. Donc, ça de rejoint pas mal mais c’est vrai, la façon d’engager les choses est différente.
 
Bernard : il ne faut pas avoir peur de la part du maître.
 
Philippe : Pour faire un parallèle avec la pratique de l’écriture : la base de la pratique de l’écriture dans ma classe c’est le texte libre, le texte libre écrit à n’importe quel moment de la journée et présenté très régulièrement, mais il n’empêche que, il y a des moments où on a beaucoup de trucs à écrire sur tel ou tel sujet, il y a des projets dans lesquels on va s’enfoncer de façon très pointue, très aigu, et ça n’empêche pas que l’on pratique quand même le texte libre.
 
Paul : Je pense que l’un des projets que le groupe devrait avoir est d’assumer tous les niveaux.
 
Marcel : On a pris comme emblème du chantier math le pied de coquelicot parce que à certains moments de l’année, sur un pied de coquelicot, on voit la fleur, la graine prête à s’envoler de son urne, et le bouton qui n’est pas encore ouvert. Donc, c’est ce qui symbolisait ce que Paul disait.
-Fin du dossier -
 
Dossier coordonné et synthétisé par Joëlle Martin, Patrick Pierron et Marcel Thorel. Avec la collaboration des participants du stage math de l’ICEM - Toussaint 99
Contacter le Chantier Math de l’ICEM : Nathalie Chaumeron, 2, Sente Adam - 28410 Havelu. tél : 02 37 82 10 54 - nathalie.chaumeron[arobase]wanadoo.fr
 
Bibliographie :
- Mathématiques et processus d’apprentissage : quels défis ? Dossier du Nel Éducateur n°96
- La recherche libre en mathématique. Dossier du Nel Éducateur n°108.
- La fonction +2. Documents de classes n°101.
- Apprentissages mathématiques en maternelle. Documents de classes n°107.
- La cage à fils. Pratique de classe du Nel Éducateur n°112.
- Guide pédagogique n°3. Spécial math. 56p - format 21 x 28 cm. Ed PEMF. 19 FF.
Quelques outils conçus par l’ICEM et édités chez les PEMF :
- Atelier mathématique (CE2-CM1-CM2) : 20 livrets système de mesure (longueur, masses, capacipés, aires, temps...) chaque série 144 F.
- Recherche mathématique (CP-CE1) 10 livrets de 16 pages. Chaque livret présente une situation de vie qui sera développée et étudiée. Série 01 et 02. la série 73 F.
- Recherche mathématique (CE2-CM1-CM2) : 100 fiches pour susciter l’esprit de recherche mathématique. Chaque fichier 213 F.
- Fichier de problèmes (80 situations math empruntées à la vie courante avec leurs corrections. fichier B (CE2), C (CM1), D (CM2). Chaque fichier 295 F.
- Atelier de géométrie de transformation (CE2- CM1-CM2). 380 F le coffret complet.
 
 
Alors qu’elle mettait les enseignants en garde face aux risques du travail mécanique que peut susciter le travail autonome sur fiches (on parlait de « bandes enseignantes »), Elise Freinet ouvrait la perspective des mathématiques vivantes et inventives.
 
 
Une nécessité s'impose : déraciner les bandes d'un emploi automatique et éviter d’en faire une technique isolée de l'ensemble des recherches de calcul ayant avant tout pour but d'éveiller le sens mathématique. [...]
 
EVEILLER L'IMAGINATION, SUSCITER L'INVENTION :
Deux voies s'offrent à nous :
- le calcul vivant, pris dans la vie de l'enfant. A mon avis, ce n'est pas parce qu'il est lié à un centre d'intérêt qu'il est vivant ;
- le calcul inventé. Inventé par l'enfant lui-même.
 
1). Nous sommes allés dehors constater que tout ce qui nous entoure est calcul : le calcul n'est qu'un aspect de la réalité des choses.
Nous avons dit combien cette prise de conscience globale des valeurs des univers sur le plan de l'imagination avait séduit nos enfants en leur faisant pressentir une poésie des mathématiques qui les déracinait de l'automatisme quotidien du bachotage, si toutefois l’inertie peut s'allier au bachotage.
Nous avons repris ces évasions vers le grand large et du perron, ou des fenêtres grandes ouvertes, laissé à l'enfant la responsabilité de son monde objectif constaté : un arbre par exemple, le bassin, les murs en construction, les distances, les surfaces réelles et aussi le temps...
Nous rentrions en classe pleins de calcul « rêvé », riches d'une expérience intérieure et de données pédagogiques. Dès lors, l'invention mathématique devenait facile.
Nous avons donc posé porte-plumes et cahiers pour travailler exclusivement sur le plan mental. Ainsi, l'enfant est transporté dans le véritable acte de calculer qui doit se passer au départ de l'appui des nombres écrits pour développer une tension intellectuelle intuitive et une sorte de mémoire des nombres qui doit être sans cesse en action. Il y a une technique intérieure du calcul : L'enfant doit avoir très tôt ses bandes perforées dans le crâne.
 
