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Lire au collège

Juin 2011

Quand on parle de lecture au second degré, dans la classe de français, il faut savoir que le travail doit se dérouler sur deux axes :

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- ce que j'appellerai, par commodité, la lecture plaisir, se donnant pour but de faire ou parfaire la culture de nos élèves tout en supposant réalisée la condition première : les adolescents prennent plaisir à la lecture de romans.
- la lecture critique, qui nécessite une attitude de réflexion et de construction synthétique devant l'écrit, quel qu'il soit : oeuvre littéraire, mais aussi article de journal, ou même publicitaire et film...
 
Ce passage à l'abstraction est une étape difficile à franchir à 14 ou 15 ans.
II est évident que ces deux objectifs du collège ne peuvent être atteints que si l'on met en place des actions variées, qui permettent d'une part de développer les capacités de chacun, d'autre part de donner à tous des raisons vraies de lire ; au collège, tout cela ne peut se réaliser que par un travail d'équipe.
 
1 Continuer à apprendre à lire :
 
Voici quelques stratégies mises en place dans ma classe, pour permettre l'entraînement systématique :
- Le fichier rapide de Dordogne, utilisé systématiquement en travail autocorrectif et intégré dans le plan de travail personnel. Ce fichier peut être utilisé jusqu'en 4° pour certains élèves. Mais il faudrait le compléter pour les niveaux suivants.
- Des classeurs de fiches de lecture-écriture, confectionnées à partir de photos, de dessins, d'articles de journaux... Tous les types de textes y sont proposés, et de multiples activités y sont laissées au libre choix des élèves. Certaines fiches ont été faites par les adolescents.
- Les classeurs et les fichiers de poésies, qui proposent à la fois des jeux poétiques et des textes d'auteurs ; les classeurs des textes écrits par les enfants des années précédentes sont toujours très consultés, et servent aussi de source d'inspiration.
 
II Créer l'environnement lecture
 
Les outils ne serviraient à rien, si par ailleurs, on n'utilisait tous les moyens pour que la lecture devienne une activité nécessaire :
 
-      La correspondance reste le moyen privilégié :
J'ai eu une 6° enthousiasmée par les arrivées des" lettres des corres", et acceptant de lire et écrire à cette occasion-là, beaucoup plus volontiers que le reste du temps.
La correspondance par affiches permet un autre mode de communication, plus facile à établir avec les adolescents : quand 20 classes s'envoient mutuellement des affiches, cela fait beaucoup d'écrits, lus d'abord d'un oeil distrait. Puis on reçoit des réponses à sa propre affiche, et dès lors l'interlocuteur devient réel.
- Les outils ne sont pas négligeables :
Un traitement de texte est maintenant au CDI, et les élèves peuvent l'utiliser pour taper leurs textes personnels. Les télécopieurs ont permis une expérience différente d'envois et de réception rapides de messages ; et cet appareil un peu magique donne envie d'écrire et de lire.
- Toutes les occasions sont bonnes ':
Le moment des 3 minutes, en classe, au cours duquel un élève volontaire présente à la classe un sujet au choix, a été l'occasion de présentations de livres très intéressantes.
* les maisons d'éditions rivalisent d'ingéniosité pour proposer des concours lecture/écriture intéressants : l'an dernier, "Tout l'Univers" organisait des épreuves très variées sur le thème de la protection de l'arbre.
- Un lieu est particulièrement favorable : le CDI.
Je travaille en étroite collaboration avec la documentaliste de mon collège, et l'an dernier, nous avons fait un travail systématique de recherche documentaire avec des 6°, en plus de l'habituelle "initiation au CDI". Le résultat est probant : cette année, les 5° fréquentent beaucoup le CDI, et empruntent des livres.
Mais pour que les adolescents soient véritablement "dans un bain" de lecture, il faut que ce soit la préoccupation avouée de toute l'équipe des adultes.
 
III Favoriser le travail en équipe.
 
Une même fiche de lecture est donnée en 4° et 3°, parce que quelques professeurs de français ont pu se mettre d'accord sur sa conception. Cette fiche est mise dans un classeur qui est à la disposition de tous au CDI. Les enfants consultent volontiers ce fichier auquel ils ont participé.
Depuis un an, dans le projet d'établissement du collège, est inscrit un soutien de lecture (avec le logiciel ELMO), pour les 6° et les 5°, fait par des professeurs de différentes disciplines ; nous faisons aussi de l'aide au travail systématique en 6°, avec de tout petits groupes d'enfants.
La réflexion engagée à l'occasion de ces mesures et le travail en équipe qu'elles supposent me semble intéressants : c'est la première fois, dans ce collège que je parle avec mes collègues de processus d'apprentissage, de méthodes de travail et d'autonomie.
 
Ce qui est difficile, au second degré, c'est qu'il faut agir sur tous les plans, autant dans la classe que dans l'équipe enseignante et dans le collège, pour que la lecture ne soit plus le privilège de quelques "littéraires", mais devienne véritablement un moyen démocratique d'accès à l'écrit et à la réflexion critique.
Catherine Mazurie.