(le dopage, qui existe dans toutes les compétitions, n'est pas abordé dans cet article mais il est devenu, en 2016, très présent dans les préoccupations du CIO).
Est-ce le cas pour les Jeux modernes ? L'engagement des États, la valeur reconnue par le public, le vécu des athlètes sont-ils les mêmes pour les Jeux ou les championnats du monde ?
monument devant l'entrée du CIO à Lausanne
L’ESPRIT OLYMPIQUE
P. de Coubertin avait une vision politique dans son combat pour la renaissance des Jeux Olympiques, très ancrée dans son époque (l'après-guerre de 1870). Ses écrits en portent la marque :
" Je rebronzerai une jeunesse veule et confinée, son corps et son caractère par le sport, ses risques et même ses excès. J'élargirai sa vision et son entendement par le contact avec des grands horizons sidéraux, historiques, ceux de l'histoire universelle surtout, qui, engendrant le respect mutuel, deviendront un ferment de la paix internationale pratique. Et tout cela pour tous, sans distinction de naissance, de caste, de fortune, de situation, de métier. " |
L'ensemble des codes (cérémonies, hymne, drapeau ...) doit concourir à insuffler cet esprit.
Une tradition établie depuis les jeux de Los Angeles en 1932 veut que les concurrents et les dirigeants soient réunis en un même lieu afin de mieux se connaître et d'entretenir une certaine fraternité.
Chaque ville organisatrice édifie donc un « village olympique ».
L’avis des athlètes
- Oui, je m'en doutais. J'espère faire le 200 quatre nages, ou le 100 dos dans le relais.
David Holderbach, (compétiteur à Séoul).
- Non, je ne crois pas qu'on puisse comparer les deux choses. En effet, aux championnats, on y va presque uniquement pour soi, tandis qu'aux J.O on y va pour soi, bien sûr, mais aussi pour la France. Enfin, personnellement, c'est comme cela que je le vois
(D. Holderbach).
(V. Michelon).
Bruno Génard (pentathlon) trouve une grande différence entre les J.O. et les autres compétitions :
- On vit avec des Français, on entre dans d'autres disciplines. C'est à la fois beaucoup plus sympathique et beaucoup plus dangereux pour la concentration. Il y a un «esprit France» que l'on apprécie, surtout une fois que les enjeux sont passés
- Je suis à Séoul depuis dix jours, et les compétitions ont beau avoir commencé, le moment le plus fort que j'ai vécu reste la cérémonie d'ouverture. C'est différent de tout ce qu’on peut ressentir, même en entrant dans un court plein. J'ai déjà joué dans le central de Roland-Garros bien rempli... Au stade olympique, c'était beaucoup plus fort. Et quand les Jeux ont été déclarés ouverts, c'était encore plus fort. Je ne sais pas comment dire : on représente son pays, on ne joue pas seulement pour soi. Il y a une bonne ambiance dans l'équipe de France. L'autre soir, nous étions toute une bande à la natation pour- voir Catherine Plewinski terminer troisième du 100 m : c'était super, j'en avais les larmes aux yeux.
Les règles
Là encore, les Jeux ne peuvent se confondre avec des Championnats du monde. Même si la liste des sports considérés comme olympiques a varié au cours des olympiades, leur liste reste limitée et soumise à des règles précises.
Juridiquement, il convient de se référer, sans chercher plus loin, à la charte olympique dont les termes sont les suivants en ce qui concerne les Jeux d'été.
Seuls les sports largement pratiqués par les hommes dans au moins cinquante pays et trois continents, par les femmes dans au moins trente-cinq pays et trois continents peuvent être inscrits au programme des Jeux de l'olympiade (article 44). Et le programme doit compter au moins quinze sports susceptibles de cette inscription. Le comité d'organisation peut en outre choisir, avec l'accord du CIO, jusqu'à concurrence de deux sports parmi ceux reconnus pour organiser des démonstrations. (...) L'implantation continentale de la ville d'organisation jouant aussi son rôle dans la construction du programme de l'olympiade (Tokyo vit l'entrée du judo en 1964 ; à Séoul sera présent le tennis de table, autant de sports chers aux asiatiques)".
