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Second degré : Réflexions à propos des apprentissages et de l'évaluation

Dans :  un niveau scolaire › Techniques pédagogiques › 
Mars 2000

Comment peut-on espérer que s'exerce la démocratie, si dans le groupe classe, seule l'évaluation du maître est prise en compte, a de la valeur tant dans l'esprit des enfants que dans l'esprit de leurs parents ?

A ce niveau, la révolution est à faire et certains professeurs l'ont compris et réfléchissent.
Mettre en place un système dans lequel l'élève en classe est reconnu comme un individu à part entière, à qui l'on reconnaît le droit de dire ce qu'il pense lui-même de lui-même, des efforts qu’il fait ou ne fait pas (et qu’il peut ou non expliciter), des réussites qu'il détermine, des manques qu'il imagine, c'est lui reconnaître le droit de participer à son évaluation. [...]
Ceci, naturellement, passe par une refonte des pratiques pédagogiques qui doivent tendre vers 1’individualisation, 1’autonomie, la responsabilisation, afin que l'élève soit reconnu en tant que personne, pour lui-même et par rapport à un groupe de vie. [...]
Adhèrent aux sollicitations de la vie citoyenne la plupart des gamins qui ont déjà, dans leur contexte familial, un vécu dans ce sens. Mais les autres ? Quelles raisons ont-ils de jouer un jeu citoyen, eux qu'on exclut déjà au départ par la note tranchée ? Comme celui-là qui me disait, il n’y a pas si longtemps : « Depuis que je fais des dictées, j'ai toujours eu " zéro " et pourtant, je fais moins de fautes ! ».
 
Il faut concevoir que l'évaluation à sens unique fait ou peut faire violence à l'élève et peut déclencher de nombreux comportements qui ne sont positifs ni pour l'individu, ni pour le groupe. Une évaluation qui met en valeur, s'appuie sur la valorisation de la responsabilité individuelle, mais aussi collective, permet d 'éviter les conflits violents et leurs conséquences directes ou indirectes, visibles ou non, les frustrations, les amertumes, les incompréhensions. Cela peut permettre aussi et ce n'est pas négligeable, dans la vie citoyenne, toutes les manifestations désagréables d'individualisme et d'égoïsme que crée la compétition.
 
Mettre en place cette évaluation à laquelle chaque individu-élève doit participer, mettre donc en place la pédagogie individualisée qui responsabilise chacun par rapport à lui-même et par rapport au groupe, qui responsabilise chaque élève dans la maîtrise de son propre devenir, c'est un travail de longue haleine qui doit pour les enseignants commencer au moment de la formation des maîtres dans les IUFM et se poursuivre au niveau des équipes pédagogiques.
 
Je milite pour une formation des maîtres qui devrait inclure cette approche de la citoyenneté, dans et par la pédagogie ! Mais on parle si peu de pédagogie dans les IUFM ! Il y a encore du chemin à faire. »
 
Michel VIBERT
(Extraits de Coopération Pédagogique n° 106, revue interne de l’ICEM)