Raccourci vers le contenu principal de la page

Danse à l’abbaye

Dans :  

 

   A l’abbaye


Le 24 novembre, la classe passe la journée entière à l’abbaye, danse dans la salle des religieuses, danse et se promène dans le parc, joue avec les feuilles d’automne. La découverte active de l’espace se fait à travers des jeux de sonorités, à travers un travail tactile sur les matériaux (pierre, carrelage), à travers des choix de points de vue.
Les enfants sont invités à établir des correspondances entre les
éléments architecturaux et leurs étirements corporels lorsqu’ils suivent les dessins des ogives, des diagonales, des colonnes.
Le 5 janvier au matin, ils dansent dans la grange à dîmes. Les enfants se promènent et regardent en silence dans la grange. Ils ressortent pour exprimer par le langage leurs observations et leurs impressions. Ils choisissent chacun un élément architectural qu’ils dansent de diverses façons. Une chorégraphie est en train de naître.

   

Chaque enfant s’accorde avec un partenaire, explore la relation face à face, se concentre sur «l’écoute» de l’autre.
Le 19 février, ils reviennent à l’abbaye. C’est l’hiver. Les enfants se promènent dans le parc et dansent dans la salle des religieuses. Pieds nus sur le carrelage, ils créent une chorégraphie à partir des improvisations en rapport avec les colonnes.
Mémoriser un détail choisi sous forme de petit geste. Agrandir ce détail, intégrer tout le corps, délier le mouvement dans tout le corps, faire traverser le mouvement dans l’espace.
La dernière séance a lieu le 6 avril au matin dans le vaste parc arboré. Les créations de cette journée sont le résultat d’un va-et-vient entre des sensations et leur reproduction en mouvement.
Mise en route d’un processus de création à partir d’un élément observé dans la nature, qui au cours de son élaboration, est constamment nourri par d’autres expériences. Sensations, observations, associations et leur mélange amènent à des créations en groupe.

A l’école

Entre deux séances à l’abbaye, Ingrid vient à l’école pour d’autres séances de danse. Les enfants mémorisent, répètent et mettent en forme les créations de l’abbaye.
Ils investissent différents lieux : classe, gymnase, cour.
Ils sont fortement incités à regarder, à observer, à sentir le lieu dans lequel ils évoluent et, petit à petit, ils s’en imprègnent. La danseuse chorégraphe les amène à faire passer ces expériences par leur corps et à entamer une recherche individuelle autour du mouvement. Chacun regarde les créations des autres, les critique, les reproduit, les améliore.
L’enseignante et l’intervenante organisent ainsi l’échange entre enfants et favorisent au maximum l’interaction. Chacun s’enrichit de l’expérience de l’autre.

 Nos premières impressions:

*« J’ai dansé dans la belle salle de l’abbaye de Maubuisson » Steve
* « Moi, je me rappelle que je me mettais comme un grand X et je regardais les dessins du plafond. » Maeva
* « J’ai trouvé que la danse autour des colonnes était jolie : les enfants faisaient des mouvements qui ressemblaient à la salle. » Mortalla
*« Les enfants ont fait une surprise : ils étaient cachés dans les feuilles et d’un coup,ils ont surgi. Ils ont jeté les feuilles dans tous les sens. » Julie, Aide éducatri
ce

En classe

D’autres formes d’expression sont mises au service de cette découverte.
Oralement, chacun est invité à parler du moment qu’il a préféré, ce qu’il a aimé faire. On ne raconte pas tout, on choisit un moment.
Puis, chacun rédige ce qu’il vient de dire. Les sujets sont individuels mais la séance d’écriture est collective : il y a entr’aide pour trouver la bonne écriture des mots.
Chacun tape ensuite son texte corrigé à l’ordinateur. Les enfants peuvent aussi être amenés à légender des photos.
L’enseignante fabrique une page de lecture avec tous les textes des enfants. Chacun ayant choisi un moment particulier à raconter, tous les textes mis ensemble constituent un bon compte-rendu de la séance.


Danse dans le parc

*"Moi, j’ai bien aimé quand il fallait se trouver un chemin. J’ai suivi le chemin qui m’emmenait vers l’eau." David
*“J’ai vu le reflet des arbres dans l’eau, le ciel, les nuages et le soleil. J’ai vu aussi les ronds des poissons. Dans l’eau, le ciel, les arbres, les nuages et le soleil étaient à l’envers." Safia

* "Quand j’ai senti l’herbe, j’ai senti l’odeur de la nature. »Nathan
* "Quand j’ai regardé l’eau, j’ai vu mon reflet dans l’eau. Mais quand les gens lançaient des bâtons, l’eau bougeait et ça faisait des petits ronds et des grands ronds."  Kévin


A la bibliothèque ou dans les livres de la classe, les enfants effectuent des recherches sur les thèmes entrevus à l’abbaye : architecture, histoire de l’abbaye, la vie des moniales, la végétation du parc, l’eau,etc.
Le 8 décembre, ils recherchent des documents relatifs aux arcs et aux colonnes. De retour en classe, ils
examinent toutes les reproductions et choisissent ensemble les éléments qu’ils veulent avoir dans leur cahier.


Les colonnes
Certains textes sont rédigés collectivement. A l’oral, les enfants font une sorte de chasse aux mots sur un thème en relation avec la séance de danse. Ou bien l’enseignante a déjà écrit au tableau toutes les réflexions des enfants entendues pendant la séance. Ensuite, la classe essaie de tout rassembler pour construire un texte. Souvent, le texte est construit oralement. Les CE1 de la classe se mettent ensuite par groupes pour la rédaction. Ils proposent leurs écrits à toute le classe. Les textes sont rassemblés pour n’en faire qu’un. Le texte « La danse des colonnes » a été publié dans la revue Histoires d’enfants.

Les colonnes
Nous les avons regardées
Nous les avons observées
Nous les avons touchées
Nous les avons caressées
Nous avons dansé autour d’elles
Tellement, que nous sommes
devenus des colonnes
Suivre les arcs des voûtes

Suivre les arcs des voûtes
Regarder les colonnes
Observer les chapiteaux
Toucher la pierre
Caresser les sculptures
Se cacher puis apparaitre
Tourner autour des colonnes
Danser autour des colon
nes

Les enfants sont invités à se souvenir d’un lieu, d’un détail d’architecture, d’une danse, d’un mouvement,... et à le dessiner en général au crayon noir. Pour bien se souvenir, on ferme les yeux, on revit le moment, on peut alors prendre son crayon et dessiner.
C’est une autre façon de mémoriser un espace, une chorégraphie.

Des contraires
qui vont bien ensemble

Mobile, la petite feuille
au bout de la branche,

Immobile, le gros tronc d’arbre
bien planté dans le sol,

Image, le reflet des arbres
à l’envers dans l’eau,

Réalité, les arbres à l’endroit au bord de l’eau,

Petits, les ronds qui se forment
à la surface de l’eau,

De plus en plus grands,
les ronds qui vont disparaître,

Serrés, les enfants
qui écoutent les consignes,

Eparpillés, les enfants
qui ont trouvé un endroit
au bout de leur chemin.

 

sommaire Machines       sommaire Créations n° 96           début de l'article          suite de l'article