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L'entrée en classe...

Dans :  Principes pédagogiques › Techniques pédagogiques › 
Juin 2000

"Nous voulons que notre école soit la maison familiale où s'épanouit le cœur et s'extériorisent les pensées. Il nous suffit de sentir cet élan, de le capter, de l'utiliser, de l'exploiter pédagogiquement. […] Cette vie si confiante, impatiente de s'extérioriser, nous n'avons garde de la rabattre doctoralement ou avec un dédain plus ou moins vexant. […] Si nous atteignons à cette camaraderie qui peut s'élever à la dignité de communion, notre programme pédagogique est ainsi tout tracé".      C. Freinet - L'Ecole Moderne Française.

 
 
 
 
Le « Quoi de neuf ? »
chez Magali
Tous les lundis matin, une demi-heure est consacrée au "Quoi de neuf ?".
Les enfants s'installent de façon à se voir tous, à pouvoir établir un contact visuel pour améliorer le contact auditif. Très vite, les enfants sont habitués à ce moment et quelques-uns se proposent pour animer la séance, d'autres (ceux qui ont un chrono sur leur montre) pour être maîtres du temps.
Je choisis alors l'un d'entre eux en essayant de faire un roulement. J'ai un tableau pour noter les dates auxquelles les enfants animent et surtout participent.
L'animateur lance la petite phrase rituelle : "Est-ce que quelqu'un a quelque chose à dire, à annoncer ou à montrer ?"
Des doigts se lèvent, l'animateur distribue les tours de parole, à chaque fois qu'il dit le prénom d'un participant, celui annonce le titre qui correspond à son intervention. De mon côté, je note ces titres en face des noms des enfants, sur le tableau dont j'ai parlé précédemment. Les enfants ont le droit de parler de ce qu'ils veulent, il n'y a pas de censure. A l'issue de leur intervention (le temps imparti à chacun est calculé en fonction du nombre de participants), on peut réagir (questions, commentaires...). A la fin, je reprends quelques incorrections que j'ai notées, je les propose telles quelles et je demande aux enfants de reformuler.
Mais j'évite d'alourdir ce petit travail de correction. Je demande ensuite si les enfants qui ont pris la parole souhaitent mettre cela par écrit pour le journal scolaire. Plus tard, certains sujets peuvent être repris pour être approfondis soit sous forme d'enquête, soit de petite recherche, soit de débats et à passer aussi au stade écrit et prendre une place dans les enquêtes, dans le journal, sur le site Internet...
Magali WENZ
Classe unique, École de Moutrot
groupe ICEM 54
 
La mort de notre lapin CALINOU (novembre1999)
Du bout de l'aile de notre petit coeur si plein d'amour, nous avons touché la mort. Dans ce contact nouveau, les enfants de la classe ont vécu, d'abord la consternation, on pourrait appeler ça l'état de choc. Cette consternation, je l'ai lu dans les yeux de Romain : il était près de moi lorsque Mme Lassalle, très culpabilisée, m'annonçait la mort de notre Calinou, pendant les vacances de Toussaint.
Les yeux de Romain se sont agrandis, laissant passer une grande douleur, et dans le regard que nous échangions je pouvais lire la peur de tout homme, la peur de la mort, la notre et celle des êtres que nous aimons.
Pas un mot ne fut échangé ; seulement l'intensité d'un regard, l'immense vide laissé par le chagrin, la perte de l'autre, du compagnon, du témoin.
Dans un regard d'enfant, lorsque passe l'expression d'une authentique émotion, on peut y lire le même drame existentiel que chez l'adulte.
Le chagrin et la peur de Romain étaient ceux de tous les enfants.
Nous avons eu un grand débat, un débat philosophique, au cours duquel chacun a pu "parler" sa propre peur, et apporter des éléments de réponses.
Parler, mettre des mots sur des émotions, des sentiments qui nous dépassent, c'est un premier pas vers l'apaisement, c'est commencer à faire le deuil.
Nous avons lu et relu des albums pour enfants traitant de la mort, dont: "Au revoir Blaireau". Nous avons écrit des textes parlant de la mort de Calinou.
Renée Vuides (groupe ICEM 64)
 
 
Le moment décisif de l’accueil de la parole de l’enfant, le temps de « l’entretien » ou du « Quoi de neuf ? » est l’objet de présentations de classe et d’échanges par les groupes Freinet des Pyrénées Atlantiques (64) et de Meurthe et Moselle (54).
 
 
POURQUOI LE QUOI DE NEUF ?
Libérer la parole.
Cela permet aux enfants :
- de se raconter ;
- d'évacuer des angoisses dues à des conflits personnels (avec la fratrie, souvent ) ;
- de débattre de problèmes existenciels (la mort ) ;
- de débattre de problèmes d'actualité (la guerre, la chasse, tempête et marée noire,droits de l'enfant ).
 
Faire une passerelle entre la maison et l'école.
 
Faire émerger des projets de classe.
 
Apprendre à prendre la parole :
- parler de manière intelligible ;
- tenir un discours cohérent ;
- écouter la parole de l'autre ;
- attendre son tour, et donc apprendre à différer : le bâton de parole sert de relais dans la prise de parole.
 
Des textes de référence :
- on choisit ensemble les textes que l'on imprimera pour le journal à partir des "quoi de neuf."
- certains peuvent servir de supports de lecture pour les G.S.
GD 64.