La lecture et l'écriture sont des outils de communication avec le monde extérieur. Nous savons maintenant qu'on apprend à lire et à écrire à tout âge, en tous lieux et au cours de toute rencontre, tout échange.
Il est simple de lire si l'on se trouve en situation nécessitant la lecture. L'enseignant n'a, contrairement aux apparences, aucun choix de « méthode » à faire. Il a cependant un rôle à jouer en mettant en place dans la classe, lieu toujours trop à l'écart du contexte social, de très nombreuses situations de communication écrite, par exemple en créant les conditions d'une correspondance sous toutes ses formes : papier, minitel, fax... dans un réseau de relations extérieures, selon les besoins nés de la vie coopérative de la classe.
Ce réseau permanent de classes et celui, occasionnel, de personnes ressources permettent un vaste échange de savoirs.
L'enfant se trouve alors en besoin permanent et naturel de lecture et d'écriture.
Comme il a appris à parler et à marcher, et ce, seulement lorsqu'il en a éprouvé la nécessité, il apprendra, de la même manière par une succession d'expériences, à lire et écrire.
L'enseignant est là, aussi, pour accompagner ces expériences d'apprentissage par des aides techniques adaptées à chaque type d'écrit, à chaque situation et permettant à chacun de se forger sa propre méthodologie.
Bien entendu, le rythme de chacun devra être respecté : les enfants ont-ils tous appris la parole ou la marche dans le même laps de temps, à la même période de leur vie ?
Cessons de détruire le besoin naturel de lire et d'écrire pour en imposer l'apprentissage par des artifices, créant par là-même une ségrégation sociale due au fait que certains se plieront et d'autres non aux règles imposées par l'école avec des « méthodes » souvent vide de sens et pour tous en même temps.
Mais si l'on déplace depuis si longtemps les réalités de l'apprentissage du lire-écrire, si toutes les querelles se perpétuent, n'est-ce pas parce que les enjeux sont plus importants que les simples encodage-décodage, et mˆme que la compréhension du sens du message ?
De sa réussite dépendent insertion ou ségrégation, intégration ou exclusion, pouvoir ou servitude...
Lire et écrire offrent bien sûr un accès à la connaissance du monde, mais ils permettent surtout la conquête de la liberté individuelle.
Or donner la liberté à l'autre, n'est-ce pas un peu perdre le pouvoir de la sienne ?
Nicole Bizieau
Présidente de l’ICEM