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L'école en Géorgie

Mars 2000

Durant les vacances de printemps 1999, le groupe Freinet de Loire-Atlantique organisait un stage de formation à Tbilissi, en Géorgie*. Découverte d’une autre réalité éducative et perspectives de coopération pédagogique.

 
 (*) Cette formation s’adressait à une cinquantaine d’enseignants des écoles de Tbilissi : professeurs du primaire, de français, directeurs d’école, « méthodistes », étudiants d’université... Une trentaine d’écoles et d’institutions ont été touchées.
Ce stages comportait trois objectifs  essentiels :
- faire découvrir la pédagogie Freinet en essayant de la faire vivre dans les actes (organisation et gestion coopérative des activités, étude du milieu, journal de stage...) ;
- mettre en place des échanges de correspondance entre les écoles de France et de Géorgie ;
- susciter la création d’un groupe Freinet géorgien.
 
Le système éducatif géorgien
1ère à 6ème classe : éducation primaire (de 6 à 11 ans)
7ème à 9ème classe : éducation de base (de 11 à 16 ans)
10ème à 12ème classe : troisième degré, école secondaire (16 à 18 ans)
Tous ces niveaux peuvent s’enseigner dans la même école. Le programme officiel prévoit un emploi du temps très strict.
L’enseignement est divisé en deux temps :
- le matin, disciplines obligatoires prévues par le Ministère de l’Education et programmes supplémentaires individuels des enseignants dont l’enseignement du français;
- l’après-midi est consacré aux ateliers essentiellement artistiques.
Les horaires sont de 9 h à 16 h, les enfants déjeunent à la cantine.
 
 
Géorgie, entre l’Europe et l’Asie
La Géorgie est un petit pays au sud du Caucase, à la limite de l’Europe et de l’Asie. Sa situation géographique attira souvent les pays et les empires puissants. Pour ces raisons, ce pays fut soumis aux défaites, aux risques de perdre sa liberté mais également aux victoires et aux moments de fierté.
La chute du mur de Berlin en 1989 fut la cause de grands changements dans le monde entier. L’idéologie communiste s’est effondrée ainsi que l’idée de collectivisation. En 1990 la Géorgie s’est vue restituer son indépendance ; en 1991, l’Union soviétique fut détruite.
Puis le système éducatif géorgien s’est dégradé. Le premier coup mortel fut porté en 1992 quand le financement du système a été gravement réduit. Les locaux destinés aux lycées professionnels furent vendus ou occupés par les réfugiés du pays (après la guerre civile, en 1991-1993, le nombre des réfugiés dépassa 35000). Les petites écoles des villages furent fermées ou détruites. A Tbilissi même, capitale du pays, 26 écoles sur 204 sont dans un état vétuste.
Le salaire des enseignants est misérable. Pour 24 heures hebdomadaires les enseignants de deuxième catégorie touchent 24$36, soit 147,92 fr. C’est grâce à l’hospitalité géorgienne et à l’entraide que les gens survivent.
Un des plus grands impacts de l’idéologie soviétique était le contrôle dans tous les domaines, y compris l’école. Notre système éducatif d’aujourd’hui ne se différencie pas de beaucoup de celui de la veille. Les principes structuraux sont les mêmes. Les institutions de contrôle existent au sein du quartier, de la ville et enfin de la République. C’est une échelle hiérarchique qui freine toutes les nouveautés, avec des tas de papiers inutiles par lesquels les officiels déclinent toute responsabilité.
A l’école, les professeurs sont privés de nouvelles littératures méthodiques. Même les réunions pédagogiques portent souvent un caractère formaliste puisqu’il n’existe aucune base pour développer les nouveautés. De plus, 65% des professeurs des écoles sont de l’âge de la retraite.
 
A cette époque difficile, ce fut vraiment merveilleux quand, en avril 1999, nos collègues français (Chantal Balthazard, François Le Ménahèze, Mme et M. Perdrial) ont animé un stage à la pédagogie Freinet à Tbilissi, à l’école 151. Le séjour des amis français a provoqué un vif intérêt. On a vécu ensemble une vie scolaire Freinet, avec différents ateliers thématiques, bilan, quoi de neuf, travail individuel et projets d’avenir (du lendemain).
A la suite du stage, nous avons souhaité mettre en place un groupe pédagogique qui s’appelle “ Association géorgienne de la pédagogie Freinet ” et qui réunit trente membres.
La plupart de la documentation apportée par nos collègues français est traduite en géorgien et accessible aux lecteurs intéressés.
En novembre 99, sur l’invitation de l’IDEM 44, nous, quatre professeurs et une bibliothécaire géorgiens, sommes arrivés à Nantes afin de prendre connaissance sur place du fonctionnement de cette pédagogie. Comme les impressions sont fortes et comme la pédagogie traditionnelle paraît misérable, statique et sèche, par rapport à cette pédagogie.
David Kvinikadzé   - décembre 199
 
