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Gardiens de nos rêves

Octobre 2005


Pour l’enseignante :

pourquoi s’engager dans cette classe culturelle ?

 

- Tout d'abord le choix de l'argile comme matériau me parait être fondamental : l'argile, cette matière première que l'on trouve à l'état brut dans la nature, dans les rivières, cette matière familière pour ces enfants venus de pays où on l'utilise encore pour fabriquer les maisons, fabriquer les ustensiles de cuisine ; l'argile est un matériau primaire, comme l'eau, le feu, l'air. Elle permet aussi une reconstruction symbolique plus évidente à mes yeux à mi chemin entre art et artisanat.

- D'autre part, le lien d'immigration entre ces enfants et l'artiste est important : Margarita Caballero est d'origine péruvienne et l'histoire de cette matière fait « origine » de la même façon pour elle que pour ces enfants. La démarche pédagogique de cette artiste est proche de notre pédagogie du tâtonnement, de l'expérimentation, de l'expression personnelle. Margarita habite le quartier où vivent les enfants, ils peuvent taper à sa porte, visiter son atelier, la rencontrer quotidiennement. Elle fréquente l'école lors des concerts, des fêtes, des repas ; les enfants la connaissent. Les parents aussi.
Dans l'atelier, elle autorise la mobilisation de tous les sens : écouter, toucher, voir, ressentir dans une grande rigueur qui permet aux enfants une concentration et une discipline du corps où le travail d'expression se met en route, s'approfondit.
On a donné beaucoup d'argile aux enfants, on les a laissé tâtonner, chercher leur personnage aussi bien dans la nature, dans les branches, dans les racines, dans les nœuds des arbres que dans leur imaginaire d'enfant.

- Je crois que l'essentiel de notre expérience est ce retour aux éléments fondateurs : LA TERRE, L'EAU, L'AIR et LE FEU dans le volume à travers la rencontre d'une artiste sculptrice.
Suite à cette expérience je constate que ces enfants, dans les ateliers de l'école, osent beaucoup plus s'exprimer et créer que les autres. Certains ont peut-être découvert leur outil d'expression.


 

 

Margarita : un parcours fait de rencontres

 

Dans les années 1980 à Paris, je découvre la sculpture de Jean Amado : Il a réalisé de nombreuses sculptures monumentales en France
et à l’étranger, notamment « L’hommage à Rimbaud » à Marseille. Son univers des « bateaux impossibles à naviguer » m’attire. Plus tard, en 1992, Amado m’invite pour travailler dans son atelier à Celony, près d’Aix-en-Provence.
C'était un rêve de pouvoir m'imprégner de l'œuvre avec l'auteur dans son univers de travail.
Je rencontre une personne attachée à sa terre natale, à son origine. Je découvre une façon très particulière de travailler chez lui ; la construction d'une sculpture monumentale à travers l'assemblage de pièces qui s'emboîtent. C'était un homme qui parlait avec la matière et le dessin.
Quelques années plus tard, je participe à un projet pédagogique autour de l'œuvre d'Amado.
Ainsi je commence à travailler dans les écoles et les lycées de la région. Marseille en particulier m'attire par ses similitudes avec Lima, capitale du Pérou : le brassage culturel, la proximité de la mer et des montagnes.
Je décide d'installer mon atelier à Marseille, dans le quartier du Panier en 2000 et poursuis ma recherche d'expression où l'argile est la matière fluide de base.
Cette matière associée au tissu, au fer, au bois me permet de placer le volume dans un espace autonome, non réaliste. Créer un équilibre précaire, semblable à celui d'un seul instant qui fait oublier le poids de la matière pour aller vers une liberté de formes et de couleurs.
Le fer, le tissu, le bois, sont des supports qui relient des formes d'argile suspendues dans l'espace, comme une phrase construite de mots. Ces matériaux peuvent aussi faire partie de la sculpture.
Quelques fois l'argile est une matière d'ébauche qui me conduit à d'autres matières comme le plâtre, le bronze, les matériaux composites, l'acier.
Le dessin et l'aquarelle accompagnent cette progression du travail.

Margarita Caballero, "Bouge-pas".
Porcelaine, acier et bois, 160 x 21 x 09 cm.

 

Margarita Caballero, "Hélène".
Céramique, 36 x 21 x 15 cm, Marseille 2003 et dessin d'enfant.

 

 

 

Margarita Caballero, "Rythme".
Porcelaine, acier et bois, 27 x 23 x 13 cm.

Margarita Caballero.
Porcelaine, acier et bois, 52 x 34 x 18 cm.

    sommaire n° 118 

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