Jean Durry, directeur du Musée des sport,
Histoire des jeux Olympiques, numéro spécial Sud-Ouest, juillet 1988 |
Pour les 1ers J.O d’hiver, à Chamonix (France), en 1924, le programme comportait 7 sports, plus deux de démonstration, répartis en 16 épreuves.
Depuis Nagano (Japon),1998, on en compte 14. Le curling, déjà sport de démonstration en 1924 fait désormais partie intégrante du programme après plusieurs apparitions et disparitions, de même pour le bobsleigh ou la luge. Les nouvelles disciplines free-style ont eu moins de mal à s’imposer.
Notons pour les jeux d’été : saut en hauteur sans élan, 60 m sous l’eau, lutte à la corde...
Ou pour les jeux d’hiver : patrouille militaire, ski jöring (le skieur est traîné par un cheval), course de traîneau à chiens...
J.O.J.
Les premiers Jeux Olympiques de la Jeunesse ont lieu pour la première fois en 2010 à Singapour. Décidés par le CIO en 2007, ils s'adressent aux jeunes athlètes de 14 à 18 ans. Les compétitions sportives seront doublées par des programmes éducatifs autour des valeurs de l'olympisme, les bienfaits du sport, les valeurs sociales, les dangers du dopage, de l'entrainement intensif, ...
Il faudrait pourtant bien en finir avec cette confusion de l'olympisme -qui est mien- et de l'amateurisme qui est chose d'autrui. Que les Jeux ne soient pas faits pour la publicité des « pros », soit, mais ils ne sont pas non plus conçus de façon à constituer un crible doctrinal ne laissant passer que ceux qui sont officiellement en règle avec des prescriptions d'un autre siècle. On m'a reproché souvent, et toujours à tort, la prétendue hypocrisie du serment olympique. Où voyez-vous que le serment exige des athlètes, descendus sur le stade olympique, un amateurisme absolu que je suis le premier à reconnaître comme impossible ? C'est l'esprit sportif qui m'intéresse et non pas le respect de cette ridicule conception anglaise qui ne permet qu'aux seuls millionnaires de sacrifier au sport sans faire d'entorse à un dogme périmé."
Malgré les réticences d'un certain courant du mouvement olympique, l'entraînement de haut niveau implique que le sportif se consacre totalement ou presque à son sport, et ce pendant des années.
Ainsi, en 1990, le relais 4 x 100 m français prend en charge son avenir en fondant une société chargée de discuter avec les sponsors et de gérer tous les aspects de sa préparation pour Barcelone.
- la Malaisie avait promis une bourse de 30 000 dollars (aucun sportif malaisien ne remporta d'ailleurs de médailles) ;
- la France offrit 200 000 F3;
- et l'Italie 50 millions de lires.
Il s'agit des bourses nationales car les sponsors aussi récompensent ceux qui représentent leur marque. Les Jeux sont un cas particulier : avec l'interdiction de la publicité sur les lieux de compétition, les firmes doivent payer en plus pour faire connaître, sur d'autres supports, leur soutien.
On peut noter par exemple, de nombreux télégrammes de félicitation, amplement diffusés dans la presse écrite.
[...] Le CIO autorise le sport d'État et la prise en charge des sportifs par les pouvoirs publics. Plus récemment, l'IAAF (International Amateur Athletic Federation) a modifié les articles 14 à 16 de son règlement pour autoriser depuis 1981 des aides à l'hébergement, aux transports, aux soins médicaux, des bourses d'étude et des compensations pour manque à gagner des athlètes. Cette modification a permis de fait aux amateurs de négocier des contrats avec des firmes sous couvert de leur fédération nationale, contrats devenus licites en 1982.
L’Économie du sport Andreff et J.F. Nys
Collection Que sais je ? |
1. Les compétitions étaient réservés aux citoyens (en excluant donc les étrangers et les esclaves) Les femmes ne pouvaient même pas y assister.
2. Voir aussi les articles " J.O: enjeux économiques " et " J.O, être ville olympique "
3. En 2008, à l'occasion des jeux paralympiques de Pékin, les bourses accordées aux médaillés olympiques ont été identiques pour la 1° fois.
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