 
Six mois après...
Après le stage, je suis rentrée à l’école, pleine d’émotion et d’idées nouvelles. J’en ai parlé à mes élèves.
Les connaissances acquises avec vous m’aident dans ma pratique. J’ai des relations amicales avec mes élèves. Je les conçois comme des personnes dont l’avis est acceptable pour moi. Ainsi, nous sommes amis.
Chaque jour, nous faisons le plan de la leçon suivante et à la fin de chaque leçon se fait l’analyse de ce que nous avons passé. C’est ainsi que de nouvelles idées naissent.
Dans la classe, nous avons une bibliothèque avec un grand nombre de livres de littérature. Les élèves lisent les livres et échangent leurs avis. Nous réalisons nous-mêmes de petits livres où nous écrivons les poèmes, les récits, les oeuvres des élèves que nous offrons aux amis de classe. Dans la classe, nous avons désormais un groupe de rédaction et nous préparons un numéro spécial pour Noël. La classe fait souvent des excursions, même à Tbilissi où il y a beaucoup de choses à visiter. On étudie l’histoire de notre ville, son passé...
Khatouna Namitchéichvil (traduction de Tamriko Mtchedlichvili)
 
Une école géorgienne, l’école publique n° 151 Marie Brosset
 
L’école accueille plus de 500 enfants, de 6 à 18 ans. Elle peut compter de 30 à 35 élèves par classe. Son directeur, Mr Bourtchouladze, est aidé par 3 sous-directeurs, Mme Lia Guelovani, responsable de la chaire de français, Mr David Kvinikadze, responsable de l’enseignement primaire et Mr Mérab, responsable du travail extra-scolaire.
Les locaux et le mobilier :
L’école est un grand bâtiment qui aurait besoin d’être rénové. Les locaux sont vétustes, les coupures d’eau ne favorisent pas son entretien. Les salles de classes sont assez grandes avec un mobilier simple, trois colonnes de 6 tables biplaces, le bureau de la maîtresse, une étagère ou un petit meuble pour ranger quelques livres et un piano. Ici, quelques plantations dans des canettes de Coca, là quelques dessins d’enfants ou encore une carte reconstituée de Géorgie.
Il existe également :
- une bibliothèque d’école peu utilisée comprenant un fond très ancien et vétuste ;
- une salle informatique dotée d’un matériel informatique très récent (gagné lors d’un concours organisé par l’Ambassade de France), mais sans modem.
- une salle atelier de couture ;
- une grande salle de spectacle.
Le matériel :
L’école a un photocopieur mais n’ayant plus de poudre il n’est plus utilisé.
Le matériel le plus élémentaire manque : papier, crayons, cahiers, craies,... Pas de duplicateur à alcool.
L’enseignement :
A TBILISSI, il existe deux types d’établissements, des écoles publiques, en général gratuites et des écoles privées non confessionnelles payantes.
L’école n°151 Marie Brosset est une école publique, l’enseignement est gratuit pour l’ensemble des classes, mais se développent actuellement des classes à spécificité, privées, payantes (classe européenne, classe écologique...) et qui peuvent varier d’une année sur l’autre.
Contact : Mr Bourtchouladze directeur de l’école n°151. 2. II Vaja Pchavéla - 380086 TBILISSI
 
Pour en savoir plus : L'IDEM 44 a édité un numéro spécial de sa revue « Chantier 44 » compte-rendu de 44 pages sur la formation en Géorgie pour la somme de 50 francs. (frais de port inclus)
Contact:François PERDRIAL 24 rue d'Anjou 44 000 NANTES. Mél : FOPERDRI[arobase]aol.com
 
Pour aller plus loin : l'IDEM 44 se charge de collecter du matériel scolaire et des livres en français pour remplir un conteneur à destination du groupe Freinet géorgien (via l'ambassade de France)Si vous avez la possibilité de donner des choses contacter nous au 02 40 74 13 47.