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Naturellement créateurs

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Avril 1999

 

L’œuvre du pédagogue : témoignage de l’animateur

 

 


 J’ai tendance à considérer que ma production à moi, ça a été le stage lui-même (excusez cette appropriation), comme j’ai tendance à considérer que ce que font les élèves dans mes classes est un peu aussi ma production.
C’est encore le problème de l’expression libre et de la part du maître : comment nier, dans un rapport A/B, que B pourrait s’exclure de ce rapport ? Même si B est égal à 0, 0 n’est jamais égal à rien. Ainsi, il ne faut pas croire qu’un enfant, en classe, peut être amené à faire «œuvre individuelle». Si le désir du maître est de donner à l’enfant le maximum d’autonomie dans la manière de mener à bien une production, le maître est toujours agissant, ne serait-ce que par sa présence.

Je veux au moins revendiquer cette «présence» comme ma «part de l’œuvre».
Car le sentiment qui a présidé à mon entrée dans l’Education nationale était relatif à la «fonction de l’artiste» : l’artiste travaille-t-il dans un désir d’autoconnaissance de lui-même, comme le créateur de son propre miroir ? Travaille-t-il au service des autres et pour être leur propre miroir ?
Mon sentiment est peu à peu devenu : l’artiste travaille pour évaluer la perception du monde. Alors, en accord avec ces artistes qui ont taillé la branche classique et bourgeoise sur laquelle ils étaient paisiblement assis, j’ai voulu chercher des moyens pour que la création se manifeste chez l’enfant autrement qu’en mesurant sa capacité à créer l’illusion, autrement que dans sa possession du métier, autrement que dans son rapport à la culture.
«En chaque homme existe une faculté créatrice virtuelle. Cela ne veut pas dire que chaque homme est un peintre ou un sculpteur mais qu’il y a de la créativité latente dans tous les domaines du travail humain» disait Joseph Beuys.
Je veux donc considérer que ma création c’est «la pédagogie, qui met l’élève en situation de créer».
Bien sûr, pendant le stage, et en voyant les autres produire, j’ai moi aussi eu des désirs concrets de créations dont j’ai parfois un peu parlé…
Mais je n’ai pas pu m’y consacrer, la voir évoluer.
Je pose la question : «Est-ce que le pédagogue, dont l’œuvre est déjà sa pédagogie, peut se fondre parmi les stagiaires et s’animer du même élan ?»

Hervé



A suivre…



Le stage ne s’est pas arrêté le mercredi 9 juillet 1997 : aujourd’hui encore, chaque participant poursuit sa quête de l’art par des visites d’expositions, des lectures, une participation active au sein de son école, par un engagement dans un processus de créations, une contribution à la revue Créations, etc.


Eliane


  sommaire n° 86

les objectifs du stage

des démarches individuelles: témoignage des stagiaires