2) Dès cette prise de contact avec le monde de la réalité restée intuitivement si féconde, les enfants ont improvisé :
- des problèmes personnels sur leur cahier. Ils sont étonnamment divers et significatifs de la mentalité de l'enfant (Il faut penser à cette source de tests généraux plus tard) ;
- des problèmes collectifs oraux, approximativement chiffrés et qui se déroulaient comme un jeu de société.
Le problème-roman fait oublier les difficultés spéciales à cette discipline. Les enfants se sont mis à inventer oralement des aventures mathématiques qui se succédaient à une allure folle, chaque participant prenant à son tour la relève pour ajouter sa séquence et chose curieuse, ces enfants qui se trouvaient en difficulté devant des problèmes simples mais présentés sous une forme classique rébarbative, se trouvaient absolument à l'aise dans un vaste problème-roman, dont ils étaient les inventeurs.
 
Elise Freinet, extrait de la part du maître - huit jours de classe. BEM n°40-41. p106-108.
 
 
Les textes fondateurs du chantier Maths de l'ICEM
Entrées et pratiques de classe possibles
Entrées
·Outils de travail individualisé
- autonomie
- recherche
- systématisation...
·Matériels divers (balances, instruments de mesure, bouliers, objets à dénombrer ou à classer, matériel de construction géométrique, fichiers-guides...) qui peuvent être incitation à la création ou intermédiaire dans une recherche.
·Calcul vivant : réflexion mathématique autour d'un fait concret participant à la vie de la classe.
·Recherche mathématique
- vers un but que se fixe le groupe ou l'individu
- à partir d'un évènement, d'une création...
·Créations personnelles (texte libre mathématique)
Mise en oeuvre
Les créations, les recherches et le calcul vivant supposent d'alterner des moments individuels ou en petits groupes et des moments de présentation à la classe avec réflexions, découvertes de nouvelles pistes.
Les travaux peuvent donner lieu à la réalisation d'albums, à des échanges dans le cadre de la correspondance, des réseaux télématiques, etc.
 
Pratiques de classe
·Utilisation des outils de travail individualisé : autonomie des enfants, nouveau rôle du maître, organisation coopérative de la classe (plans de travail, plannings, conseils, bilans...)
·Pratique de calcul vivant et utilisation d'outils de travail individualisé pour compléter, systématiser...
·Travail régulier en texte libre mathématique pouvant déboucher sur des recherches, complété éventuellement par l'utilisation d'outils de travail individualisé.
·Recherches individuelles ou collectives qui peuvent déboucher sur de nouvelles pistes de travail, de nouvelles actions.
Certaines pratiques peuvent être conçues comme des étapes. Il n'y a pas de cloisonnement entre les différentes pratiques.
 
Recherche collective en math
Mat. Grands et C.P. Ecole d’Herbelles. Maryvonne PIERRON (G.D. 62)
 
