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Le secteur second degré

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Juin 2000

Bon nombre d’enseignants dispersés dans les établissements publics tentent d’enseigner autrement malgré les difficultés spécifiques du Second Degré.

 
Le Second Degré au Congrès
Nous analyserons les résultats d'une enquête réalisée cette année : l'utilisation de l'Heure de Vie de classe au collège et au lycée.
Comment utiliser cette heure de vie de classe pour faire entrer dans l'Institution le Conseil de Coopérative ?
Le Conseil est un lieu de vie parce que le conflit y est possible. Il peut modifier considérablement les relations dans la classe, et le rapport à l'apprentissage.
Même si elle n’a pas pris naissance dans les établissements du Second Degré, la Pédagogie Freinet a sa place, à part entière, au collège et au lycée.
 
Les difficultés propres au Second Degré
     Les contraintes matérielles de temps, d’espace, de découpage en disciplines ou de concertation rendent cependant impossible le simple décalque de ce qui se passe dans une classe Freinet de l’école primaire.
 Il faudrait repenser complètement la structure des établissements pour éliminer la parcellisation de l’horaire qui ne permet pas un travail suivi. Quand une classe est lancée sur une recherche en groupes, c’est au moment où les équipes commencent à trouver leur rythme qu’il faut vite ranger pour aller dans un autre cours.
A ceci s’ajoute l’espace. Dans la majorité des cas l’enseignant ne possède pas de salle spécifique avec possibilités de rangement sur place permettant d’abandonner un travail en cours de réalisation pour le retrouver le lendemain. La disposition des tables elle-même finit par être contraignante à cause des rangements incessants : on ne peut pas communiquer valablement en tournant le dos à son interlocuteur. Il faut donc mettre les tables « en rond » et les ranger à la fin de l’heure puisque le collègue suivant ne travaille pas forcément avec la même structure.
 
Un esprit différent
Nous recherchons dans nos classes la mise en place d’attitudes qui conduisent le groupe vers la socialisation et la coopération. Il ne s’agit pas d’apprendre en étant les uns contre les autres mais bien d’apprendre les uns avec les autres
De plus il faut permettre l’expression : on part des préoccupations des apprenants pour leur permettre d’utiliser le maximum de leurs possibilités.
L’égalité des chances n’est pas, pour nous, uniformité. Ceci conduit à un autre des grands principes de la Pédagogie Freinet : le tâtonnement expérimental dont l’idée a été reprise récemment par Charpak et tous ceux qui se réclament de la démarche scientifique.
 Dans une classe, rien de tout cela n’est possible sans une organisation matérielle rigoureuse et spécifique : plannings de responsabilités, d’acquisition des connaissances, planification des interventions de chacun, panneaux pour affichages etc.
 
Des techniques
 Pour être plus précis, nous pouvons citer un éventail de techniques qui montrent que l’enseignant « Freinet » en collège et lycée est loin d’être démuni pour faire évoluer son enseignement.
La correspondance fonctionne en collège qu’elle soit collective ou individuelle, affective ou de travail. A cela peuvent s’ajouter des échanges d’écrits synthétiques entre les classes comme la correspondance par affiches.
Les réunions de classe ont lieu environ tous les quinze jours ou toutes les trois semaines, c’est une technique de régulation où tout peut se discuter et ce, de la sixième à la terminale. Contrairement à ce que pensent certains, ce n’est pas une perte de temps, car on y met en place un lieu de parole, d’échange, et on y construit le groupe-classe : on fait le point sur les avancées du travail, sur le climat de la classe, sur les acquisitions de connaissance.
Toutes les techniques d’expression (débat, textes libres, poésies, « Trois Minutes », dessin, journal scolaire, etc.) s’adaptent aux diverses classes d’âge, et aux contraintes matérielles et institutionnelles.
On peut y ajouter toutes la documentation et l’échanges de savoirs entre pairs (exposé d’élève, travaux de groupe, débats, entraide ou la revue de presse, etc.). Il va de soi que l’enseignant conserve une part importante dans le bon déroulement et l’harmonisation de tous ces travaux, par le respect de l’expression des élèves et du climat coopératif de la classe.
Avec le travail individualisé, les acquisitions et le renforcement des connaissances ne sont pas oubliés.
 
Expliquer pour convaincre
Les parents qui comparent avec d’autres classes à l’enseignement plus classique sont inquiets au début. Il s’agit de les rassurer. Il faut beaucoup expliquer, au cours des rencontres, pour les rassurer. Les instructions Officielles nous sont utiles pour convaincre, elles justifient notre démarche pédagogique : la place de l’oral dans le travail, l’incitation au travail de groupe, la recherche scientifique, sans parler de la nécessité de la communication vraie...
Même si les jeunes passent peu de temps dans nos classes, ils prennent des habitudes de recherche, d’autonomie, de créativité... Apprendre à s’exprimer devant les autres, affirmer son opinion oralement, argumenter une idée pour se faire comprendre sont autant d’exercices qui laissent des traces.
Nos élèves ne seront pas inadaptés au système scolaire classique parce qu’ils sont capables d’adaptation et qu’ils sauront peut-être mieux comprendre pourquoi et pour qui ils travaillent.
Extrait du dossier du Nouvel Éducateur n° 112, octobre 1999.