Mai 1993
L'inquiétude règne dans les écoles devant les transformations actuelles des structures AIS (adaptation et intégration scolaires) : inquiétude des enseignants des classes ordinaires qui se demandent ce qu'ils vont faire d'une part avec les enfants en difficulté qui ne seront plus orientés en classes de perfectionnement, et d'autre part avec les enfants handicapés qu'il faudra de plus en plus intégrer dans les écoles par le biais des CDIS (classes d'intégration scolaire).
La Nouvelle Politique pour l'école propose un changement total de l'AIS qui est en accord avec la philosophie de la pédagogie Freinet. En effet, de la prise en charge des élèves « différents » par l'enseignement spécialisé avec ses structures spécifiques, parfois devenues de véritables ghettos, l'école s'oriente vers une prise en charge collective des enfants en difficulté et donc des difficultés des enfants.
Il n'est plus question de mettre à l'écart et ainsi de « marquer négativement » ces enfants, mais de les prendre en compte tels qu'ils sont et de gérer leurs difficultés au sein de la communauté éducative. Cela ne se fera pas simplement par un décret aussi philantropique et généreux soit‑il. Un minimum de conditions est indispensable pour que réussisse cette mutation profonde :
· Les difficultés des enfants doivent être qualifiées et non seulement quantifiées, par des évaluations sérieuses qui permettront de les objectiver,
· Le traitement des difficultés doit s'accompagner de leur prévention dès l'école maternelle.
· Tous les partenaires de l'école ont à travailler ensemble en ce sens, et l'Éducation nationale doit fournir les moyens aux enseignants : information, formation, temps de concertation avec les partenaires.
· Les RASED (Réseaux d'Aides Spécialisées pour Enfants en Difficulté) doivent être plus nombreux et complets.
· Les effectifs des classes doivent être adaptés (effectif inférieur à 25)...
Que faire POUR et AVEC ces enfants, que l'on retrouve dans toute classe « normale » ?
Des réponses existent, dont deux qu'il nous est possible d'évoquer en connaissance de cause :
‑Tout d'abord la pédagogie Freinet avec ses techniques et ses outils qui permettent à tout enseignant d'oeuvrer dans le cadre d'une différenciation pédagogique.
‑Ensuite la coopération entre enseignants, au sein ou non d'une « équipe », qui leur permettra de se décentrer des problèmes, de ne plus culpabiliser sur leur échec solitaire àrésorber les difficultés, et surtout de trouver des solutions de terrain.
La pédagogie Freinet est un moyen de lutter contre l'échec scolaire... des enseignants et avant tout un levier extraordinaire pour la prise en compte de tous les enfants avec leurs différences.
Patrick ROBO
du Comité Directeur
de l'ICEM
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