 
Lors de la constitution de l'album sur la sortie avec nos correspondants de Serques, Arnaud (5 ans) rappelle les mesures de sécurité qu'il a fallu prendre pendant la visite des marais : « Dans le marais, il faut faire attention à ne pas tomber dans les fossés. On marche les uns derrière les autres. Quatre enfants, une maman ».
distribuant des feuilles.
J'affiche l'ensemble des dessins au tableau et on les observe. Ils se ressemblent tous.
Sauf celui de François, un peu particulier quoique correspondant lui aussi à la demande.
Devant cette grande frise, on rigole et on s'amuse à la lire :
« 1, 2, 3, 4 une maman 1, 2, 3, 4 une maman 1, 2, 3, 4 une maman 1, 2, 3, 4 une maman, 1, 2, 3... »
« Cela fait une musique » dit Julie.
Oui, ça fait un rythme, dis-je. Tapons dans nos mains :
« Tap tap tap tap un silence Tap tap tap tap un silence Tap tap tap tap un silence Tap tap tap tap un... »
Essayons de dessiner le rythme ! DUR DUR !
Essayons de dessiner quelque chose qui irait plus vite que de dessiner les mamans et les enfants et qui voudrait dire la même chose.
Qui a une idée ?
Lucie vient dessiner au tableau des arcs en ciel pour les enfants et des nuages pour les mamans :
Remarques : certains enfants n'ont pas compris qu'il fallait substituer les dessins des enfants et des mamans par des symboles vite réalisés : ils faisaient des dessins encore plus compliqués (Ex. : quatre maisons un château)
À vos crayons, essayez de trouver autre chose !
On affiche toutes les trouvailles.
Pour voir si elles correspondent bien, on scande tous ensemble : « 1, 2, 3, 4 une maman 1, 2, 3, 4...
Nous en remarquons deux qui, à première vue, ne sont pas semblables :
celle de François qui est resté sur sa première représentation :
Aymeric fait fort :
 
 
 
 
Et comme les enfants rejettent son travail, il explique : « Dans les groupes, on était mélangé. il y avait deux enfants de Serques et deux enfants d'Herbelles. », Bien, mais cela est une autre piste que je laisse de côté pour le moment.
Dans les jours qui ont suivi, j'ai donné plusieurs polycopiés aux enfants :
 
Combien faut-il de mamans pour accompagner ces enfants ?
J’ai dessiné les mamans, à vous de dessiner les enfants :
 
 
Le Livre de vie "mathématique "
Par Monique Bertet
Le livre de vie mathématique a pris naissance dans une classe de 12 CE2, classe que j'avais depuis le CP. Les enfants étaient donc habitués, depuis 2 ans à faire leur livre de vie. En début de CE2 dans les discussions de projet, a été soulevée l'envie de faire 2 livres de vie : un avec les textes, les poésies... et un autre avec les recherches mathématiques. Toutes les recherches y ont pris place (pas de censure) après présentation au groupe classe. Tout cela a abouti, en fin de CE2, pour chaque enfant a un livre de vie mathématique agrafé au même titre que le livre de vie "ordinaire".
ci-dessous quelques exemples de recherche du livre de vie mathématique.
 
Les recherches peuvent être collectives.
Quelles sont nos pointures ?
Elles peuvent être individuelles ou/et par groupe.
Nous avons pesé
Elles sont parfois proposées par des correspondants.
En quelles années sommes-nous nés ?
Elles peuvent être inspirées par une notion mathématique.
 
 
Les textes fondateurs du chantier Maths de l'ICEM
Invariants pédagogiques
· 
·Le domaine mathématique ne doit pas être réservé à une "élite" déjà favorisée par la maîtrise d'autres formes de langage. Chacun peut y accéder dès le plus jeune âge. Son exploration à l'école ne se limite pas aux programmes officiels.
Notre pédagogie n'est pas un procédé pour faire passer le programme mais bien une ouverture à un domaine et à un langage à part entière.
·Dans le cadre de la Pédagogie Freinet, nous vérifions que les démarches d'apprentissage mises en oeuvre dans les autres domaines s'appliquent également aux mathématiques.
On part, autant que possible, mais en priorité, de l'enfant : expression ; création ; apports ; représentations mentales.
 
L'enfant agit : invente, manipule, cherche, pèse, mesure, se trompe, essaye, rate, recommence, construit, (se) questionne, crée, compte, (s') exprime, projette...
Importance de :
* la globalité, la complexité
* le tâtonnement expérimental : respecter la démarche scientifique des enfants ; l'erreur est naturelle, utile, prise en compte
* les interactions individu <> groupe (chacun doit être reconnu dans le groupe), l'entraide, la coformation, la coopération (entre adultes aussi)
* les rythmes de chacun(le pied de coquelicot), les styles personnels d'accès à la connaissance
* la communication : ® information ® réception ® traitement ® production d'information ® émission ® ...
de soi à soi
de soi vers les autres
de soi avec les autres
de soi avec le non-soi.
* les rapports outils / autonomie
Part du maître :
* écoute mathématique des évènements
* conscience théorique
* références culturelles
* animation - organisation
* sécuriser, favoriser un climat de confiance, de plaisir
* protéger l'individu du groupe (et inversement)
* se former
* Donner du temps