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Naturellement créateurs

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Avril 1999

 

 


Des démarches individuelles : témoignage des stagiaires 

 

 



J’ai été très sensible aux personnalités si différentes qui ont communiqué si intensément dans la recherche d’une expression. A la rentrée, j’ai investi des techniques avec mes élèves, mais je me sens toujours aussi « décousue » dans la démarche. D’ailleurs je crains de ne réellement aborder aucune démarche (et encore moins maîtriser !).
Je me pose toujours autant de questions quant à la part du maître.

Hélène

 

Le résultat du stage, c’est que je suis allé à la Biennale de Lyon.
A l’école, avec les collègues, on a pris de l’espace pour faire une salle d’arts plastiques et on prend le temps pour permettre aux enfants de chercher, d’explorer de nouveaux chemins… quête de la cohérence avec les mathématiques, avec les différentes formes d’expression écrite, corporelle, musicale, avec l’étude du milieu… connaître pour agir, agir pour connaître.
Il faut qu’on insiste davantage sur la dimension politique, sociale, économique et bien entendu pédagogique de notre action.

Dans ma classe de CM2, Céline a écrit un texte intéressant:

    Le tableau
   Le tableau est une épreuve,
   Une œuvre,
   Qu’on fait,
   Qu’on expire,

   A qui on donne mille couleurs
   Pour déclarer notre bonheur,
   Notre passion, notre peur,
   Et quelquefois, notre douleur.

   C’est le résultat du temps
   et de la patience
   Que le peintre donne à son tableau
   Et que le tableau donne à son peintre.

Marcel

 

 

Agnès



Il n’est pas question dans ce stage de peindre un paysage mais de réaliser des productions plastiques avec à notre disposition un matériel digne de l’atelier d’un artiste contemporain. Il ne reste plus qu’à se mette au travail. Nous sommes dans la même situation que les enfants de nos classes ; nous devons aboutir à une production. Mais pour cela, il faut se laisser aller, se laisser entraîner vers quelque chose qui nous échappe. Chacun s’isole dans sa réflexion et toi, tu te trouves là, tête vide, les mains moites, tu passes près de l’un, de l’autre, il se passe quelque chose pour eux, et toi, tu attends l’inspiration.

Aujourd’hui il faut créer à partir des titres de l’œuvre de Rebeyrolle: Les Prisonniers, L’Evasion, Dedans/dehors, Aliénation totale, Le Voleur, Manipulation, Homme tirant sur ses liens, Les Evasions manquées. C’est la valse des étiquettes (cartels) dans ma tête. Mon choix se fait sur Les Evasions manquées et c’est le début d’une aventure créatrice. Je découpe ma silhouette dans du papier puis jour après jour je construis mon projet sur cette idée-là. Cette forme est mise en valeur par des mises en scène sur chaque lieu visité ou occupé. La photographie Polaroïd reste la seule trace visible de l’action.

A l’école maternelle les enseignants travaillent beaucoup sur le thème de la silhouette (trace laissée par le corps) sans lui donner du sens. Dans ma réflexion elle n’est plus un objet que l’on décore mais un double de soi…

Eliane

 

   


Le matin, nous nous sommes promenés dans Aubusson. Nous avons visité un atelier de teinture de laine et une fabrique de tapisserie. Nous avons parlé avec les ouvriers, les artisans, les patrons. Nous nous sommes imprégnés de l’atmosphère de cette ville. Nous en avons retiré l’impression d’une régression économique, nous avons ressenti la mort lente de l’industrie de la tapisserie, l’opposition entre la modernité, l’américanisation envahissante, et cette activité qui apparaît aujourd’hui d’un autre âge. La nostalgie de la grandeur passée était présente partout.
L’après-midi, nous avons pu commencer à créer. Conformément à la consigne, je me suis inspirée d’un mot du vocabulaire technique de la fabrication de la tapisserie : grippage.
Je me suis demandé comment exprimer toutes ces impressions. J’ai photocopié un dessin représentant la ville d’Aubusson et une photo d’une ville moderne avec ses buildings. J’ai teint des fils de laine en vert et bleu (couleurs qui me rappellent les dominantes des tapisseries d’Aubusson) et j’ai froncé les photocopies en tendant la laine.
J’ai fabriqué un cadre avec des branches mortes pour donner l’illusion d’un vieux métier à tisser, fragile et branlant. 

Danielle

   

Monique

Fin des vacances dont le stage a été l’ouverture dans tous les sens du terme. J’ai apprécié d’abord l’ouverture de vous tous, le respect des idées et de la parole de chacun,, l’absence de dogmatisme, de rigidité, l’ouverture sur d’autres perceptions, d’autres représentations à travers les œuvres des centres d’art que nous avons visités, vos réalisations et les commentaires de chacun, sur des techniques d’expression plastique, de « détournement », des lieux, des œuvres, des matériaux, des matières, des projets, sur la réflexion à propos de la « part du maître », des buts de notre enseignement, de « l’imagerie initiale », enfin quelques points de repères (les œuvres de Goldworthy) et … l’odeur puissante du fiel de bœuf.
Reste maintenant, à tenter quelques applications en classe… 

 

 
 

Jour après jour, le fil rouge prend forme ; couleurs et sensations s’organisent. Au final, tout y est : mes premières impressions dans les tons, mes réponses aux contraintes de production journalière dans le traitement (le paysage photocopié, la répétition, le cadre, le tissage, le naturel et l’artificiel).
Aujourd’hui, cela me paraît évident. Ça ne l’était pas sur le moment. J’ai réinvesti dans ce fil rouge toutes les contraintes sans lesquelles je n’aurais sans doute pas été capable de produire quoi que ce soit.

Jacqueline


Des phasmes feuillus au sang du Che.
De l’argiope et du flambé au sanglier gris
De la rigole du diable à Planche-Mouton.
Des métiers de haute et basse lisse
à la faillite de la science bourgeoise
Pas toujours des évasions manquées !
Faire confiance à l’homme tirant sur ses liens,
aux odonates et aux cétonidae
même épinglées pour signifier
l’inépuisable diversité des possibles.

 


Richesse des lieux et des rencontres


Les arts plastiques, et particulièrement l’art contemporain, dans leur diversité, leur foisonnement, sont pour moi une source étonnante, dérangeante, pour alimenter ma curiosité toujours vive du côté de l’écriture, autre pourvoyeuse de formes, en mouvement, en recherche, même si cette fin de siècle nous donne quelques signes de radotages, de ressassement. Les mots sont des éclats d’énergie : l’écriture signale d’étranges et inquiétants lendemains qu’aujourd’hui ne sait pas encore déchiffrer : même cécité devant les images, les formes, les couleurs ; même surdité aux chatoiements fragmentés de la musique contemporaine.

Donc, un stage pour nous désétouper les yeux et les oreilles, nous délier les mains et les sens, des chemins ouverts (même s'il s'agit de labyrinthes), des pistes à suivre à plusieurs, avec haltes solitaires pour signaler nos traces, repères, proposer nos questions.

Une découverte : la richesse des échanges, écoutes, accueil des treize qui étaient là avec leurs attentes différentes, leurs frilosités, passions (et l’humour de Marcel !).

Des productions : toutes diverses, assez pour que leur partage en fin de séjour soit un régal.

Cette rencontre m’a confortée dans le travail engagé avec mes étudiants d’IUT, gavés de certitudes technologiques, pour qu’ils s’étonnent encore devant le monde et qu’ils aient envie d’y tracer leur propre chemin.

Simone

  sommaire n° 86

les objectifs du stage

l’œuvre du pédagogue : témoignage de l’animateur