Les Jeux Olympiques modernes couvrent de nombreux domaines. Cet article aborde essentiellement l'aspect économique.
Une des règles fondamentales du CIO implique la candidature d'une ville (et non d'un pays). Mais le gigantisme des Jeux actuels et l'extrême médiatisation font que le sport ne peut se passer de l'État sur le plan financier et logistique. Accueillir les J.O devient pour une grande ville, une région, un pays à la fois une "vitrine technologique", une occasion de se placer sur le plan international, de se doter rapidement d'infrastructures importantes. L'État se pose donc en partenaire privilégié des préparatifs. Ces gigantesques travaux ne présentent pourtant pas que des avantages pour la population.
1) Les voies de communication
Autoroutes, ouvrages d'art, renforcement des réseaux ferrés, représentent des travaux importants, source d'emplois (pendant une certaine période), d'ouverture future au tourisme, ou renforcement des échanges. Mais les résidents supporteront des mois (ou années) de difficultés dues aux travaux, et l'impact sur l'environnement n'est pas négligeable.
Ainsi, pour les J.O d'Albertville (1992), un des enjeux était l'amélioration du réseau routier de la Tarentaise (en Savoie), déjà abordée en 1983 pour des raisons touristiques : autoroute, déviations, viaduc, élargissement. Tous ces investissements importants sont pris en charge par le département mais aussi par l'État.
Ainsi l'édification du village olympique de Barcelone représente pour la ville l'occasion de rénover le quartier du Poblenou : à la place des usines et des entrepôts plus ou moins abandonnés, 2 500 appartements sont édifiés. Ceci est l'amorce d'un nouveau quartier de plus de 6000 logements.
3) les installations sportives
La piste de bobsleigh de La Plagne (Jeux d'Albertville, 1992) a été, depuis le début des travaux, au centre d'une polémique : elle s'inscrit dans un site instable et 45 tonnes d'ammoniac toxique produisent le froid nécessaire au conditionnement des pistes. Mais, contrairement à celle de Grenoble (1968) et malgré des frais d'exploitation énormes (estimés à environ 3,5 millions de francs pour un village de 1500 habitants) elle est toujours exploitée, et entre dans le cadre des installations inscrites dans le dossier de candidature d'Annecy pour les Jeux de 2016.
Le stade olympique d'Athènes
LA TÉLÉVISION
Les milliers de journalistes, les milliards de lecteurs et téléspectateurs, la part énorme du budget de recettes méritent que le centre de presse soit l'objet de bien des soins et de bien des enjeux :
Les responsables de la télévision coréenne (KBS) ont annoncé qu'ils utiliseraient 229 caméras, 72 magnétoscopes pour les ralentis et plus de 1200 postes de commentateurs pour la couverture médiatique la plus complète de l'histoire des Jeux.
Les moyens au sol seront complétés par des hélicoptères équipés de caméras et d'une « caméra volante » (sky cam) télécommandée, d'une autonomie de quatre heures et pouvant s'élever à plus de 200 mètres du sol.
Chaque jour, un signal international de télévision sera produit. Il comprendra des informations de base comme les résultats, les ralentis, le chronométrage et le son d'ambiance mais sans le commentaire."
L'Équipe du 1/09/1988 (D'après l'AFP
2) l’audience
Quelques mois avant les Jeux de Séoul, une enquête (organisée par le chantier BT2) auprès des lycéens a permis de définir les sports qu'ils souhaitaient pouvoir suivre. En voici les résultats :
- le tennis ;
- l'équitation, le football et le judo.
Les autres sports sont à peine cités.
En 1988 la grève des chaînes publiques françaises ayant bouleversé les programmes prévus, l’analyse précise est pratiquement impossible. Les moments importants des trois sports principalement cités ont certes donné lieu à des retransmissions assez détaillées, mais on a aussi vu de larges extraits de matches de boxe. L' équitation fut, elle, la grande oubliée.
La télévision coréenne restait le maître d'oeuvre des prises de vue, ce qui expliquent peut-être certains écarts importants avec les attentes européennes. Car le pays comptait beaucoup sur ses boxeurs pour bien se classer au « hit-parade des médailles ».
Ces chiffres et ces attitudes contradictoires montrent que, dans leur recherche d'audience, les chaînes louvoient entre des catégories de téléspectateurs ayant des aspirations tranchées et très différentes. Mais elles continuent à investir beaucoup dans les JO par :
- besoin de prestige (les Jeux sont le premier événement médiatique du monde) ;
- intérêt direct (3,7 % d'une population représentent tout de même un beau public et elles «fidélisent» les amateurs de sport, deux arguments pour les annonceurs) ;
- intérêt indirect (à la veille de ces grands rendez-vous, la vente des téléviseurs et magnétoscopes monte en flèche et les fabricants en profitent pour lancer les nouvelles technologies).
