Le coin qui me fait peur
« Du côté de la terre creusée, les songes n´ont pas de limite. » Gaston Bachelard.
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Les images de l´angoisse et de la peur, rançon de la liberté qui «germine» en ces lieux, révèlent une autre face du monde imaginaire de la maison (Gilbert Durand, Les structures anthropologiques de l´imaginaire, Ed. Dunod, 1992). Ces images sont le royaume des ombres énigmatiques et terrifiantes, des monstres gémissants, des bêtes grouillantes et répugnantes dont les yeux brillent dans le noir. Elles hantent la sombre cave, les trous béants et menaçants de l´escalier ou de la cheminée cassée, et même certains recoins de la chambre pourtant si paisible. Le noir apparait comme ce qui provoque une peur intense et insupportable, la nuit et la cécité qui l´accompagne, le froid, l´ombre trompeuse, l´animalité repoussante, l´impur et l´insaisissable, le gouffre insondable, etc. Saisi dans cet ensemble phénoménologique et investi de ces significations affectives profondes, le noir guide les enfants dans leur exploration plastique pour représenter le coin qui fait peur.
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Ils cherchent les outils susceptibles de produire du noir (craie, fusain, crayon, encre, etc.) et croquent leur sujet selon des modes d´expression suffisamment variés pour entraîner une mise en commun fructueuse. Les enfants présentent leurs dessins et tentent de dégager, dans chaque réalisation, les éléments plastiques traduisant le caractère effrayant de ces demeures ou recoins: pas d´aplat, couleurs sombres et froides, fonds tourmentés, contours imprécis, lignes troublées et mouvantes, etc. Ces premiers constats sont utilisés par chacun pour poursuivre ce travail et s´appliquent aussi en peinture. |
« Les rats, on peut leur mettre du poison dans la bouche. » Axel T.
« Moi, j´avais peur d´une ombre en forme de loup, mais c´était le rideau ! » Amandine V.
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« Dans l´escalier de Mamie, il n´y a pas beaucoup de lumière. Il y avait une araignée qu´on a aspirée avec l´aspirateur. » Adèle B.
« Dans mon lit, il y avait un papillon de nuit qui voulait dormir avec moi. Il était bleu, jaune et rouge. Je lui ai dit: va ailleurs!!! » Lucie P.
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