Dans ce projet-ci, tout fut différent. Heureusement. Dans notre classe, il y avait Jean, un enfant « différent », infirme Moteur Cérébral qui avait de grosses difficultés motrices : il commençait à marcher mais tombait souvent ; il s’exprimait avec difficulté et surtout, il avait des problèmes de comportement. Par la suite, Jean a vraiment accroché au travail théâtral, il a fait des progrès énormes : meilleure participation, moins de perturbation,... A la fin, sa participation a été totale et l’a vraiment aidé à se dépasser. Les enfants ont beaucoup parlé de toutes ces difficultés et très rapidement, Jean a été accepté comme il était.
Pour la classe, c’était l’occasion de découvrir que nous étions tous différents, tous uniques, que c’était une grande chance, une richesse pour chacun d’entre nous.
« Si nous étions tous les mêmes, nos papas et nos mamans ne nous reconnaîtraient plus », dit Youna, 6 ans.
Au cours du premier trimestre, il se fait qu’aux entretiens du matin, ou à des moments inattendus de la journée, les enfants ont exprimé par petites touches des réflexions et des interrogations sur la vie, sur la mort, sur le fait d’être chacun différent.
Une petite fille nous a beaucoup parlé de sa tante, atteinte d’un cancer. Une autre petite fille, à l’approche de la naissance de sa petite sœur, nous a parlé de sa sœur aînée décédée à quelques mois. La famine et la guerre au Soudan ont beaucoup touché les enfants ; nous en avons beaucoup parlé ensemble. France, ma fille adoptive, a beaucoup parlé de ses parents d’origine, décédés à la guerre au Burundi. La Toussaint a suscité des réflexions chez les enfants : « Qu’est-ce que cela veut dire, être mort ? Qu’est-ce qu’on fait du mort ?... »
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