Surtout, et cela explique le nombre toujours important de candidatures malgré les risques financiers, la télévision est un formidable moyen de se faire connaître, de faire passer dans le monde entier une certaine image du pays.
Qui paie ? Outre la ville et l'État, des partenaires privés interviennent.
1) Les entreprises :
Qui sont les partenaires privés ?
Représentant une forte proportion des recettes, la commercialisation du logo olympique d'Albertville a fait l'objet d'un programme très particulier. Il existe trois degrés de partenariat.
En contrepartie des sommes versées (50 MF -environ 7,5 millions d'Euros-), le COJO1 a mis à leur disposition un ensemble complet de droits et prestations exclusifs.
Le Club Coubertin s'est intéressé à la préparation des athlètes français de la Fédération Française de Ski et de celle des sports de glace par une aide de 7 MF (bourses d'entraînement, prestations de services, financement de stage, achat de matériel).
Une exclusivité totale leur est accordée pour la catégorie de produits ou services qu'ils représentent.
Le Club Coubertin Il s'agit d'un groupe de douze entreprises, nombre volontairement limité afin de maximiser les retombées de notoriété et de partager les privilèges d'être présents dans les meilleures conditions durant les Jeux.
En contrepartie des sommes versées (50 MF -environ 7,5 millions d'Euros-), le COJO (Comité d'organisation des Jeux Olympiques d'Albertville) a mis à leur disposition un ensemble complet de droits et prestations exclusifs. Le Club Coubertin s'est intéressé à la préparation des athlètes français de la Fédération Française de Ski et de celle des sports de glace par une aide de 7 MF (bourses d'entraînement, prestations de services, financement de stage, achat de matériel). Le programme TOP
Il réunit des grands groupes industriels internationaux qui sont partenaires du CIO pour les Jeux d'Albertville et Barcelone. Les sommes recueillies par le CIO sont ensuite réparties notamment entre le COJO , le COOB (Comité d'Organisation de Barcelone) et le Comité National Olympique américain.
Les Fournisseurs Officiels
Ces entreprises, au nombre de 20, sont appelées à couvrir les besoins du COJO qui n'ont pas été pris en charge par les membres du Club Coubertin notamment dans des secteurs techniques requis pour l'organisation des Jeux.
Une exclusivité totale leur est accordée pour la catégorie de produits ou services qu'ils représentent. 2) Quels sont leurs espoirs ?
Les partenaires paient fort cher le droit de participer à un défi. Cette participation a pour objectif :
- des retombées publicitaires (directes ou indirectes, proches ou à longue échéance) ; - un esprit d'entreprise, par exemple à travers la mise en place du trophée Coubertin, qui réunit tous les membres du club autour d'une compétition sportive ayant lieu sur les sites mêmes des Jeux ; - un moyen de gagner quelques places dans le concert international. Pour participer aux installations, les entreprises doivent démarcher très tôt (dès les dépôts de candidatures) avec des projets élaborés. Les entreprises françaises profitèrent peu des dernières olympiades, mais restent présentes, comme à Rio (2016)
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Elle passe déjà par la mascotte: image du pays destinée à orner tous les objets fabriqués et vendus pendant des années, elle représente un enjeu non négligeable (près de 287 millions de dollars pour Los Angeles).
S’y ajoute le nouveau programme de commercialisation des monnaies destiné à célébrer le centenaire. De 1992 à 1996, cinq pays émettront des monnaies originales pour rappeler les grandes étapes de l' olympisme moderne. Le CIO comme le COJO verront ainsi s'accroître, et surtout se diversifier, leurs revenus.
À Séoul, il y eut un seul Français fournisseur officiel pour les revêtements synthétiques des sols des terrains de volley, hand et badminton. En fait, les appels d'offres couronnent à 90 % des entreprises déjà présentes lors d'olympiades précédentes.
Puis 35 milliards de retombées entre 2012 et 2019.
- de développer la «visibilité» et d’attirer tourisme, organisation de congrès et de salons
- de doper les carnets de commandes des architectes, du BTP, des concepteurs de matériel sportif, …
- d’améliorer les infrastructures.
Mais il s'agit d'analyses et de projections, et la réalité après les Jeux n'est pas toujours à la hauteur des attentes.
1.Voir aussi l'article: J.O: être ville olympique
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